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African Population Studies/Etude de la Population Africaine, Vol. 22, No. 1, 2007, pp. 21-34 Prise en Charge Communautaire des Enfants Orphelins du Vih/Sida : Expérience de la Cité Daru Adubango Awotho Samy1,Amuda Baba BSc, Mcom.2 1A1 en Santé CommunautaireE-mail : adubangosamy@yahoo.fr Code Number: ep07002 RÉSUMÉ La pandémie du VIH/SIDA ne cesse de provoquer de multiples problèmes dans la sociét. Parmi ceux-ci figure en bonne place laccroissement du nombre dorphelins dus au VIH/SIDA. Leur prise en charge est confrontée à plusieurs difficultés. Cette étude a été réalisée dans la Cité dAru pour décrire la prise en charge communautaire des enfants orphelins du VIH/SIDA. Elle est basée sur des données issues dune séance de discussion en groupe focal de 12 enfants orphelins vivant seuls et de 20 interviews semi-structurées avec les responsables des familles daccueil. Les données révèlent une prise en charge communautaire des enfants orphelins du SIDA dans la Cité dAru, mais qui ne semble pas significative. Cette prise en charge est basée surtout sur certaines activités de routine que chaque famille exerce pour la survie de ses propres membres. Il sagit de lagriculture, de la vente des petits biens, quelques cas de « par-jour » et dautres activités complémentaires. Les enfants orphelins vivant seuls exercent spécifiquement la fabrication artisanale des briques, le tricotage, la vente des petits biens. Compte tenu de ces résultats, il a été suggéré de considérer les mécanismes déjà existants en vue du renforcement des moyens dont disposent les familles daccueil pour la prise en charge effective des enfants orphelins du VIH/SIDA. Mots clés: Enfants orphelins, VIH/SIDA, Prise en charge, familles daccueil. INTRODUCTION Lépidémie du VIH/SIDA est toujours considérée lune des plus meurtrières. Comme le stipule ONUSIDA (2001 : 6), elle affecte certainement les besoins des enfants orphelins. Il est important de mentionner que lexistence dun nombre élevé dorphelins est antérieure à lépidémie du SIDA en Afrique Subsaharienne. Ce nombre élevé, comme le stipulent Dozon et Guillaume (1994) était surtout dû à la faible espérance de vie, à lécart dage important entre les parents et les enfants, aux crises (conflits armés, crise de subsistance, sécheresse,...). Le système traditionnel les absorbait, car le nombre était moins important quaujourdhui (Dozon et Guillaume, 1994 ; Audemard et Vignikin, 2006b). Cest depuis lapparition du VIH/SIDA que les chercheurs ont débuté à salerter sur lampleur du phénomène des orphelins en Afrique Subsaharienne. Les premières études sur les orphelins du SIDA étaient effectuées vers les années 90 (Mukiza-Gapere et Ntozi, 1995). Cependant, lexpansion rapide du VIH/SIDA entraîne laccroissement rapide du nombre des enfants orphelins dune part, et de lautre part les besoins en soins, soutien et économie atténuent limpact de réponse à leurs besoins. Selon ONUSIDA (2002), à la fin de lannée 2001, le nombre des Personnes Vivant avec le Virus du SIDA (PVV) était estimé à 40 millions, dont plus de 70% en Afrique Subsaharienne. En République Démocratique du Congo, on enregistrait 1.300.000 PVV pendant la même année. ONUSIDA (2002) estime à 14 millions le nombre total des enfants orphelins du VIH/SIDA dans le monde, dont 80% en Afrique subsaharienne, parmi lesquels 93.000 en République Démocratique du Congo. Ce chiffre est déjà revu à la hausse sur le plan mondial, soit 15 millions denfants orphelins du VIH/SIDA (ONUSIDA, 2005). Cest dans cette perspective quon peut aussi comprendre comment le VIH/SIDA est à lorigine de beaucoup de problèmes au sein de la communauté. Les enfants orphelins font face aux multiples problèmes relatifs à leur prise en charge sur le plan tant physique, économique, éducationnel, social, familial que psychologique (ONUSIDA, 2001 ; OMS, 1995 ; Kristin et Susan, 2005 ; Kabiswa, 2005 ; Audemard et Vignikin, 2006b). Parmi les multiples préoccupations réelles sur le bien être des enfants orphelins du SIDA, il est important de faire mention de leur prise en charge, nécessitant ainsi limplication des différentes couches socio-familiales. Le but primordial de la prise en charge est la sensation du bien être que celle-ci accorde à la communauté, à la famille et surtout aux enfants orphelins du VIH/SIDA, malgré le coût apparemment élevé dun programme de prise en charge spécifique sur tous ces aspects. Bien que la grande majorité des orphelins du SIDA soit déjà prise en charge au sein des familles et communautés, comme le montrent Mukoyogo et Glen (1991), il est intéressant dexaminer ce qui se fait concrètement autour de cette prise en charge. Cest dans ce souci que cette étude a été réalisée au sein de la communauté de la Cité dAru. Objectif de létude Cette étude vise à décrire la prise en charge des enfants orphelins du VIH/SIDA dans la communauté de la Cité dAru, en inventoriant les différentes activités réalisées dans ce cadre et en déterminant lapport des ces activités sur ces enfants. MATERIELS ET METHODES Cette étude a été menée dans la Cité dAru, chef lieu du Territoire portant le même nom dans le District de lIturi, en Province Orientale au Nord-Est de la République Démocratique du Congo. La Cité dAru est une entité composée de quatre quartiers, notamment : Essefe, Katanga, Rumu et Route Aba et compte environ 37.827 habitants (Cité dAru, 2005). La population de cette étude était constituée de toutes les familles hébergeant les enfants orphelins du VIH/SIDA et aussi des enfants orphelins. Vu la nature qualitative de cette étude, léchantillonnage sest basé sur un choix raisonné de la population cible. 20 interviews semi-structurées avec les responsables de familles daccueil des enfants orphelins et une séance de groupe focal de discussion (FGD) englobant 12 enfants orphelins du VIH/SIDA vivant seuls ont été réalisés du 1er au 28 mars 2006. En ce qui concerne lanalyse des données, nous nous sommes servis de la technique de lanalyse de contenu. Elle a commencé aussitôt que les données étaient transcrites. Cette technique nous a servi à développer un cadre thématique, à partir des grands thèmes ressortis lors de la familiarisation. Les directives développées par Kitzinger (1995) et Kitzinger (1994) ont été observées pendant toute la phase de l`analyse Quant aux considérations éthiques, le consentement de prendre part à létude a été chaque fois demandé auprès des participants. Cela se faisait par une lettre que nous lisions à leur intention, où nous présentions lobjet de létude et leur signifier quils sont libres de refuser dy prendre part. En outre, lenregistrement des interviews et de FGD était fait avec la pleine permission des participants. RESULTATS Lien de parenté des orphelins avec les familles daccueil Il a été constaté quil existe un lien parental entre les enfants orphelins et les familles daccueil. Dans la plupart de cas, ce sont les grand-mères qui soccupent de ces enfants. <<Nous avons décidé de prendre ces enfants en charge aujourdhui. En tant que leur grand-mère, je me sens affaiblie >> (Une responsable de famille daccueil, Interview). << Jai pris la responsabilité de cet enfant immédiatement après la mort de sa mère, qui fut ma fille>> (Une responsable de famille daccueil, Interview) Pour un certain nombre de cas, ce sont dautres membres de familles qui prennent soins de ces enfants orphelins. << Jétais avec mes enfants. Cest après la mort de ma sur, leur mère, quils sont rentrés chez moi >> (Une responsable de famille daccueil, Interview) << Jai à faire aux enfants de mon grand frère décédé... >> (Un responsable de famille daccueil, Interview). Activités de prise en charge des enfants orphelins du VIH/SIDA Activités entreprises par les familles daccueil de ces enfants La majorité de familles daccueil des enfants orphelins du VIH/SIDA pratique lagriculture ou la vente de différents biens. << Quand sa mère la laissé, moi personnellement, je cultive le champs pour sa survie >> (Une responsable de famille daccueil, Interview) << Je me débat pour leur survie en cultivant le sol, à part cela, rien >> (Un responsable de famille daccueil, Interview). << Nous cultivons le champs pour les besoins de ces enfants ainsi que de la famille>> (Une responsable de famille daccueil, Interview) << Pour la vie,... mmm... je vends les chikwange ce qui nous permet de respirer un peu>> (Une responsable de famille daccueil, Interview) << Nous achetons les arachides, nous les grillons, puis, eh..., eh...eh..., nous les vendons. Le jour où les arachides ne sachètent pas, nous dormons sans manger >> (Une responsable de famille daccueil, Interview) << Nous nous occupons de la fabrication artisanale des briques et de pots. Après leur vente, largent nous aide pour les besoins de ces enfants>> (Un responsable de famille daccueil, Interview) << Jeffectue la vente dhuile au marché pour suppléer aux activités du champs que nous réalisons>> (Une responsable de famille daccueil, Interview)
En plus des activités ci- haut énumérées, certaines familles daccueil réalisent des travaux journaliers ou sinvestissent dans les enseignements pour la survie de ces enfants. << Pour avoir une aide ou quelque chose pour la famille, je cherche le par-jour pour nourrir ces enfants>> (Un responsable de famille daccueil, Interview) << Je suis enseignante, et le peu dargent que je trouve dans lenseignement aide pour les besoins de ces enfants>> (Une responsable de famille daccueil, Interview) Activités entreprises par les enfants orphelins eux-mêmes Les enfants orphelins vivant seuls soccupent surtout de la fabrication artisanale des briques pour leur auto prise en charge. <<Bon, mmm,..., pour répondre à mes besoins, je fabrique des briques, eh, eh, eh... >> (Un enfant orphelin dans le FGD) <<Je fabrique des briques, on les achète et je me procure avec cela mes nécessaires quotidiens >> (Un enfant orphelin dans le FGD) En ce qui concerne les enfants vivant sous les différents toits des familles daccueil, ils procèdent soit à la vente de quelques petits biens, soit à lagriculture ou au par-jour. <<...Je ne sais pas ce que je dois vous dire...sauf, nous grillons les arachides et cest comme ça que nous répondons à nos besoins>> (Un enfant orphelin dans le FGD) <<...Je fabrique des tapis pour notre survie... >> (Un enfant orphelin dans le FGD) <<A part le champs que jeffectue, je fais également de par-jour>> (Un enfant orphelin dans le FGD) Effets des activités de prise en charge par les familles daccueil sur la vie des enfants orphelins du VIH/SIDA Toutes les familles interviewées témoignent que lapport des activités de prise en charge quelles entreprennent pour la survie de ces enfants est non significatif. <<Malgré tout ce que je fais pour elle, cela ne répond pas à ses besoins... >> (Une responsable de famille daccueil, Interview) <<Ce que je fais pour leur survie, ce sont des petites démarches, mais qui narrivent pas à les aider dans leurs besoins quotidiens, mmm... >> (Une responsable de famille daccueil, Interview) Les formes daides extérieures reçues par les familles daccueil et les orphelins Aides extérieures reçues par les familles daccueil des enfants orphelins du VIH/SIDA Dune manière générale, les familles daccueil hébergeant les enfants orphelins du VIH/SIDA ne reçoivent aucune aide extérieure. <<Ce que je reçois comme aide extérieure, mmm..., nous luttons seuls avec mon mari pour sa survie>> (Une responsable de famille daccueil, Interview) <<...mmm... vraiment, il ny a pas de soutien en provenance de lextérieur>> (Une responsable de famille daccueil, Interview) <<...Malgré tout ce que nous faisons à ces enfants, nous manquons totalement un appui extérieur pour nous épauler>> (Une responsable de famille daccueil, Interview) Par contre, une seule famille hébergeant un enfant orphelin séropositif a témoigné avoir bénéficié des médicaments de lHôpital Général dArua en Ouganda et des vivres à travers le département de VIH/SIDA de lInstitut Panafricain de Santé Communautaire (IPASC). <<...Cest seulement lIPASC qui me soutient sérieusement en médicaments et en vivres, comme lhuile, les farines,... >> (Un responsable de famille daccueil, Interview) Aides extérieures reçues par les enfants orphelins vivant seuls Tous les enfants orphelins du VIH/SIDA vivant seuls ne bénéficient daucun appui extérieur. <<...A part mon effort personnel, mmm..., je nai reçu aucune aide extérieure>> (Un enfant orphelin dans le FGD) <<A part le champs que nous cultivons avec la grand-mère, nous navons reçu aucun soutien de lextérieur>> (Un enfant orphelin dans le FGD) <<Depuis la mort de mes deux parents, je ne sais pas si quel jour jai eu daide ?>> (Un enfant orphelin dans le FGD) Projet davenir des familles daccueil pour les enfants orphelins du VIH/SIDA Ayant abordé ce point, un grand nombre de familles daccueil envisagent faire étudier les enfants orphelins. <<Mmm,...pour leur avenir meilleur, nous proposons seulement que ces enfants étudient...vraiment... >> (Une responsable de famille daccueil, Interview) <<Mon frère,...à part les études, quest ce qui peut garantir leur avenir ? >> (Une responsable de famille daccueil, Interview) <<Pour son avenir, si ce nétait pas les études, quest ce qui devrait marriver ? Je demande à Dieu de lui donner lintelligence à lécole... >> (Une responsable de famille daccueil, Interview) Par ailleurs, pour dautres familles, elles projettent soit laisser ces enfants entre les mains de Dieu, soit un membre de famille pourra prendre soin deux ou encore les initier aux travaux de champs. <<Après ma mort, un membre de famille de bonne volonté et surtout celui qui est proche à moi ne peut nullement laisser ces enfants souffrir>> (Une responsable de famille daccueil, Interview) <<Je pense toujours aux champs pour leur avenir meilleur, seulement le champs>> (Une responsable de famille daccueil, Interview) <<A part Dieu, mmm..., il ny a personne qui songera à lavenir de ces enfants>> (Un responsable de famille daccueil, Interview) Pour une famille daccueil, elle projette que lorpheline qui est sous sa responsabilité puisse trouver un mari digne. <<Si elle trouve un mari digne, celui-là prendra soins delle après moi >> (Une responsable de famille daccueil, Interview) Pour une autre famille daccueil, les projets pour ces enfants orphelins constituent les parcelles laissées par leurs parents. <<Ils ont leur parcelle, celui qui est intelligent va songer à mettre quelque chose dans cette parcelle>> (Une responsable de famille daccueil, Interview) DISCUSSION Lien parental des enfants orphelins vivant dans les familles daccueil Dans la plupart de cas, ce sont les grand-mères qui soccupent des enfants orphelins du VIH/SIDA. Cela pourrait être justifié par le rapprochement naturel ainsi que lesprit de protection qui motiveraient les grand-mères à soccuper immédiatement des enfants de leurs filles ou fils morts. Ce même phénomène fut également constaté par Kabiswa (2005) qui, lors de son étude, a trouvé que les enfants se trouvaient dans lobligation de revenir vivre chez leurs grand-mères en cas de décès de leurs parents dus au VIH/SIDA. Dans beaucoup de pays en développement menacés par le VIH/SIDA, les foyers sont surtout composés des jeunes, des enfants orphelins du SIDA et dans la plupart de cas, les grands-parents livrés à eux-mêmes (OMS, 1995). Dans ce même cadre, Foster, Drew et Makufa (1995) souligne quen Afrique, la famille élargie constitue lunité dassistance prédominante aux orphelins. Les populations africaines conservent une vision du monde qui met avant tout lintégrité de la famille élargie et encourage ses membres à rester, à survivre ensemble, plutôt que de vivre de manière indépendante. Activités de prise en charge communautaire des enfants orphelins du VIH/SIDA Activités entreprises par les familles daccueil Lagriculture et la vente de certains produits étaient considérées comme étant des activités principales entreprises par la majorité de familles daccueil pour la prise en charge des enfants orphelins du VIH/SIDA. Ces deux activités reflètent la culture même de la population du milieu où lagriculture constitue la principale activité. Dailleurs, Kabiswa (2005) propose même à ce sujet lexemple ci-dessous vécu en Ouganda : << John et James ont perdu leurs parents. Après le décès de leurs parents, leur grand-mère sest occupée deux en pratiquant lagriculture pour leur survie>>. Malgré cette pratique de lagriculture, il existe encore beaucoup de défis autour de cette activité (la dimension des champs, la quantité récoltée,...), compte tenu de lage de ces grand-mères. Activités entreprises par les enfants orphelins eux-mêmes Bien que les enfants orphelins vivant seuls pratiquent plutôt la fabrication artisanale des briques, et quun petit nombre soccupent dautres activités contribuant au maintien de leur survie, dautres enfants par contre nexercent aucune activité. Comme OMS (1995) la stipulé, nous pensons que le manque dencadrement de ces enfants par certains organismes de protection de lenfance peut être la principale cause. Tout cela serait attribuable au fait que la communauté ne veille pas tellement sur les intérêts des enfants dont les parents sont morts, particulièrement suite au VIH/SIDA. Partant de cette situation, il y a lieu de se demander si ce sentiment est conforme à la réalité que ces enfants traversent au sein de la communauté, ou tout simplement aux conservations anciennes depuis lexistence de ce fléau, spécifiquement dans certains milieux ruraux de lAfrique Subsaharienne. Effets des activités de la prise en charge par les familles daccueil Il a été constaté que les activités entreprises tant
par les familles daccueil que les enfants orphelins vivant seuls nont pas
suffisamment deffets sur la vie de ces enfants orphelins du VIH/SIDA. Lune
des causes serait simplement le manque de ressources, dont la majorité de
familles daccueil sont victimes (AIDS Alliance, 2003a ; AIDS Alliance
2003c). InterPress Service (2006 : sp) le souligne également par cet extrait :
< Formes daides extérieures reçues par les familles daccueil et les enfants orphelins Aides extérieures reçues par les familles daccueil des enfants orphelins du VIH/SIDA Les participants se plaignent de ne recevoir aucune aide de lextérieur. Lune des causes de cette situation serait labsence de mobilisation dans la prise en charge des enfants orphelins du VIH/SIDA (InterPress Service, 2006). Il existe cependant une opinion contraire à celle émise précédemment, stipulant que dans le monde en développement, la sécurité sociale nest pas une idée basée sur les ONGs locales ou internationales, mais plutôt la présence dans les familles dun nombre suffisant des personnes pour gagner de quoi loger et nourrir tous leurs membres (OMS, 1995). La seconde raison est probablement le manque dintensification des activités de la prise en charge entreprises ailleurs et aussi le non élargissement politique et financier des nations dans le service de lutte contre le VIH/SIDA. Le personnel de santé ainsi que dautres prestataires de services de base exposent les familles daccueil et dorigine de ces enfants orphelins qui constituent, en fait, la première défense des enfants orphelins ou vulnérables au SIDA, à lexclusion de services essentiels, les abandonnant aux mains du danger (Radio Okapi, 2006). En ce qui concerne laide extérieure, bien quelle nexiste presque pas pour le moment, elle peut aussi constituer un élément qui découragerait les initiatives locales, si elle intervient brutalement. Cest ainsi quil faudra se rassurer que cette aide naffectera pas les initiatives communautaires de base lorsquelle pourra être disponible dans lavenir (AIDS Alliance, 2003b). Aides reçues par les enfants orphelins vivant seuls. Beaucoup denfants orphelins du VIH/SIDA sont abandonnés à leur triste sort suite au manque dune prise en charge adéquate. Le bien être et la sécurité des enfants sont souvent compromis après la mort de leurs parents. Ces enfants deviennent souvent à risque après la mort de leurs parents. Leur santé, leur développement et leur bien être effectif sont entre leurs propres mains, et sont même menacés bien avant que lun ou lautre de leurs parents ne disparaisse. Selon des études réalisées dans quelques pays en développement, les orphelins sont plus susceptibles que les enfants dont les parents sont encore en vie, dêtre mal nourris, de ne pas avoir accès à des soins de santé de base, de ne pas aller à lécole et davoir affronté des difficultés effectives (Radio Okapi, 2006). Les enfants qui ont perdu leurs parents à cause du SIDA portent le fardeau supplémentaire de la stigmatisation, de la discrimination qui entoure cette maladie, les laissant sans soutien par les secteurs dencadrement et daide (AIDS Alliance, 2003a ; AIDS Alliance, 2003e). Ces enfants se trouvent souvent dans lobligation de travailler eux-mêmes, car ils ne bénéficient daucun appui extérieur (Interpress Service, 2006). On penserait aussi à certains événements qui affectent les enfants orphelins du VIH/SIDA dont on enregistre la grande majorité en Afrique. Actuellement, lancien système de sécurité sociale traditionnelle du continent connaît de bouleversements sociaux importants (Audemard et Vignikin, 2006b), cédant à la pression familiale ne permettant pas aux enfants orphelins de vivre ou de compter sur la famille élargie après la mort de leurs parents, quelque soit leur état (OMS, 2001 ; Audemard et Vignikin, 2006b). En outre, nous pensons quil serait aussi important denvisager le renforcement de certains cadres où les enfants orphelins et non orphelins se rencontrent pour développer la cohésion sociale, comme, cest le cas au Malawi, en Mozambique et en Ouganda (AIDS Alliance, 2003a). Contrairement à cette situation, grâce à certaines aides communautaires et extérieures, le Cameroun compte mettre en place son premier « Village du SIDA ». Il sera pratiquement le troisième en Afrique, après le Botswana et lAfrique du Sud. Ce Village fournit un espace de vie où des personnes infectées ou affectée par le VIH/SIDA pourront exercer une activité pour le reste de leurs jours (Women of Africa, 2001). Projets davenir des familles daccueil pour les enfants orphelins du VIH/SIDA La majorité de familles daccueil envisagent faire étudier les enfants orphelins. Ceci pourrait être dû par le fait que les études offrent un grand espoir pour triompher cette pandémie, car ces enfants peuvent être au centre de lutte pour arrêter la propagation du VIH/SIDA par léducation et leur pleine participation aux discussions sur leur propre avenir. Pour arriver à la prise en charge intégrée, totale et communautaire, il faut une formation scolaire ou de métiers aux enfants orphelins du VIH/SIDA (Osibouake, 2006 ; AIDS Alliance, 2003d). Un pays qui veut bien préparer lavenir des enfants orphelins du SIDA, mettra au premier plan léducation de ces enfants. Sil arrive que les parents des orphelins ont laissé quelques biens matériels comme les parcelles, les expériences vécues en Ouganda et au Botswana ont montré que ces enfants sont victimes de la dépossession de ces biens, surtout si lenfant est encore mineur (Audemard et Vignikin, 2006b). Par ailleurs, beaucoup defforts sont fournis, au Nigéria par exemple où le gouvernement a prévu de formuler et dappliquer les lois concernant la protection de lhéritage et les droits de propriétés des orphelins (Audemard et Vignikin, 2006b). Il découle de ce qui précède, la scolarisation et la formation professionnelle en petits métiers des enfants orphelins du VIH/SIDA savèrent indispensable pour un avenir meilleur de ces derniers. A ces propos, sajoute la sensibilisation des communautés pour un meilleur encadrement des enfants orphelins du VIH/SIDA. La notion de prise en charge des enfants orphelins du VIH/SIDA dans sa globalité constitue un domaine aussi vaste, nécessitant beaucoup plus de temps pour un aperçu général de ce phénomène. Nous pensons que pour avoir une vue approfondie sur le concept de prise en charge communautaire des enfants orphelins du VIH/SIDA, il est important de laborder dune façon multidimensionnelle : psychosociale, économique, scolaire, etc. Laspect psychosocial, lencadrement des enfants orphelins du VIH/SIDA pourraient faire lobjet détudes prochainement. CONCLUSION La notion de prise en charge des enfants orphelins du VIH/SIDA est vaste et nécessite dêtre étudiée suivants ses différents niveaux. Cette étude a abordé ce concept dune façon globalisante. Elle a surtout visé à décrire la prise en charge communautaire des enfants orphelins du VIH/SIDA dans la Cité dAru. Au terme de cette étude, il a été constaté que la prise en charge communautaire des enfants orphelins du VIH/SIDA est surtout basée sur certaines activités de routine que chaque famille daccueil exerce pour la survie de ses propres membres familiaux. En ce qui concerne les orphelins vivant seuls, ils exercent également quelques activités pour leur survie. Toutes les activités entreprises ne répondent pas efficacement aux besoins apparemment visibles de ces enfants orphelins. Au vu de tout ce qui précède, il ressort limportance pour les organisations de lutte contre le VIH/SIDA de renforcer les capacités communautaires pouvant permettre la prise en charge effective des enfants orphelins rendus vulnérables par le VIH/SIDA. Il est également capital de considérer les mécanismes déjà existants en vue du renforcement des moyens dont disposent les familles daccueil pour la prise en charge des enfants orphelins du VIH/SIDA. REFERENCES
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