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African Population Studies
Union for African Population Studies
ISSN: 0850-5780
Vol. 22, Num. 1, 2007, pp. 21-34

African Population Studies/Etude de la Population Africaine, Vol. 22, No. 1, 2007, pp. 21-34

Prise en Charge Communautaire des Enfants Orphelins du Vih/Sida : Expérience de la Cité D’aru

 Adubang’o Awotho Samy1,Amuda Baba  BSc, Mcom.2

1A1 en Santé CommunautaireE-mail : adubangosamy@yahoo.fr
2 Assistant à l`Institut, Supérieur Panafricain de Santé Communautaire de Bunia.E-mail : amuda2d@yahoo.com ,

Code Number: ep07002

RÉSUMÉ

La pandémie du VIH/SIDA ne cesse de provoquer de multiples problèmes dans la sociét. Parmi ceux-ci figure en bonne place l’accroissement du nombre d’orphelins dus au VIH/SIDA. Leur prise en charge est confrontée à plusieurs difficultés. Cette étude a été réalisée dans la Cité d’Aru pour décrire la prise en charge communautaire des enfants orphelins du VIH/SIDA. Elle est basée sur des données issues d’une séance de discussion en groupe focal de 12 enfants orphelins vivant seuls et de 20 interviews semi-structurées avec les responsables des familles d’accueil.

Les données révèlent une prise en charge communautaire des enfants orphelins du SIDA dans la Cité d’Aru, mais qui ne semble pas significative. Cette prise en charge est basée surtout sur certaines activités de routine que chaque famille exerce pour la survie de ses propres membres. Il s’agit de l’agriculture, de la vente des petits biens, quelques cas de « par-jour » et d’autres activités complémentaires. Les enfants orphelins vivant seuls exercent spécifiquement la fabrication artisanale des briques, le tricotage, la vente des petits biens.    

Compte tenu de ces résultats, il a été suggéré de considérer les mécanismes déjà existants en vue du renforcement des moyens dont disposent les familles d’accueil pour la prise en charge effective des enfants orphelins du VIH/SIDA.

Mots clés: Enfants orphelins, VIH/SIDA, Prise en charge, familles d’accueil.

INTRODUCTION

L’épidémie du VIH/SIDA est toujours considérée l’une des plus meurtrières. Comme le stipule ONUSIDA (2001 : 6), elle affecte certainement les besoins des enfants orphelins. Il est important de mentionner que l’existence d’un nombre élevé d’orphelins est antérieure à l’épidémie du SIDA en Afrique Subsaharienne. Ce nombre élevé, comme le stipulent Dozon et Guillaume (1994) était surtout dû à la faible espérance de vie, à l’écart d’age important entre les parents et les enfants, aux crises (conflits armés, crise de subsistance, sécheresse,...). Le système traditionnel les absorbait, car le nombre était moins important qu’aujourd’hui (Dozon et Guillaume, 1994 ; Audemard et Vignikin, 2006b). C’est depuis l’apparition du VIH/SIDA que les chercheurs ont débuté à s’alerter sur l’ampleur du phénomène des orphelins en Afrique Subsaharienne. Les premières études sur les orphelins du SIDA étaient effectuées vers les années 90 (Mukiza-Gapere et Ntozi, 1995).

Cependant, l’expansion rapide du VIH/SIDA entraîne l’accroissement rapide du nombre des enfants orphelins d’une part, et de l’autre part les besoins en soins, soutien et économie atténuent l’impact de réponse à leurs besoins. Selon ONUSIDA (2002), à la fin de l’année 2001, le nombre des Personnes Vivant avec le Virus du SIDA (PVV) était estimé à 40 millions, dont plus de 70% en Afrique Subsaharienne. En République Démocratique du Congo, on enregistrait 1.300.000 PVV pendant la même année. ONUSIDA (2002) estime à 14 millions le nombre total des enfants orphelins du VIH/SIDA dans le monde, dont 80% en Afrique subsaharienne, parmi lesquels 93.000 en République Démocratique du Congo. Ce chiffre est déjà revu à la hausse sur le plan mondial, soit 15 millions d’enfants orphelins du VIH/SIDA (ONUSIDA, 2005).

C’est dans cette perspective qu’on peut aussi comprendre comment le VIH/SIDA est à l’origine de beaucoup de problèmes au sein de la communauté. Les enfants orphelins font face aux multiples problèmes relatifs à leur prise en charge sur le plan tant physique, économique, éducationnel, social, familial que psychologique (ONUSIDA, 2001 ; OMS, 1995 ; Kristin et Susan, 2005 ; Kabiswa, 2005 ; Audemard et Vignikin, 2006b). Parmi les multiples préoccupations réelles sur le bien être des enfants orphelins du SIDA, il est important de faire mention de leur prise en charge, nécessitant ainsi l’implication des différentes couches socio-familiales. Le but primordial de la prise en charge est la sensation du bien être que celle-ci accorde à la communauté, à la famille et surtout aux enfants orphelins du VIH/SIDA, malgré le coût apparemment élevé d’un programme de prise en charge spécifique sur tous ces aspects.

Bien que la grande majorité des orphelins du SIDA soit déjà prise en charge au sein des familles et communautés, comme le montrent Mukoyogo et Glen (1991), il est intéressant d’examiner ce qui se fait concrètement autour de cette prise en charge. C’est dans ce souci que cette étude a été réalisée au sein de la communauté de la Cité d’Aru.            

Objectif de l’étude

Cette étude vise à décrire la prise en charge des enfants orphelins du VIH/SIDA dans la communauté de la Cité d’Aru, en inventoriant les différentes activités réalisées dans ce cadre et en déterminant l’apport des ces activités sur ces enfants.

MATERIELS ET METHODES 

Cette étude a été menée dans la Cité d’Aru, chef lieu du Territoire portant le même nom dans le District de l’Ituri, en Province Orientale au Nord-Est de la République Démocratique du Congo. La Cité d’Aru est une entité composée de quatre quartiers, notamment : Essefe, Katanga, Rumu  et Route Aba et compte environ 37.827 habitants (Cité d’Aru, 2005). La population de cette étude était constituée de toutes les familles hébergeant les enfants orphelins du VIH/SIDA et aussi des enfants orphelins.

Vu la nature qualitative de cette étude, l’échantillonnage s’est basé sur un choix raisonné de la population cible. 20 interviews semi-structurées avec les responsables de familles d’accueil des enfants orphelins et une séance de groupe focal de discussion (FGD) englobant 12 enfants orphelins du VIH/SIDA vivant seuls ont été réalisés du 1er au 28 mars 2006.

En ce qui concerne l’analyse des données, nous nous sommes servis de la technique de l’analyse de contenu. Elle a commencé aussitôt que les données étaient transcrites. Cette technique nous a servi à développer un cadre thématique, à partir des grands thèmes ressortis lors de la familiarisation. Les directives développées par Kitzinger (1995) et Kitzinger (1994) ont été observées pendant toute la phase de l`analyse Quant aux considérations éthiques, le consentement de prendre part à l’étude a été chaque fois demandé auprès des participants. Cela se faisait par une lettre que nous lisions à leur intention, où nous présentions l’objet de l’étude et leur signifier qu’ils sont libres de refuser d’y prendre part. En outre, l’enregistrement des interviews et de FGD était fait avec la pleine permission des participants.

RESULTATS

Lien de parenté des orphelins avec les familles d’accueil

Il a été constaté qu’il existe un lien parental entre les enfants orphelins et les familles d’accueil. Dans la plupart de cas, ce sont les grand-mères qui s’occupent de ces enfants.

<<Nous avons décidé de prendre  ces enfants en charge aujourd’hui.

En tant que leur grand-mère, je me sens affaiblie >> (Une responsable de famille d’accueil, Interview).

<< J’ai pris la responsabilité de cet enfant immédiatement après la mort de sa mère, qui fut ma fille>> (Une responsable de famille d’accueil, Interview)

Pour un certain nombre de cas, ce sont d’autres membres de familles qui prennent soins de ces enfants orphelins.

<< J’étais avec mes enfants. C’est après la mort de ma sœur, leur mère, qu’ils sont rentrés chez moi >> (Une responsable de famille d’accueil, Interview)

<< J’ai à faire aux enfants de mon grand frère décédé... >> (Un responsable de famille d’accueil, Interview).

Activités de prise en charge des enfants orphelins du VIH/SIDA

Activités entreprises par les familles d’accueil de ces enfants

La majorité de familles d’accueil des enfants orphelins du VIH/SIDA pratique l’agriculture ou la vente de différents biens.

<< Quand sa mère l’a laissé, moi personnellement, je cultive le champs pour sa survie >> (Une responsable de famille d’accueil, Interview)

<< Je me débat pour leur survie en cultivant le sol, à part cela, rien >> (Un responsable de famille d’accueil, Interview).

<< Nous cultivons le champs pour les besoins de ces enfants ainsi que de la famille>> (Une responsable de famille d’accueil, Interview)

<< Pour la vie,... mmm... je vends les ‘chikwange’ ce qui nous permet de respirer un peu>> (Une responsable de famille d’accueil, Interview)

<< Nous achetons les arachides, nous les grillons, puis, eh..., eh...eh..., nous les vendons. Le jour où les arachides ne s’achètent pas, nous dormons sans manger >>

(Une responsable de famille d’accueil, Interview)

<< Nous nous occupons de la fabrication artisanale des briques et de pots. Après leur vente, l’argent nous aide pour les besoins de ces enfants>>  (Un responsable de famille d’accueil, Interview)

<< J’effectue la vente d’huile au marché pour suppléer aux activités du champs que nous réalisons>> (Une responsable de famille d’accueil, Interview)

           

En plus des activités ci- haut énumérées, certaines familles d’accueil réalisent des travaux journaliers ou s’investissent dans les enseignements pour la survie de ces enfants.

<< Pour avoir une aide ou quelque chose pour la famille, je cherche le ‘par-jour’ pour nourrir ces enfants>> (Un responsable de famille d’accueil, Interview)

<< Je suis enseignante, et le peu d’argent que je trouve dans l’enseignement aide pour les besoins de ces enfants>> (Une responsable de famille d’accueil, Interview)

Activités entreprises par les enfants orphelins eux-mêmes

Les enfants orphelins vivant seuls s’occupent surtout de la fabrication artisanale des briques pour leur auto prise en charge.

<<Bon, mmm,..., pour répondre à mes besoins, je fabrique des briques, eh, eh, eh... >>  (Un enfant orphelin dans le FGD)

<<Je fabrique des briques, on les achète et je me procure avec cela mes nécessaires quotidiens >> (Un enfant orphelin dans le FGD)

En ce qui concerne les enfants vivant sous les différents toits des familles d’accueil, ils procèdent soit à la vente de quelques petits biens, soit à l’agriculture ou au ‘par-jour’.

<<...Je ne sais pas ce que je dois vous dire...sauf, nous grillons les arachides et c’est comme ça que nous répondons à nos besoins>> (Un enfant orphelin dans le FGD)

<<...Je fabrique des tapis pour notre survie... >> (Un enfant orphelin dans le FGD)

<<A part le champs que j’effectue, je fais également de ‘par-jour’>> (Un enfant orphelin dans le FGD)

Effets des activités de prise en charge par les familles d’accueil sur la vie des enfants orphelins du VIH/SIDA

Toutes les familles interviewées témoignent que l’apport des activités de prise en charge qu’elles entreprennent pour la survie de ces enfants est non significatif.

<<Malgré tout ce que je fais pour elle, cela ne répond pas à ses besoins... >>

(Une responsable de famille d’accueil, Interview)

<<Ce que je fais pour leur survie, ce sont des petites démarches, mais qui n’arrivent pas à les aider dans leurs besoins quotidiens, mmm... >> (Une responsable de famille d’accueil, Interview)

Les formes d’aides extérieures reçues par les familles d’accueil et les orphelins

Aides extérieures reçues par les familles d’accueil des enfants orphelins du VIH/SIDA

 D’une manière générale, les familles d’accueil hébergeant les enfants orphelins du VIH/SIDA ne reçoivent aucune aide extérieure.

<<Ce que je reçois comme aide extérieure, mmm..., nous luttons seuls avec mon mari pour sa survie>> (Une responsable de famille d’accueil, Interview)

<<...mmm... vraiment, il n’y a pas de soutien en provenance de l’extérieur>>

(Une responsable de famille d’accueil, Interview)

<<...Malgré tout ce que nous faisons à ces enfants, nous manquons totalement un appui extérieur pour nous épauler>> (Une responsable de famille d’accueil, Interview)

Par contre, une seule famille hébergeant un enfant orphelin séropositif a témoigné avoir bénéficié des médicaments de l’Hôpital Général d’Arua en Ouganda et des vivres à travers le département de VIH/SIDA de l’Institut Panafricain de Santé Communautaire (IPASC).

<<...C’est seulement l’IPASC qui me soutient sérieusement en médicaments et en vivres, comme l’huile, les farines,... >> (Un responsable de famille d’accueil, Interview)

Aides extérieures reçues par les enfants orphelins vivant seuls

Tous les enfants orphelins du VIH/SIDA vivant seuls ne bénéficient d’aucun appui extérieur.

<<...A part mon effort personnel, mmm..., je n’ai reçu aucune aide     extérieure>>

(Un enfant orphelin dans le FGD)

<<A part le champs que nous cultivons avec la grand-mère, nous n’avons reçu aucun soutien de l’extérieur>> (Un  enfant orphelin dans le FGD)

<<Depuis la mort de mes deux parents, je ne sais pas si quel jour j’ai eu d’aide ?>>

(Un enfant orphelin dans le FGD)

Projet d’avenir des familles d’accueil pour les enfants orphelins du VIH/SIDA

Ayant abordé ce point, un grand nombre de familles d’accueil envisagent faire étudier les enfants orphelins.

<<Mmm,...pour leur avenir meilleur, nous proposons seulement que ces enfants étudient...vraiment... >> (Une responsable de famille d’accueil, Interview)

<<Mon frère,...à part les études, qu’est ce qui peut garantir leur avenir ? >> (Une responsable de famille d’accueil, Interview)

<<Pour son avenir, si ce n’était pas les études, qu’est ce qui devrait m’arriver ? Je demande à Dieu de lui donner l’intelligence à l’école... >> (Une responsable de famille d’accueil, Interview)

Par ailleurs, pour d’autres familles, elles projettent soit laisser ces enfants entre les mains de Dieu, soit un membre de famille pourra prendre soin d’eux ou encore les initier aux travaux de champs.

<<Après ma mort, un membre de famille de bonne volonté et surtout celui qui est proche à moi ne peut nullement laisser ces enfants souffrir>> (Une responsable de famille d’accueil, Interview)

<<Je pense toujours aux champs pour leur avenir meilleur, seulement le champs>> (Une responsable de famille d’accueil, Interview)

<<A part Dieu, mmm..., il n’y a personne qui songera à l’avenir de ces enfants>> (Un responsable de famille d’accueil, Interview)

Pour une famille d’accueil, elle projette que l’orpheline qui est sous sa responsabilité puisse trouver un mari digne.

<<Si elle trouve un mari digne, celui-là prendra soins d’elle après moi >> (Une responsable de famille d’accueil, Interview)

Pour une autre famille d’accueil, les projets pour ces enfants orphelins constituent les parcelles laissées par leurs parents.

<<Ils ont leur parcelle, celui qui est intelligent va songer à mettre quelque chose dans cette parcelle>> (Une responsable de famille d’accueil, Interview)

DISCUSSION

Lien parental des enfants orphelins vivant dans les familles d’accueil

Dans la plupart de cas, ce sont les grand-mères qui s’occupent des enfants orphelins du VIH/SIDA. Cela pourrait être justifié par le rapprochement naturel ainsi que l’esprit de protection qui motiveraient les grand-mères à s’occuper immédiatement des enfants de leurs filles ou fils morts. Ce même phénomène fut également constaté par  Kabiswa (2005) qui, lors de son étude, a trouvé que les enfants se trouvaient dans l’obligation de revenir vivre chez leurs grand-mères en cas de décès de leurs parents dus au VIH/SIDA. Dans beaucoup de pays en développement menacés par le VIH/SIDA, les foyers sont surtout composés des jeunes, des enfants orphelins du SIDA et dans la plupart de cas, les grands-parents livrés à eux-mêmes (OMS, 1995).

Dans ce même cadre, Foster, Drew et Makufa (1995) souligne qu’en Afrique, la famille élargie constitue l’unité d’assistance prédominante aux orphelins. Les populations africaines conservent une vision du monde qui met avant tout l’intégrité de la famille élargie et encourage ses membres à rester, à survivre ensemble, plutôt que de vivre de manière indépendante.

Activités de prise en charge communautaire des enfants orphelins du VIH/SIDA

Activités entreprises par les familles d’accueil

L’agriculture et la vente de certains produits étaient considérées comme étant des activités principales entreprises par la majorité de familles d’accueil pour la prise en charge des enfants orphelins du VIH/SIDA. Ces deux activités reflètent la culture même de la population du milieu où l’agriculture constitue la principale activité. D’ailleurs, Kabiswa (2005) propose même à ce sujet l’exemple ci-dessous vécu en Ouganda : << John et James ont perdu leurs parents. Après le décès de leurs parents, leur grand-mère s’est occupée d’eux en pratiquant l’agriculture pour leur survie>>. Malgré cette pratique de l’agriculture, il existe encore beaucoup de défis autour de cette activité (la dimension des champs, la quantité récoltée,...), compte tenu de l’age de ces grand-mères.    

Activités entreprises par les enfants orphelins eux-mêmes

Bien que les enfants orphelins vivant seuls pratiquent plutôt la fabrication artisanale des briques, et qu’un petit nombre s’occupent d’autres activités contribuant au maintien de leur survie, d’autres enfants par contre n’exercent aucune activité. Comme OMS (1995) l’a stipulé, nous pensons que le manque d’encadrement de ces enfants par certains organismes de protection de l’enfance peut être la principale cause. Tout cela serait attribuable au fait que la communauté ne veille pas tellement sur les intérêts des enfants dont les parents sont morts, particulièrement suite au VIH/SIDA. Partant de cette situation, il y a lieu de se demander si ce sentiment est conforme à la réalité que ces enfants traversent au sein de la communauté, ou tout simplement aux conservations anciennes depuis l’existence de ce fléau, spécifiquement dans certains milieux ruraux de l’Afrique Subsaharienne. 

Effets des activités de la prise en charge par les familles d’accueil

Il a été constaté que les activités entreprises tant par les familles d’accueil que les enfants orphelins vivant seuls n’ont pas suffisamment d’effets sur la vie de ces enfants orphelins du VIH/SIDA. L’une des causes serait simplement le manque de ressources, dont la majorité de familles d’accueil sont victimes (AIDS Alliance, 2003a ; AIDS Alliance 2003c). InterPress Service (2006 : sp) le souligne également par cet extrait : <>. Certains pays en voie de développement restent la région du globe la plus durement frappée par le VIH/SIDA, laissant également impuissant les effets des activités que certaines familles entreprennent pour la prise en charge de ces enfants orphelins. Women of Africa (2001 : sp) déclare d’ailleurs ce qui suit à ce propos : <>.  Certaines études ont révélé que dans la plupart de cas, il existe de limites assez importantes relatives aux mécanismes de prise en charge et de structures de soutien adéquat aux enfants orphelins du VIH/SIDA (Audemard et Vignikin, 2006a). C’est ainsi que Audemard et Vignikin (2006b) soulignent l’importance de tenir compte des pratiques culturelles locales dans toute intervention de prise en charge des orphelins.

Formes d’aides extérieures reçues par les familles d’accueil et les enfants orphelins

Aides extérieures reçues par les familles d’accueil des enfants orphelins du VIH/SIDA

Les participants se plaignent de ne recevoir aucune aide de l’extérieur. L’une des causes de cette situation serait l’absence de mobilisation dans la prise en charge des enfants orphelins du VIH/SIDA (InterPress Service, 2006).

Il existe cependant une opinion contraire à celle émise précédemment, stipulant que dans le monde en développement, la sécurité sociale n’est pas une idée basée sur les ONGs locales ou internationales, mais plutôt la présence dans les familles d’un nombre suffisant des personnes pour gagner de quoi loger et nourrir tous leurs membres (OMS, 1995). La seconde raison est probablement le manque d’intensification des activités de la prise en charge entreprises ailleurs et aussi le non élargissement politique et financier des nations dans le service de lutte contre le VIH/SIDA. Le personnel de santé ainsi que d’autres prestataires de services de base exposent les familles d’accueil et d’origine de ces enfants orphelins qui constituent, en fait, la première défense des enfants orphelins ou vulnérables au SIDA, à l’exclusion de services essentiels, les abandonnant aux mains du danger (Radio Okapi, 2006).

En ce qui concerne l’aide extérieure, bien qu’elle n’existe presque pas pour le moment, elle peut aussi constituer un élément qui découragerait les initiatives locales, si elle intervient brutalement. C’est ainsi qu’il faudra se rassurer que cette aide n’affectera pas les initiatives communautaires de base lorsqu’elle pourra être disponible dans l’avenir (AIDS Alliance, 2003b).  

Aides reçues par les enfants orphelins vivant seuls.

Beaucoup d’enfants orphelins du VIH/SIDA sont abandonnés à leur triste sort suite au manque d’une prise en charge adéquate. Le bien être et la sécurité des enfants sont souvent compromis après la mort de leurs parents. Ces enfants deviennent souvent à risque après la mort de leurs parents. Leur santé, leur développement et leur bien être effectif sont entre leurs propres mains, et sont même menacés bien avant que l’un ou l’autre de leurs parents ne disparaisse.

Selon des études réalisées dans quelques pays en développement, les orphelins sont plus susceptibles que les enfants dont les parents sont encore en vie, d’être mal nourris, de ne pas avoir accès à des soins de santé de base, de ne pas aller à l’école et d’avoir affronté des difficultés effectives (Radio Okapi, 2006). Les enfants qui ont perdu leurs parents à cause du SIDA portent le fardeau supplémentaire de la stigmatisation, de la discrimination qui entoure cette maladie, les laissant sans soutien par les secteurs d’encadrement et d’aide (AIDS Alliance, 2003a ; AIDS Alliance, 2003e). Ces enfants se trouvent souvent dans l’obligation de travailler eux-mêmes, car ils ne bénéficient d’aucun appui extérieur (Interpress Service, 2006).

On penserait aussi à certains événements qui affectent les enfants orphelins du VIH/SIDA dont on enregistre la grande majorité en Afrique. Actuellement, l’ancien système de sécurité sociale traditionnelle du continent connaît de bouleversements sociaux importants (Audemard et Vignikin, 2006b), cédant à la pression familiale ne permettant pas aux enfants orphelins de vivre ou de compter sur la famille élargie après la mort de leurs parents, quelque soit leur état (OMS, 2001 ; Audemard et Vignikin, 2006b). En outre, nous pensons qu’il serait aussi important d’envisager le renforcement de certains cadres où les enfants orphelins et non orphelins se rencontrent pour développer la cohésion sociale, comme, c’est le cas au Malawi, en Mozambique et en Ouganda (AIDS Alliance, 2003a).

Contrairement à cette situation, grâce à certaines aides communautaires et extérieures, le Cameroun compte mettre en place son premier « Village du SIDA ». Il sera pratiquement le troisième en Afrique, après le Botswana et l’Afrique du Sud. Ce Village fournit un espace de vie où des personnes infectées ou affectée par le VIH/SIDA pourront exercer une activité pour le reste de leurs jours (Women of Africa, 2001).

Projets d’avenir des familles d’accueil pour les enfants orphelins du VIH/SIDA

La majorité de familles d’accueil envisagent faire étudier les enfants orphelins. Ceci pourrait être dû par le fait que les études offrent un grand espoir pour triompher cette pandémie, car ces enfants peuvent être au  centre de lutte pour arrêter la propagation du VIH/SIDA par l’éducation et leur pleine participation aux discussions sur leur propre avenir. Pour arriver à la prise en charge intégrée, totale et communautaire, il faut une formation scolaire ou de métiers aux enfants orphelins du VIH/SIDA (Osibouake, 2006 ; AIDS Alliance, 2003d). Un pays qui veut bien préparer l’avenir des enfants orphelins du SIDA, mettra au premier plan l’éducation de ces enfants. S’il arrive que les parents des orphelins ont laissé quelques biens matériels comme les parcelles, les expériences vécues en Ouganda et au Botswana ont montré que ces enfants sont victimes de la dépossession de ces biens, surtout si l’enfant est encore mineur (Audemard et Vignikin, 2006b). Par ailleurs, beaucoup d’efforts sont fournis, au Nigéria par exemple où le gouvernement a prévu de formuler et d’appliquer les lois concernant la protection de l’héritage et les droits de propriétés des orphelins (Audemard et Vignikin, 2006b).    

Il découle de ce qui précède, la scolarisation et la formation professionnelle en petits métiers des enfants orphelins du VIH/SIDA s’avèrent indispensable pour un avenir meilleur de ces derniers. A ces propos, s’ajoute la sensibilisation des communautés pour un meilleur encadrement des enfants orphelins du VIH/SIDA.

La notion de prise en charge des enfants orphelins du VIH/SIDA dans sa globalité constitue un domaine aussi vaste, nécessitant beaucoup plus de temps pour un aperçu général de ce phénomène. Nous pensons que pour avoir une vue approfondie sur le concept de prise en charge communautaire des enfants orphelins du VIH/SIDA, il est important de l’aborder d’une façon multidimensionnelle : psychosociale, économique, scolaire, etc. L’aspect psychosocial, l’encadrement des enfants orphelins du VIH/SIDA pourraient faire l’objet d’études prochainement. 

CONCLUSION

La notion de prise en charge des enfants orphelins du VIH/SIDA est vaste et nécessite d’être étudiée suivants ses différents niveaux. Cette étude a abordé ce concept d’une façon globalisante. Elle a surtout visé à décrire la prise en charge communautaire des enfants orphelins du VIH/SIDA dans la Cité d’Aru.

Au terme de cette étude, il a été constaté que la prise en charge communautaire des enfants orphelins du VIH/SIDA est surtout basée sur certaines activités de routine que chaque famille d’accueil exerce pour la survie de ses propres membres familiaux. En ce qui concerne les orphelins vivant seuls, ils exercent également quelques activités pour leur survie. Toutes les activités entreprises ne répondent pas efficacement aux besoins apparemment visibles de ces enfants orphelins.

Au vu de tout ce qui précède, il ressort l’importance pour les organisations de lutte contre le VIH/SIDA de renforcer les capacités communautaires pouvant permettre la prise en charge effective des enfants orphelins rendus vulnérables par le VIH/SIDA. Il est également capital de considérer les mécanismes déjà existants en vue du renforcement des moyens dont disposent les familles d’accueil pour la prise en charge des enfants orphelins du VIH/SIDA.

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  • Radio Okapi (2006) Prise en charge des enfants orphelins du VIH. Radio Okapi, 25 mai, sp.
  • http://www.radiookapi.net/diffusion.php?type=actionetid=9475  (25/05/2006)
  • Women Of Africa (2001) Le SIDA en Afrique et la lutte de WOA. Women of Africa, 20 février, sp.

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