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African Population Studies
Union for African Population Studies
ISSN: 0850-5780
Vol. 22, Num. 1, 2007, pp. 57-85
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African Population Studies/Etude de la Population Africaine, Vol. 22, No. 1, 2007, pp. 57-85
STATUT DE LA FEMME, PLANIFICATION FAMILIALE ET FECONDITE A
MBALMAYO ET BAFOUSSAM, CAMEROUN
Par Rwenge Mburano,
IFORD, Yaoundé
Code Number: ep07004
RESUME
Des progrès
théoriques ont été réalisés dans le cadre de la mesure du concept de statut de
la femme mais ils nont pas été suivis (sinon très peu) par des applications
pratiques. La plupart des chercheurs continuent, en dautres termes, à
appréhender ce concept en recourant uniquement aux variables socio-économiques
(particulièrement au niveau dinstruction et à lactivité économique de la
femme) et pourtant Oppong Christine a bien élucidé son caractère
multidimensionnel à partir de la théorie de sept rôles de la femme. Lobjet de
cet article est de combler dans une certaine mesure cette lacune en recourant
aux données de lenquête « Culture, Genre et Comportements Sexuels »
réalisés par lIFORD à Mbalmayo et Bafoussam en mars-avril 2000. En plus des
indicateurs classiques du statut de la femme, dautres ont été utilisés ici
notamment lautonomie économique de la femme, son appartenance à une
association dans la communauté, la discussion au sein du couple sur la
planification familiale et la prise des décisions sur la fécondité. Deux
méthodes danalyse ont été utilisées pour évaluer au niveau individuel leffet
du statut de la femme sur la planification familiale et la fécondité. Il sagit
notamment des modèles de régression linéaire qui portent sur la parité atteinte
et ceux de régression logistique dont certains portent sur le fait de désirer
moins de cinq enfants tout le long de la vie féconde et dautres sur
lutilisation des méthodes contraceptives modernes.
Les résultats
obtenus confortent lidée selon laquelle le statut de la femme influence la
planification familiale et la fécondité au niveau individuel dans les milieux
étudiés et est une variable intermédiaire des variables socioculturelles comme
le milieu de résidence et la religion. Lamélioration du statut de la femme est
donc une condition nécessaire à la baisse de la fécondité (désirée et
effective) dans ces milieux.
1. INTRODUCTION
Les études sur la relation entre le statut de la
femme, la planification familiale et la fécondité sont justifiées par
lhypothèse selon laquelle la première variable est lun des déterminants de
la transition de la fécondité dans les pays en développement (Mason, 1984,
1988). Mais lorsquon examine les études antérieures sur le sujet, on constate
que les résultats obtenus au niveau contextuel sont conformes aux attentes
alors quau niveau individuel la relation observée est soit positive soit non
significative. Il importe alors que davantage de recherches soient menées au
second niveau danalyse.
La relation entre le statut de la femme, la planification
familiale et la fécondité a été interprétée de plusieurs manières dans la
littérature. La première interprétation est fondée sur le mode de production
familial traditionnel qui est de type patriarcal et se caractérise par une
inégalité des sexes et une inégalité dans la répartition du travail au profit
des hommes (Piché, 1990). Le niveau élevé de fécondité sexpliquerait alors
par le statut social et économique médiocre de la femme, étant donné que la
division inégalitaire du travail loblige de compter sur des nombreux enfants
pour assurer les travaux domestiques et nourrir la famille. Ce dernier renvoie
à la première forme de lutilité économique des enfants, à savoir leur travail
productif. Sa deuxième forme est, si lon en croit Caldwell (1987),
lassistance que ceux-ci apportent à leurs parents pendant la vieillesse. La première
est appelée motivation de production et la seconde celle de sécurité-vieillesse
(Anker et Nuggent, 1960 ; cité par Kouamé et Rwenge, 1996). Ces deux types
de motivation sappliquent aux femmes de faible statut. La seconde
interprétation est socioculturelle. Selon celle-ci, la forte fécondité de
femmes de faible statut se justifie aussi par le fait quelles nont pas le
pouvoir de remettre en question les valeurs traditionnelles. Ainsi, elles ont
beaucoup denfants parce que lenfant a aussi une valeur « sociale »
élevée dans leurs groupes socioculturels dappartenance. La troisième est
relative au genre (Rwenge, 2002). Un statut élevé de femmes saccompagne
notamment de la prise en compte de leurs préoccupations aux niveaux familial et
communautaire. Les hommes étant généralement moins concernés que les femmes par
les problèmes de santé associés à la fécondité, un statut élevé de celles-ci
saccompagne de la prise en compte au sein des couples de leurs préoccupations
dans le domaine de santé reproductive.
En ce qui concerne la mesure du statut de la femme,
des progrès théoriques ont été aussi réalisés mais ils nont pas été
suffisamment suivis par des applications pratiques. En effet, les premières
recherches sur le sujet, parmi lesquelles celles de Schultz (1974), Concepcion
(1974), Caldwell (1979), Mason (1984), Boserup (1985), Safilios-Rothschild
(1985), Weinberger (1987), Locoh (1985, 1988), Hanwerber (1989, cité par
Assogba, 1990), Shapiro et Tambashe (1994), ont considéré uniquement la
scolarisation de la femme ou son activité économique comme indicateur de son
statut. Cette approche a été par la suite critiquée par dautres chercheurs.
Selon Cleland et Wilson (1987), un niveau élevé de scolarisation reflète plus
un changement des idéaux, des perceptions et des aspirations que des objectifs
micro-économiques. Dans le cas de lactivité de la femme telle quappréhendée,
par exemple, dans les enquêtes WFS et DHS, elle ne permet quapproximativement
de mesurer lautonomie économique de la femme et il na pas été établi quelle
influence négativement la fécondité (Jejeebhoy, 1991).
La première approche pertinente de mesure du
statut de la femme, fondée sur la théorie de sept rôles de la femme, a été
élaborée par Oppong (1980). Selon
cet auteur la femme peut avoir sept rôles dans tous les groupes sociaux : les
rôles relatifs à ses statuts de mère, de travailleuse, dépouse, de gardienne
du foyer, de membre de la famille, de membre de la communauté et dindividu.
Ainsi, à la vision unidimensionnelle du statut de la femme illustrée par une
variable se substitua une vision multidimensionnelle fondée sur cette théorie.
Cependant, si le problème concernant la relation
entre le statut de la femme et la fécondité a été bien posé, force est de
constater que plusieurs chercheurs appréhendent encore la première variable
uniquement par les variables socio-économiques. Nous nous proposons ici de
combler dans une certaine mesure cette lacune en étudiant cette relation au
niveau individuel à partir des données de lEnquête « Culture, Genre et
Comportements Sexuels » réalisée par lIFORD au Cameroun, à Mbalmayo et
Bafoussam, en 2001. La base des données de cette enquête contient, en plus des
indicateurs classiques du statut de la femme, dautres indicateurs de ce concept
notamment lappartenance de la femme à une association dans la communauté, son
autonomie économique et les rapports de genre au niveau familial.
2. ETUDES
ANTERIEURES SUR LE SUJET
Dans
les premières études sur linfluence du statut de la femme sur la fécondité
uniquement la dimension socio-économique de la première variable a été
appréhendée. Cest ainsi que certains chercheurs expliquent la forte fécondité
des femmes africaines ou leur faible utilisation des méthodes contraceptives
modernes par leur faible degré dinsertion dans le secteur moderne de
léconomie (Sadik, 1980 ;Shapiro et Tambashe, 1994).
Le
problème qui se pose dans les études antérieures est non seulement que le
statut de la femme étant une variable multidimensionnelle, elle ne peut pas
être uniquement mesurée par lactivité économique de la femme, mais aussi
celle-ci ne permet pas comme tel de bien mesurer son degré dautonomie
économique. Il faudrait en plus considérer le pouvoir de la femme de prise des
décisions sur la répartition des revenus dans le ménage. Cette variable
détermine le degré de dépendance de la femme vis-à-vis du support économique de
lenfant. Linfluence négative de lautonomie économique de la femme sur la
fécondité sexplique par son association négative avec la demande denfants et
les préférences pour un nombre élevé denfants. Dans la plupart des études
empiriques antérieures il na pas été observé que lactivité économique de la
femme influence négativement sa fécondité (Jejeebhoy, 1991). En revanche, une
relation négative a été observée entre lautonomie économique de la femme et
sa fécondité (Tfaily, 2004).
Dans le cas de linstruction, Weinberger (1987) a
observé notamment dans 38 pays que le taux de prévalence contraceptive des
femmes mariées ayant accompli une scolarité de deux ans et plus est de 24 %
supérieur à celui des femmes nayant jamais été à lécole. Linfluence positive
du niveau dinstruction de la femme sur la planification familiale a aussi été
mise en exergue dans létude de Cochrane et Guilkey (1991) en Colombie, dans
celles de Ngoju (1991) et Bradley (1995) au Kenya, de Rutenberg et al. (1991),
de Shah (1991), Mboup (2000) et Rwenge (2000). En ce qui concerne linfluence
du niveau dinstruction sur la fécondité, elle sest avérée négative dans
certains pays en développement (Cochrane, 1979 ; United Nations,
1987 ; Rwenge, 1999 ; Ayoub, 2004) et positive ou non significative à
un niveau bas dinstruction dans dautres (Jejeebhoy, 1995 ; Rwenge,
2000).
Rwenge (2000) explique, par exemple, la fécondité
davantage élevée chez les femmes de niveau primaire au Burundi, au Cameroun et
à Madagascar par une diminution des pratiques traditionnelles despacement non
compensée par le recours à des méthodes contraceptives modernes. En dautres
termes, cest à partir du niveau secondaire que les effets inhibiteurs des
comportements contraceptifs compensent dans ces pays ceux des comportements
post-partum. De même, Mboup (2000) note en comparant dans quelques pays
africains anglophones leffet inhibiteur de la contraception et celui de
linfécondité post-partum que cest chez les femmes ayant terminé au moins le
primaire que le premier est plus élevé que le second.
Ainsworth (1994) et Martin et Juarez (1995, cité par
Ayoub, 2004) expliquent les effets positifs du niveau dinstruction de la femme
sur ses comportements contraceptifs et négatifs sur sa fécondité par
lamélioration de ses perspectives économiques et sa perméabilité aux valeurs
modernes. En dautres termes, leffet du niveau dinstruction sexplique par
sa contribution au changement des idéaux, perceptions et aspirations dans le
domaine de la fécondité. Ceci montre que le niveau dinstruction nest pas
nécessairement un indicateur du statut de la femme. Une femme de niveau dinstruction
élevé a la faculté de remettre en question son statut social traditionnel mais
elle na pas nécessairement un statut élevé. Doù la nécessité de prendre en
compte dautres caractéristiques comme lappartenance de la femme à une
association dans la communauté, son activité économique, son autonomie
économique et les rapports de genre au sein de la famille. Ce qui témoigne une
fois de plus du caractère multidimensionnel du statut de la femme.
Lappartenance de la femme à une association favorise
sa mobilité et, partant, son contact avec les femmes leaders et mieux informées
sur les droits de la femme et la santé reproductive. Il sensuit quelle
saccompagne de lamélioration des connaissances des femmes. Ceci peut
négativement se répercuter sur la fécondité dautant plus quelle conduit à
lutilisation des méthodes contraceptives modernes. Mais, empiriquement, la
relation entre lappartenance de la femme à une association, la pratique
contraceptive et la fécondité na pas encore été vérifiée. En ce qui concerne
les rapports de genre au niveau familial, ses variables opérationnelles les
plus utilisées dans les études antérieures sont la discussion au sein du couple
sur la planification familiale ou la fécondité, la participation de la femme à
la prise des décisions sur la fécondité et son autonomie dans la prise de ces
décisions. Dans la plupart de ces études, ces variables ont été mises en
relation avec la pratique contraceptive (Ezeh, 1993 ; Kasongo, 1993 ;
Sembajwe, 2000 ; Rwenge, 2003). Il en est ressorti que les femmes qui
discutent souvent avec leurs conjoints sur la planification familiale ou la
fécondité sont, toutes choses égales par ailleurs, plus enclines à utiliser les
méthodes contraceptives modernes. La même relation a été mise en exergue dans
le cas de la participation de la femme à la prise des décisions. En revanche,
une relation non significative a été observée dans le cas de lautonomie de la
femme dans la prise des décisions sur la fécondité (Rwenge, 2003). La relation
entre la discussion au sein du couple et la fécondité sest plutôt avérée
positive en Inde (Tfaily, 2004).
La discussion au sein du couple y augmente le degré
dempathie et motive les conjoints à collaborer pour atteindre leurs objectifs
dans le domaine de la fécondité. Ainsi, une fréquence élevée de discussion au
sein du couple sur la planification familiale ou la fécondité conduit à la
prise en compte des préoccupations de la femme dans le domaine de la
planification familiale et de sa santé (Kritz et Adebusoye, 1995 ; Kritz
et al., 1997 ; Blank et al., 1996 ; Gage, 1994). Il en est de même de
la prise conjointe des décisions au sein du couple.
Dans cet article, nous essayons dapporter des éléments de
réponse aux questions suivantes : le statut de la femme influence-t-il la
planification familiale et la fécondité au niveau individuel ? Est-il une
variable intermédiaire des variables socioculturelles comme le milieu de
résidence et la religion ? Les données utilisées ici sont celles de
lenquête susmentionnée. Dans ce qui suit nous présentons dabord les données
et méthodes utilisées, ensuite les caractéristiques du sous- échantillon
considéré et enfin nous évaluons leffet du statut de la femme sur la
planification familiale et la fécondité. Cet article se termine par la
discussion des résultats obtenus.
3. DONNEES
ET METHODES DANALYSE
On retrouve dans
la base des données que nous utilisons 1679 individus âgés de 15-49 ans parmi
lesquels 835 sont des femmes. Cette base contient un indicateur de la planification
familiale, à savoir lutilisation des méthodes contraceptives au moment de
lenquête, et deux indicateurs de la fécondité : le nombre denfants
désirés et la parité atteinte. Les deux sont considérés ici. Le premier permet
dappréhender la fécondité désirée et le second la fécondité réalisée ou
effective. Cette distinction est justifiée par lhypothèse selon laquelle la
transition de la fécondité désirée précède celle de la fécondité réalisée.
Lamélioration du statut de la femme conduit dabord à la baisse de la demande
dun nombre élevé denfants. Ce nest que lorsquelle est suivie dune forte
utilisation des méthodes contraceptives modernes quelle se répercute
négativement sur la fécondité effective.
Dans notre
base des données il y a plusieurs indicateurs du statut de la femme parmi
lesquels nous retenons ici les suivants :
1° Le niveau
dinstruction de la femme.
2° Lactivité
économique de la femme.
3° Lappartenance
de la femme à une association dans la communauté.
4° La discussion
au sein du couple sur la planification familiale.
5° Lautonomie
de la femme dans la répartition des revenus au sein du ménage.
6° La prise des
décisions sur la fécondité.
Etant donné
que les trois derniers indicateurs se rapportent aux couples, létude que nous
menons porte uniquement sur les femmes en union. Leur effectif dans notre
échantillon est de 432. Pour mieux mesurer le statut de la femme à partir du
troisième indicateur il importe aussi de ne considérer que les couples. Cette
considération permet notamment de distinguer les femmes ayant le pouvoir de
faire face aux pressions négatives des hommes dans le domaine de leur mobilité
et de leur appartenance à un groupe dans la communauté des autres.
Plusieurs
méthodes danalyse sont utilisées dans cet article pour évaluer leffet du
statut de la femme sur lutilisation des méthodes contraceptives modernes et la
fécondité.
Les premières
sont celles de régression logistique sur le fait quune femme désire avoir
moins de cinq enfants tout le long de sa vie féconde. Dans ces modèles, les
variables indépendantes sont les quatre premiers indicateurs du statut de la
femme et les variables de contrôle comme lâge, létat matrimonial, le type
dunion, le milieu de résidence, la religion et le groupe ethnique.
La
régression logistique permet, comme on le sait, détablir une relation linéaire
entre le logarithme de P/ (1-P) et les variables indépendantes, P désignant la
probabilité pour que la variable dépendante soit à létat 1 (il sagit, par
exemple, ici de la probabilité pour que la femme enquêtée désire avoir moins de
cinq enfants tout le long de sa vie féconde). Le modèle de régression
logistique sécrit alors comme suit :
P/(1-P) = e β0 Π eβi X i où i = 1,2,3
n
les Xi
étant les variables indépendantes et βi
leurs coefficients estimés par la méthode de maximum de vraisemblance et par
itération.
Les modèles de
régression logistique sont aussi utilisés ici pour évaluer leffet net du
statut de la femme sur lutilisation des méthodes contraceptives modernes. En
plus des variables indépendantes ci-dessus mentionnées, les deux autres
indicateurs du statut de la femme sont considérés dans ce cas ainsi que le
nombre denfants désirés. En prenant compte de cette dernière variable, nous
voulons montrer quelle médiatise leffet du statut de la femme sur la pratique
contraceptive.
Pour évaluer
leffet net du statut de la femme sur la parité atteinte, uniquement les
modèles de régression linéaire sont utilisés. En plus des variables
indépendantes ci-dessus mentionnées la pratique contraceptive est prise en
compte dans ces modèles. Ceci permettra de vérifier lhypothèse selon laquelle
le statut de la femme a un effet direct et un effet indirect sur la fécondité
via la demande denfants et la planification familiale.
Le modèle de
régression linéaire sécrit comme suit :
Y
= β1 X1 + β2
X2 + β3 X3
+ β4 X4 +
+ βn
Xn +βo
Où Y désigne la variable
dépendante, Xi (i=1,2,
,n) les différentes variables indépendantes
et βi (i=0,1,2
n)
leurs coefficients estimés par la méthode des moindres carrés ordinaires.
Quelle que
soit la variable dépendante, les modèles danalyse utilisés ressemblent aux
modèles pas-à-pas. Ces derniers sont notamment ceux qui nous permettent de
mieux répondre à nos questions spécifiques de recherche.
4. Caracteristiques
dU SOUS-Echantillon
Dans le
sous-échantillon considéré, les femmes Bamiléké (53,9 %) et Bëti (46,1 %) sont
représentées. Dans ce sous-échantillon, les femmes musulmanes (4,2 %) sont
faiblement représentées au contraire notamment des catholiques (43,6 %) et
protestantes (39,6 %). On y retrouve une proportion assez importante des femmes
adeptes dautres religions chrétiennes (12,5 %).
Les femmes
citadines (47 %) et rurales (53 %) sont presque équitablement représentées dans
le sous-échantillon. La plupart des femmes en union quon y retrouvent sont
monogames (74,6 %). Parmi elles, 58,6 % sont mariées et 16,0 % vivent en unions
libres. Les polygames représentent 25,5 % de lensemble. Tous les groupes
dâges sont représentés dans le sous-échantillon. On y retrouve notamment les
jeunes femmes (29,0 %), les adultes (21,3 % et 35,0 %) et les plus âgées (14,7
%).
Tableau 1 : Répartition des
femmes selon quelques unes de leurs caractéristiques (ECGSMBAF, 2000)
Caractéristiques
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Milieu
de résidence (MILRES)
-
Urbain
-
Rural
|
203
229
|
47,0
53,0
|
Groupes
dâges (AGE)
-
15-24
-
25-29
-
30-39
-
40-49
|
124
91
150
63
|
29,0
21,3
35,0
14,7
|
Etat
matrimonial * Type dunion (SITMAT)
-
Mariées monogames
-
Unions libres monogames
-
Mariées polygames
|
253
69
110
|
58,6
16,0
25,5
|
Religion
(RELIG)
-
Catholique
-
Protestante
-
Autres chrétiennes
-
Musulmane
|
185
168
53
18
|
43,6
39,6
12,5
4,2
|
Groupe
ethnique (ETHNIE)
-
BAMILEKE
-
BETI
|
233
199
|
53,9
46,1
|
Les distributions des variables
considérées pour appréhender le statut de la femme sont reprises dans le
tableau 2 ci-dessous. Les femmes de niveau primaire (42,1 %) et celles de
niveau secondaire premier degré (45,2 %) sont plus représentées dans
léchantillon que celles de niveau secondaire second degré (12,7 %). De même,
on y retrouve davantage les inactives (37,0 %) et les agricultrices (38,9 %)
que les commerçantes (14,3 %) et les cadres et employées (8,3 %). Il ressort
aussi de données du sous-échantillon que, dans les milieux étudiés, la proportion
des femmes appartenant à une association dans la communauté est assez
importante (40,5 %) dans les milieux étudiés.
Dans ces milieux, la plupart des
femmes (61,6 %) discutent de la planification familiale avec leurs conjoints.
Les décisions sur la répartition des revenus y sont généralement prises par les
conjoints (61,6 %). La proportion des femmes économiquement autonomes est donc
très faible (9,8 %) dans ces milieux. Les décisions sur la fécondité y sont
prises soit par le conjoint seul (47,4 %) soit conjointement (34,9 %) et
rarement par les femmes seules (17,7 %).
Tableau 2 : Répartition
des femmes selon les variables considérées pour appréhender leur statut (ECGSMBAF, 2000)
Variables
considérées pour appréhender le statut de la femme
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Niveau
dinstruction (INSTR)
-
Primaire
-
Secondaire 1er degré
-
Secondaire 2nd degré
|
179
192
54
|
42,1
45,2
12,7
|
Occupation
(OCCUP)
-
Inactives
-
Agricultrices
-
Commerçantes
-
Cadres et employées
|
155
163
60
35
|
37,0
38,9
14,3
8,3
|
Qui
décide de la répartition du revenu dans votre union (DECREV)
-
Moi-même
-
Mon conjoint
-
Nous deux
|
41
258
120
|
9,8
61,6
28,6
|
Membre
dune association (MASSOC)
-
Oui
-
Non
|
164
256
|
40,5
59,5
|
Discute
avec conjoint sur la PF (DISPF)
-
Souvent
-
Parfois
-
Non
|
154
104
161
|
36,8
24,8
38,4
|
Qui
prend les décisions sur le nombre denfants dans votre union (DECENF)
-
Moi-même
-
Mon conjoint
-
Nous deux
|
71
190
140
|
17,7
47,4
34,9
|
5. STATUT DE LA FEMME ET DEMANDE DENFANTS
Plusieurs modèles de régression
logistique ont été utilisés pour évaluer leffet du statut de la femme sur la
demande denfants (tableau 3).
Parmi les indicateurs du statut de la
femme considérés dans ces modèles, deux déterminent la variable dépendante au
seuil de 5 %. Il sagit notamment du niveau dinstruction de la femme et de la
discussion au sein du couple sur la planification familiale. Lorsquon augmente
le seuil de signification jusquà 10%, lappartenance de la femme à une
association dans la communauté fait aussi partie des déterminants de la
variable dépendante.
Tableau 3 : Risques
relatifs de désirer moins de cinq enfants tout le long de la vie féconde (ECGSMBAF, 2000)
Variables
et modalités
|
M1
|
M2
|
M3
|
M4
|
M5
|
M6
|
ETHNIE
-
BETI
-
BAMILEKE
|
0,8465
(r)
|
0,8253
(r)
|
0,6977
(r)
|
0,8871
(r)
|
0,6728
(r)
|
0,6444
(r)
|
RELIG
-
Catholique
-
Protestante
-
Autres chrétiennes
-
Musulmane
|
(r)
1,3978
0,9550
0,6284
|
(r)
1,3994
0,9121
0,6451
|
(r)
1,4414
1,0625
0,8031
|
(r
)
1,4819
0,7312
0,6694
|
(r)
1,4916
0,8301
0,8398
|
(r)
1,4546
0,7845
0,9408
|
MILRES
-
Urbain
-
Rural
|
2,9118**
(r)
|
2,8408**
(r)
|
2,5957**
(r)
|
2,6961**
(r)
|
3,0293**
(r)
|
3,2865**
(r)
|
MASSOC
-
Oui
- Non
|
|
1,4276*
(r)
|
|
|
1,3212*
(r)
|
1,3582*
(r)
|
INSTR
-
Primaire
-
Secondaire 1er degré
-
Secondaire 2nd degré
|
|
|
0,4364**
(r)
1,9676**
|
|
0,3989**
(r)
2,0274**
|
0,4559**
(r)
1,8828
|
OCCUP
-
Inactives
-
Agricultrices
-
Commerçantes
-
Cadres et employés
|
|
|
|
0,9671
(r)
1,2655
1,7188**
|
0,6541
(r)
0,9480
0,7060
|
0,5910
(r)
1,0067
0,6896
|
DISPF
-
Souvent
-
Parfois
-
Non
|
|
|
|
|
|
0,8529
(r)
0,5479**
|
AGE
-
15-24
-
25-29
-
30-39
-
40-49
|
1,8175**
1,4538
(r)
0,6934
|
|
1,8762**
1,2693
(r)
1,0989
|
2,0440**
1,4787
(r)
0,7634
|
2,1185**
1,2972
(r)
1,1573
|
2,0961**
1,3014
(r)
1,2015
|
SITMAT
-
Monogames
-
Unions libres
-
Polygames
|
(r)
1,0508
0,7540
|
|
(r)
1,1039
0,9107
|
(r)
0,9437
0,7127
|
(r)
1,0030
0,8554
|
(r)
0,9785
0,8433
|
XHI-DEUX
|
27,516**
|
29,272**
|
41,878**
|
27,646**
|
43,082**
|
43,920**
|
** p ≤ 0.05. * p ≤
0.10.
Toutes choses égales par ailleurs, le niveau
dinstruction de la femme a une influence positive sur la demande dun nombre
faible denfants. Avant la prise en compte de la discussion au sein du couple
sur la planification familiale, le risque de désirer moins de cinq enfants
était deux fois plus élevé chez les femmes de niveau secondaire second degré
que chez celles de niveau secondaire premier degré. De même, ce risque était 60
% plus élevé chez celles-ci que chez celles de niveau primaire. La différence
observée dans le premier cas est devenue non significative après contrôle de la
discussion au sein du couple sur la planification familiale. En ce qui concerne
cette dernière variable, il est ressorti que les femmes qui ne discutent pas
avec leurs conjoints sur la planification familiale ont 45 % moins de risque de
désirer moins de cinq enfants que celles qui en discutent parfois. Enfin, ce
risque sest avéré 1,36 fois plus élevé chez les femmes membres dassociations
que chez dautres.
Leffet de lactivité économique de la
femme sur la demande denfants était significative avant le contrôle de celui
du niveau dinstruction. Les femmes cadres et employées avaient 1,72 fois plus
de risque de désirer moins de cinq enfants que les agricultrices mais la
différence entre les deux groupes sest annulée lorsque leffet du niveau
dinstruction a été contrôlé.
Dans lensemble des autres variables
indépendantes, il ny a que le milieu de résidence et lâge qui
déterminent la demande denfants dans les milieux étudiés. Toutes choses égales
par ailleurs, les femmes citadines ont 3,29 fois plus de risque que les femmes
rurales de désirer moins de cinq enfants. Les femmes jeunes âgées de 15-24 ans
ont 2,10 fois plus de risque que celles de 30-39 ans de désirer moins de cinq
enfants.
6. statut de la femme ET UTILISATION DE LA CONTRACEPTION
Plusieurs modèles de régression
logistique ont été aussi utilisés ici pour évaluer leffet du statut de la
femme sur lutilisation des méthodes contraceptives modernes (tableau 4).
Dans lensemble des indicateurs
du statut de la femme considérés, uniquement la discussion au sein du couple
déterminait la variable dépendante avant le contrôle de la demande denfants.
De même, avant le contrôle de leffet de la première variable, le niveau
dinstruction de la femme avait une influence significative sur la variable
étudiée au contraire notamment de son activité économique. Cest notamment
après contrôle de leffet du niveau dinstruction de la femme que celui de son
activité sest annulé.
Dans le cas des autres variables
indépendantes, uniquement lethnie détermine la pratique contraceptive ;
linfluence du milieu de résidence et celle de lâge se sont annulées lorsque
leffet du niveau dinstruction a été contrôl
Tableau
4 : Risques relatifs dutiliser les méthodes contraceptives modernes au
moment de lenquête (ECGSMBAF, 2000).
Variables
et modalités
|
M1
|
M2
|
M3
|
M4
|
M5
|
M6
|
M7
|
M8
|
ETHNIE
-
BETI
-
BAMILEKE
|
0,3560**
(r)
|
0,3661**
(r
)
|
0,3319**
(r)
|
0,3743**
(r)
|
0,3459**
(r)
|
0,3033**
(r)
|
0,2731**
(r)
|
0,2966**
(r)
|
RELIG
-
Catholique
-
Protestante
-
Autres chrétiennes
- Musulmane
|
(r)
1,0311
1,4465
0,2625*
|
(r
)
1,0909
1,4159
0,2782*
|
(r)
1,0992
1,4864
0,3111
|
(r)
1,1403
1,7082
0,2947
|
(r)
1,1403
1,7082
0,2947
|
(r)
1,1643
1,8807
0,3175
|
(r)
1,0836
1,4324
0,3189
|
(r)
1,0522
1,3873
0,2827
|
MILRES
-
Urbain
-
Rural
|
1,5538*
(r)
|
1,4798
(r)
|
1,3663
(r)
|
1,4647
(r)
|
1,4647
(r)
|
1,5785
(r)
|
1,5258
(r)
|
1,2882
(r)
|
MASSOC
-
Oui
-
Non
|
|
1,2203
(r)
|
1,1657
(r)
|
1,2584
(r)
|
1,2584
(r)
|
1,2876
(r)
|
1,3893
(r)
|
1,3294
(r)
|
INSTR
-
Primaire
-
Secondaire 1er degré
-
Secondaire 2nd degré
|
|
|
0,5761**
(r)
1,1458
|
|
0,6806**
(r)
1,0673
|
0,7446
(r)
0,9082
|
0,8014
(r
)
0,8915
|
0,8786
(r)
0,8387
|
OCCUP
-
Inactives
-
Agricultrices
-
Commerçantes
- Cadres et employées
|
|
|
|
0,9991
(r)
1,4237
2,2422**
|
0,9200
(r)
1,2852
1,7438
|
0,8497
(r)
1,1891
1,7652
|
0,8548
(r)
1,2247
1,4014
|
0,9311
(r)
1,3037
1,5844
|
DISPF
-
Souvent
-
Parfois
- Non
|
|
|
|
|
|
1,5966*
(r)
0,5913*
|
1,6212*
(r)
0,5946*
|
1,6288
(r)
0,6283
|
DECREV
-
Moi-même
-
Mon conjoint
-
Nous deux
|
|
|
|
|
|
|
1,1307
(r)
1,2740
|
1,0684
(r)
1,1789
|
DECENF
-
Moi-même
-
Mon conjoint
-
Nous deux
|
|
|
|
|
|
|
0,9939
(r)
1,2320
|
1,0113
(r)
1,1789
|
Nombre
denfants désirés
-
≤ 4
-
≥ 5
|
|
|
|
|
|
|
|
1,8233**
(r)
|
AGE
-
15-24
-
25-29
-
30-39
-
40-49
|
0,7884
0,9847
(r)
0,3200**
|
0,7826
0,9943
(r)
0,3359**
|
0,7440
0,8755
(r)
0,4394
|
0,7814
1,1317
(r)
0,3648*
|
0,7666
1,0632
(r)
0,4419
|
0,7299
1,1317
(r)
0,4710
|
0,8103
1,3164
(r)
0,5427
|
0,8472
1,3122
(r)
0,5916
|
SITMAT
-
Monogames
-
Unions libres
-
Polygames
|
(r)
1,9027*
0,7914
|
(r)
1,9285*
0,7460
|
(r)
1,9438*
0,8125
|
(r)
1,9005
0,6914
|
(r)
1,8767
0,7391
|
(r)
1,9201
0,8227
|
(r)
1,5805
0,7361
|
(r)
1,6150
0,7427
|
XHI-DEUX
|
24,037**
|
24,759**
|
25,396**
|
27,821**
|
27,821**
|
34,899**
|
35,987**
|
37,151**
|
**
p ≤ 0.05. * p ≤ 0.10.
La demande dun nombre élevé
denfants influence très négativement lutilisation des méthodes contraceptives
modernes. Le risque dadopter ce comportement sest avéré 1,82 fois plus élevé
chez les femmes qui désirent moins de 5 enfants que chez dautres. Avant la
prise en compte de cette variable dans le modèle de régression logistique, les
femmes qui discutent souvent avec leurs conjoints sur la planification
familiale avaient 1,62 fois plus de risque dutiliser ces méthodes contraceptives
que celles qui en discutent parfois. Celles-ci avaient 40 % plus de risque
dadopter ce comportement que celles qui nen discutent pas. La femme de niveau
primaire avait 31 % moins de risque dutiliser la contraception moderne avant
que leffet de la discussion au sein du couple sur la planification familiale
soit contrôlé.
7. statut
de la femme ET FECONDITE
Pour évaluer leffet du statut de
la femme sur la fécondité, les modèles de régression linéaire ont été utilisés
(tableau 5).
Parmi les différents indicateurs
du statut de la femme, uniquement lactivité économique, la discussion au sein
du couple sur la planification familiale et la prise des décisions sur la
répartition des revenus déterminaient la fécondité dans les milieux étudiés avant
le contrôle de leffet de la demande denfants. Leffet du niveau dinstruction
sest annulé lorsquon a contrôlé celui de son activité économique.
Avant le contrôle de la demande
denfants, les femmes cadres et employées avaient moins denfants que les
agricultrices. Au même niveau danalyse, les femmes qui ne discutent pas avec
leurs conjoints sur la planification familiale avaient moins denfants que
celles qui en discutent parfois. De même, les femmes qui prennent seules les
décisions sur la répartition des revenus avaient moins denfants que celles
dont les conjoints prennent seules ces décisions.
Dans les milieux étudiés, la
demande dun nombre faible denfants a une influence très négative sur la
fécondité. Lutilisation des méthodes contraceptives modernes a dans ces
milieux une influence plutôt positive sur la fécondité. La situation
matrimoniale y fait aussi partie des déterminants de la fécondité. Par rapport
aux femmes mariées aux hommes monogames, celles vivant en unions libres y ont
moins denfants. En revanche, par rapport aux premières, les femmes mariées aux
hommes polygames y ont plus denfants. Linfluence de la religion est devenue
non significative lorsquon a contrôlé le niveau dinstruction de la femme.
Linfluence de la religion est redevenue significative lorsquon a contrôlé
lautonomie économique de la femme et non significative lorsquon a contrôlé la
prise des décisions sur la fécondité
Tableau 5 : Effets nets
sur la parité atteinte des variables considérées pour appréhender le
statut de la femme et dautres variables indépendantes (ECGSMBAF, 2000)
Variables et modalités
|
M1
|
M2
|
M3
|
M4
|
M5
|
M6
|
M7
|
M8
|
M9
|
M10
|
M11
|
ETHNIE
BETI
BAMILEKE
|
0,0468
(r)
|
0,0541
(r)
|
0,0259
(r)
|
0,0318
(r)
|
0,0323
(r)
|
0,0118
(r)
|
-0,0053
(r)
|
-0,0033
(r)
|
0,0050
(r )
|
0,0163
(r )
|
0,0312
(r )
|
RELIG
Catholique
Protestante
Autres
chrétiennes
Musulmane
|
(r)
-0,0817**
-0,0346
0,0261
|
(r)
-0,0791**
-0,0287
0,0270
|
(r)
-0,0657**
-0,0404
0,0052
|
(r)
-0,0823**
-0,0182
0,0219
|
(r)
-0,0639
-0,0346
0,0064
|
(r)
-0,0663
-0,0149
0,0051
|
(r)
-0,0692
-0,0121
0,0141
|
(r)
-0,0724*
-0,0179
0,0078
|
(r )
-0,0758*
-0,0340
-0,0137
|
(r )
-0,0527
-0,0544
-0,0245
|
(r )
-0,0600
-0,0561
-0,0241
|
MILRES
Urbain
Rural
|
-0,0324
(r)
|
-0,0272
(r)
|
-0,0264
(r)
|
0,0040
(r )
|
-0,0230
(r)
|
0,0119
(r)
|
0,0405
(r)
|
0,0463
(r)
|
0,0356
(r )
|
0,0251
(r )
|
0,0282
(r )
|
MASSOC
Oui
Non
|
|
-0,0082
(r)
|
|
|
-0,0072
(r)
|
0,0002
(r)
|
0,0051
(r)
|
0,0108
(r)
|
0,0272
(r )
|
0,0222
(r )
|
0,0158
(r )
|
INSTR
Primaire
Sec 1er
degré
Sec 2nd
degré
|
|
|
0,0202
(r)
-0,0644*
|
|
0,0193
(r)
-0,0569*
|
0,0051
(r)
-0,0405
|
0,0151
(r)
-0,0510
|
0,0162
(r)
-0,0595
|
0,0285
(r )
-0,0357
|
0,0290
(r )
-0,0344
|
0,0312
(r )
-0,0338
|
OCCUP
Inactives
Agricultrices
Commerçantes
Cadres et employées
|
|
|
|
-0,0564
(r)
-0,0034
-0,0466
|
|
-0,0538
(r)
-0,0255
-0,0386
|
-0,0788
(r)
-0,0570
-0,0553
|
-0,0851*
(r)
-0,0605*
-0,0964**
|
-0,0783
(r )
-0,0556
-0,0974**
|
-0,0474
(r )
-0,0296
-0,0696
|
-0,0551
(r )
-0,0422
-0,0775
|
DISPF
Souvent
Parfois
Non
|
|
|
|
|
|
|
0,0501
(r)
-0,0900**
|
0,0440
(r)
-0,0899**
|
0,0644
(r)
-0,0854**
|
0,0504
(r )
-0,0804**
|
0,0501
(r )
-0,0817**
|
DECREV
Moi-même
Mon
conjoint
Nous deux
|
|
|
|
|
|
|
|
-0,0684**
(r)
0,0286
|
-0,0666**
(r )
0,0224
|
-0,0515
(r )
0,0294
|
-0,0522
(r )
0,0285
|
DECENF
Moi-même
Mon
conjoint
Nous deux
|
|
|
|
|
|
|
|
|
0,0179
(r )
-0,0274
|
0,0279
(r )
-0,0238
|
0,0303
(r )
-0,0245
|
Nombre denfants désirés
≤ 4
≥ 5
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
-0,1116**
(r )
|
-0,1147**
(r )
|
Pratique contraceptive
Nutilise
pas
Traditionnelles
Modernes
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
(r )
0,0271
0,0839**
|
AGE
15-24
25-29
30-39
40-49
|
-0,5029**
-0,2595**
(r)
0,2147**
|
-0,4880**
-0,2433**
(r)
0,2048**
|
-0,5074**
-0,2476**
(r)
0,2534**
|
-0,4952**
-0,2443**
(r)
0,2088**
|
-0,4933**
-0,2343**
(r)
0,2446**
|
-0,4905**
-0,2259**
(r)
0,2469**
|
-0,4925**
-0,2218**
(r)
0,2297**
|
-0,4931**
-0,2186**
(r)
0,2327**
|
-0,4863**
-0,2306**
(r )
0,2562**
|
-0,3981**
-0,2001**
(r )
0,2801**
|
-0,3961**
-0,2004**
(r )
0,2861**
|
Age au carré
|
-0,706**
|
-0,754**
|
-0,801**
|
-0,805**
|
-0,814**
|
-0,825**
|
-0,824**
|
-0,827**
|
-0,837**
|
-0,879**
|
-0,886**
|
SITMAT
Monogames
Unions
libres
Polygames
|
(r)
-0,1090**
0,0269
|
(r )
-0,1062**
0,0394
|
(r)
-0,0915**
0,0540
|
(r)
-0,1099**
0,0234
|
(r)
-0,0889**
0,0649
|
(r)
-0,0869**
0,0653*
|
(r)
-0,0930**
0,0872**
|
(r)
-0,0889**
0,0915**
|
(r )
-0,0945**
0,0897**
|
(r )
-0,1022**
0,1146**
|
(r )
-0,1024**
0,1162**
|
R²
|
0,4264
|
0,4384
|
0,4730
|
0,4287
|
0,4826
|
0,4832
|
0,4834
|
0,4878
|
0,5196
|
0,5732
|
0,5788
|
** p ≤ 0.05. * p ≤
0.10.
8. DISCUSSION
DES RESULTATS
Dans cet
article, nous avons évalué leffet du statut de la femme sur la demande
denfants, la planification familiale et la fécondité. Parmi les indicateurs du
statut de la femme considérés dans lensemble des variables indépendantes de la
demande dun nombre faible denfants, le niveau dinstruction de la femme et la
discussion au sein du couple sur la planification familiale ont positivement
influencé cette variable dépendante au seuil de 5 %. En plus de ces variables,
lappartenance de la femme à une association la aussi positivement influencé
au seuil de 10 %.
Le fait que
leffet de lactivité économique de la femme sur la demande denfants sest
annulé après contrôle de celui de son niveau dinstruction signifie que la
première variable influence indirectement cette variable dépendante via la
seconde. En dautres termes, la différence observée entre les femmes
agricultrices et les femmes cadres et employées sexplique par la différence
des niveaux dinstruction entre les deux groupes. Par ailleurs, étant donné que
les effets de lautonomie économique de la femme et de la prise conjointe des
décisions sur la répartition des revenus se sont avérés non significatifs,
lamélioration du niveau dinstruction des femmes dans les milieux étudiés est
une condition suffisante de lintensification dans ces milieux de la demande
dun nombre faible denfants.
Les
résultats obtenus confortent donc lhypothèse selon laquelle le premier
mécanisme daction du niveau dinstruction des femmes sur leur fécondité est
quil contribue au changement de leurs perceptions et aspirations dans ce
domaine. Son action est non seulement directe mais aussi indirecte car le
contrôle de leffet de la discussion au sein du couple sur la planification
familiale a annulé la différence qui a été observée entre les femmes de niveau
secondaire second degré et celles de niveau secondaire premier degré. Laction
de linstruction des femmes sur la demande denfants passe donc dans les milieux
étudiés aussi par les rapports de communication au sein des couples quelle
améliore. Comme la discussion au sein des couples a fait partie des
déterminants de la demande denfants dans ces milieux, lamélioration de ces
rapports pourrait y accélérer le processus dintensification de la demande dun
nombre faible denfants.
Linfluence
positive de lappartenance de la femme à une association sur la demande dun
nombre faible denfants sexplique par le fait quelle favorise sa mobilité et
son contact avec dautres femmes et, partant, ses connaissances sur les
problèmes de santé associés à la fécondité. Lon devrait pour cela passer dans
les milieux étudiés par les associations pour mieux sensibiliser les femmes sur
ces problèmes et les rôles que jouent dans ce domaine les rapports de
communication quelles entretiennent avec leurs conjoints. Un des moyens dy
arriver serait didentifier dans ces milieux les femmes leaders ayant une bonne
connaissance de ces problèmes et les utiliser pour sensibiliser dautres femmes
dans les associations.
Lhypothèse
selon laquelle le statut de la femme est une variable intermédiaire des
variables socioculturelles comme le milieu de résidence et la religion sest
avérée fausse dans le cas de la demande denfants. En effet, aucun indicateur
du statut de la femme a annulé ou réduit significativement leffet du milieu de
résidence sur la demande denfants. De même, aucun indicateur du statut de la
femme a eu un effet quelconque sur la relation entre la religion et la
variable étudiée.
Dans
lensemble des indicateurs du statut de la femme, cest uniquement la
discussion au sein des couples sur la planification familiale qui a
positivement influencé lutilisation des méthodes contraceptives modernes.
Leffet du niveau dinstruction de la femme sest annulé lorsquelle a été
contrôlée. Leffet de son activité économique sest annulé lorsque son niveau
dinstruction a été contrôlé. Ces résultats témoignent une fois de plus de
lintérêt daméliorer les rapports de communication au sein des couples dans
les milieux étudiés. Comme les indicateurs du statut de la femme ayant
positivement influencé la demande dun nombre faible denfants nont pas fait
partie des déterminants de lutilisation des méthodes contraceptives modernes
dans les milieux étudiés, les services doffre de la contraception moderne y
devraient être améliorés, en quantité et qualité. Il nous semble donc que dans
ces milieux les femmes de niveau élevé dinstruction et celles qui
appartiennent aux associations désirent avoir moins denfants mais elles y sont
confrontées aux difficultés daccéder aux méthodes contraceptives modernes.
Lhypothèse
selon laquelle le statut de la femme est une variable intermédiaire des
variables socioculturelles dans le cas de létude des comportements
contraceptifs sest avérée vraie. En effet, une fois contrôlé le niveau
dinstruction de la femme, la différence positive observée entre les femmes
citadines et les femmes rurales sest annulée ainsi que celle observée entre
les femmes chrétiennes et les musulmanes.
Dans les
milieux étudiés, la discussion au sein du couple sur la planification familiale
a significativement influencé la fécondité mais linfluence de cette variable
sest avérée, contrairement a nos attentes, positive. Ce résultat témoigne
encore plus de lexistence dun problème daccessibilité aux méthodes
contraceptives modernes dans ces milieux. Ce résultat peut toutefois aussi
traduire lexistence dune relation bidirectionnelle entre la discussion au
sein des couples et la fécondité. Il serait en effet possible quune forte
fécondité motive la femme et son conjoint à discuter des problèmes familiaux
dont entre autres la répartition des revenus et le nombre denfants
supplémentaires. Ce qui témoigne de la nécessité de disposer des données
longitudinales pour mieux évaluer leffet du statut de la femme sur la
fécondité dans les milieux étudiés.
Le fait que
la fécondité sest avérée plus faible chez les femmes cadres et employées que
chez les agricultrices conforte lhypothèse de lutilité économique des
enfants. Les premières, au contraire des secondes, ne comptent pas sur de
nombreux enfants pour effectuer leurs activités. En plus de lexercice par les
femmes des activités modernes, leur indépendance économique a aussi
négativement influencé la fécondité dans les milieux étudiés. Par conséquent,
lon devrait, pour baisser la fécondité dans ces milieux, non seulement y
éliminer les obstacles à leur exercice des activités dans le secteur moderne de
léconomie, mais aussi les y aider à améliorer le rendement de leurs activités
agricoles par le recours aux méthodes « modernes » et y promouvoir
pour elles les activités génératrices des revenus. Ces actions leur permettront
notamment de disposer de leurs propres revenus et de ne plus trop compter sur
leurs conjoints et un nombre élevé denfants. Comme dans les milieux étudiés
les hommes prennent la plupart des décisions sur la répartition des revenus
dans ménages, ces actions y seraient accompagnées par dautres visant lamélioration
du pouvoir des décisions de femmes. Celle-ci entraînera que les revenus de
leurs activités soient aussi utilisés pour surmonter les difficultés auxquelles
elles sont confrontées dans le domaine de planification familiale.
Etant donné
que dans les milieux étudiés, lexercice par les femmes des activités modernes
et leur autonomie économique ny ont pas positivement influencé lutilisation
des méthodes contraceptives modernes, ils y déterminent la fécondité via
dautres variables intermédiaires. Nous pensons particulièrement à lâge au
premier mariage (compte tenu de leur forte association avec le niveau élevé
dinstruction) et au recours aux méthodes de régulation de la fécondité autres
que la contraception. Ceci témoigne de lintérêt dentreprendre dans les
milieux étudiés des études spécifiques sur le statut de la femme et la
fécondité.
Le fait que la
différence négative observée entre femmes protestantes et les autres sest
annulée une fois contrôlé le niveau dinstruction de la femme confirme
lhypothèse selon laquelle celui-ci est une variable intermédiaire de la
religion dans le cas de létude de la fécondité effective. Comme cette
différence est redevenue significative une fois contrôlé lautonomie économique
de la femme, celle-ci est plutôt une variable inhibitrice de la religion. La
non prise en compte de celle-là dans les modèles multivariées a en effet caché
leffet significatif de celle-ci sur la fécondité.
Lâge, le
groupe ethnique et la situation matrimoniale sont les variables de contrôle qui
ont influencé lune ou lautre variable dépendante étudiée.
La relation
négative observée entre la première variable de contrôle et la demande dun
nombre faible denfants conforte lhypothèse selon laquelle la transition de la
fécondité désirée est effective dans les jeunes générations des femmes dans les
milieux étudiés. Loffre de planification familiale devrait donc être améliorée
dans ces milieux pour quelles atteignent lobjectif quelles se sont fixées
dans le domaine de la fécondité.
Comme le
risque dutiliser les méthodes contraceptives modernes était plus faible chez
les Bëti que les Bamiléké, il faudrait renforcer les actions de
sensibilisation sur la planification familiale en milieu Bêti. La prévalence
des IST/VIH étant plus élevée dans ce milieu quen milieu Bamiléké (Rwenge,
2002), lon devrait particulièrement sensibiliser les Bëti sur lutilisation
des condoms dautant plus quils permettent aussi déviter ces maladies.
La faible
fécondité observée dans les unions libres sexplique par le fait que dans ce
type dunion les femmes se sentent moins contraintes davoir beaucoup denfants
que dans les autres. Lon sait en effet quen Afrique la famille exerce une
pression forte sur les individus dans le domaine de la fécondité (Donadjé,
1992). Mais comme cest lhomme qui est interpellé par sa famille pour réaliser
ses objectifs de fécondité, après avoir subi la pression de sa famille, il
lexerce sur sa femme. Mais, dans les unions libres, les femmes se sentiraient
moins obligées que dans les autres de ne pas y résister. Létat matrimonial
serait donc un indicateur du statut de la femme dans les milieux étudiés.
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