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African Population Studies
Union for African Population Studies
ISSN: 0850-5780
Vol. 12, Num. 1, 1997

African Population Studies/Etude de la Population Africaine, Vol. 12, No. 1, March/mars 1997

Fécondité, sécurité-vieillesse et politique de population 1
Evidences d’une étude de terrain : Kinshasa

Benoît Mukanda-Bantu KALASA

Expert Population et Développement, FNUAP-IDEP* Dakar, Sénégal

Code Number: ep97003

Résumé

En l’absence de système institutionnel de pension de vieillesse, le nombre d’enfants constitue, sous conditions de survie et d’obéissance, une source de sécurité matérielle pour les parents. D’où des objectifs de fécondité, en terme de nombre total d’enfants élevés. L’instauration des transferts institutionnels de type public pour le vieil âge, serait susceptible, sous réserve d’étendue et de couverture, de conduire les acteurs impliqués dans le cycle de reproduction à revoir à la baisse leur objectif reproductif. Les systèmes de pension agiraient sur la fécondité de façon indirecte par la diminution du risque d’insécurité matérielle dans la vieillesse; et ce grâce aux modifications induits dans les paramètres de valorisation de l’enfant-sécurité et/ou de la fécondité intrinsèque. Ce sont ces modifications qui s’installent dans la vie quotidienne des jeunes générations et qui sont transmises comme nouvelles normes sociales, lesquelles, à leur tour, agiront sur les variables intermédiaires classiques de fécondité. L’article ci-dessous explore le contexte de telles hypothèses en comparant les motivations de fécondité de deux générations, les actifs affiliés à un régime de retraite et les pensionnés du même régime, ainsi que les fondements des modifications intervenues dans le comportement de reproduction.

 In the absence of an institutional old-age pension scheme, the number of children constitutes, under conditions of survival and obedience, a source of material security for parents. Hence fertility goals, in terms of the total number of brought up children. The establishment of institutional transfers in old age, of a public type, would be likely, subject to scope and coverage, to lead actors involved in the reproductive cycle to scale down their reproductive strategy. Pension schemes would act indirectly on the reduction of the risk of material insecurity in old age; and this thanks to the modifications carried out in the parameters for the valorization of the child-security and/or intrinsic fertility. It is these modifications which take place in the daily life of the younger generations and which are transmitted as new social standards (norms) which, in turn, will act on classic intermediate variables of fertility. The article below explores the context of such assumptions by comparing the fertility motivations of two generations, working people affiliated to a retirement scheme and pensioners of the same scheme, as well as the foundations of the modifications which took place in the reproductive behaviour.

Introduction

Parler des personnes âgées dans les pays en développement relève quelque part d'un certain anachronisme. La croissance démographique rapide attire toute l'attention et mobilise tous les efforts intellectuels et financiers. Pourtant cette

catégorie de la population continue de prendre une part de plus en plus significative dans la pyramide des âges des pays en développement. D'après les Nations Unies, dans les années quatre-vingt-dix, près de 500 millions de personnes âgées de 60 ans et plus vont vivre dans le monde dont 58 % dans les pays en développement.

Par rapport aux pays développés, ce qui change c'est le pourcentage de cette catégorie par rapport à la population totale. Si on estime à 17 % la population de 60 ans et plus dans les pays développés, elle ne représente que 7 % de la population totale dans les pays en développement tandis qu'elle est à peine de 5 % au Zaïre.

Dans les pays en développement, les pensions de vieillesse, invalidité, et survie sont encore le privilège d'une minorité de la population en âge de retraite, et là où elles existent réellement, elles sont loin de constituer un revenu réel d'autosuffisance pour les allocataires. Nous utiliserons dans la suite les termes de "sécurité-vieillesse", ou "sécurité en général" pour parler des conditions qui prévalent dans la vie des personnes âgées et susceptibles d'être prises en compte dans les déterminants de la fécondité.

Notre but est d'essayer de comprendre dans un contexte de fécondité élevée, de structures sociales favorables à cette haute fécondité, dans quelle mesure l'enfant est perçu comme une valeur d'assurance (de sécurité) dans le vieil âge ; et s'il y a lieu de penser à une substitution entre l'enfant en plus et la perspective d'une pension de retraite suffisante. Si c'est le cas, comment les comportements de reproduction se modifient-ils ? En d'autres termes, quels sont les mécanismes susceptibles d'induire une baisse de la fécondité.

Les systèmes de pension sont étudiés d'abord en tant qu'institutions de politique sociale. Par delà cette mission redistributive, nous voulons voir en l'établissement et/ou l'élargissement des systèmes de pension un instrument de politique de population. En dehors de l’intérêt théorique que recèle toute interrogation scientifique, il convient de rechercher les retombées pratiques ou politiques de l’étude scientifique des interrelations Pension-Fécondité.

I/ Cadre conceptuel

I.1 Fondements théoriques et empiriques des interrelations

Pension-Fécondité.

Les interrelations Pension-Fécondité se fondent sur une base intuitive. En effet, au départ on a considéré que le développement des systèmes de pension devait conduire à une baisse de la fécondité au même titre que les autres indicateurs du développement économique. Mais plus tard, il a fallu dépasser cette vue intuitive pour passer à la mesure des effets réels. A la base, on trouve deux grands courants de pensée.

Le premier est d'obédience microéconomique : la fécondité répond à l'évolution des taux de rendement sur l'enfant, celui-ci représentant à la fois des coûts et des bénéfices. Le bénéfice net déterminerait dans quelle mesure la fécondité élevée serait avantageuse pour les parents (G. Becker, 1981 ; R. Willis, 1986). L'aide que l'on attend des enfants dans le vieil âge est fréquemment cité comme un important bénéfice que les enfants procurent. Dans cet esprit, des pensions publiques généralisées représenteraient un substitut à l'aide des enfants. Même si cette substitution est partielle, le bénéfice net attendu serait diminué si les parents étient couverts par une pension de vieillesse.

Le second tire plutôt son fondement des normes sociales ainsi que des rôles des acteurs sociaux. La société fonctionne dans un climat d'accord tacite entre parents et enfants (ou entre jeunes et vieilles générations). L'argumentation sociologique se fonde sur un fonctionnement intergénérationnel lui-même fonction des structures familiales en place. Un désaccord dans la relation intergénérationnelle ainsi qu'une nucléarisation de la famille rendant urgente l'instauration des pensions publiques. Ces dernières seraient donc un transfert de l'aide dans le vieil âge du privé (famille, même élargie) vers le public (administration locale ou nationale) (R. Anker, 1982 ; M. Cain, 1981 ; (J.C.Caldwell, 1982).

Ces deux courants regroupent ce que l’on appelle les hypothèses microéconomiques pour les premières et normatives pour les secondes, et forment un champ complémentaire d'explication des relations inverses attendues entre les programmes de pension et les niveaux de fécondité.

Dans des études portant sur le statut de la femme, la préférence du sexe de l'enfant etc. M. Cain (1984) introduit l'enfant comme valeur d'assurance dans un modèle de reproduction qui peut être ainsi énoncé : "les parents souhaitent maximiser leur utilité de reproduction sous contrainte que la probabilité d'une aide adéquate et la qualité de vie dans le vieil âge est égale ou inférieure à la probabilité d'un certain objectif". Pour ce faire, les parents définissent des conditions minimales de sécurité dans le vieil âge en termes de nombre d'enfants survivants. Les facteurs qui procèdent à la définition de ces objectifs peuvent être nombreux et variables d'une société à une autre et d'une époque à une autre. Parmi les plus cités, on trouve les niveaux de mortalité et le degré de loyauté des enfants.

L'objectif peut être abaissé par :

  • l'élimination des risques ou leur diminution,
  • le remplacement des enfants par d'autres sources de sécurité,
  • ou une combinaison de ces éléments.

Or, qu'observe-t-on dans la plupart de pays du Tiers-Monde ? Une multiplicité de risques (physiques, maladies, désastres naturels, chômage), insuffisance sinon inaccessibilité aux institutions de crédit, absence de marché financier.

De ce qui précède, on peut déduire que le développement administratif et politique peut éliminer le besoin d'auto-sécurité que la large famille procure car il met en place la police, les tribunaux et la loi qui protègent les citoyens. Parallèlement, la croissance du revenu et de l'épargne réduit la dépendance des adultes par rapport à leurs enfants. Mais, encore faut-il que les marchés d'assurance et de finances soient développés, dans le cas contraire, l'enfant retrouvera sa place de première source de sécurité en l' absence des mécanismes réels de prévention contre des risques dans un environnement réputé à risques.

Sur le plan empirique, les résultats des études transversales marquent une avancée dans la recherche du fondement des interrelations pension-fécondité.

D'une part, il apparaît que des programmes de "sécurité économique dans le vieil âge" peuvent être un appui à toute politique visant à réduire les niveaux de fécondité, et que d'autre part une faible fécondité en facilitera l'expansion, conduisant de la sorte à de nouvelles réductions de fécondité etc. Par rapport aux modèles théoriques, ils apportent, à partir des données transversales sur plusieurs pays, une preuve empirique des relations Pension-Fécondité, sous réserve des techniques statistiques utilisées et de la qualité des données. Des études prospectives de Hohm aux équations simultanées de Entswile et Winegarden (1984), l'existence des effets mutuels entre les programmes de pension et la fécondité est confirmée.

Quant aux enquêtes micro-familiales, elles marquent une grande avancée dans la recherche des mécanismes reliant l'anticipation des conditions d'insécurité dans le vieil âge et le comportement de reproduction. Elles offrent l'avantage de s'adresser à des individus directement concernés par les décisions de fécondité. Des auteurs comme M.Cain (1983,1984), Robinson (1986), Michaël et Carol Vlassof (1980), De Vany et Sanchez (1977-1978) et Ridker (1980) se sont investis dans ce domaine. Compte tenu de la sensibilité des résultats au milieu d'étude, on gagnerait à multiplier des études analogues en d'autres lieux où la fécondité élevée justifie qu'on s'intéresse aux voies cachées susceptibles d'éclairer l’appréhension de ce phénomène.

I.2 Hypothèses

L’hypothèse principale peut être énoncée ainsi :

Dans un environnement socio-économique incertain, à risques, l'enfant demeure une valeur d'assurance-vieillesse sûre et la fécondité élevée tend à accroître cette sécurité. Si les actifs actuels anticipent des conditions de vie d'insécurité dans la période d'inactivité liée à l'âge, afin de se prémunir contre ce fait, ils adoptent un comportement de reproduction maximisateur avec à l'arrivée une descendance élevée. Mais si par contre, il est offert aux mêmes personnes la perspective des conditions de vie moins incertaines, par exemple, en offrant comme valeur alternative à l'enfant, la pension de retraite qui garantirait des ressources dans le vieil âge et assurerait de la sorte une autonomie vis-à-vis des enfants et des tiers, on pourrait s'attendre à terme à une modification à la baisse du comportement de reproduction.

De cette hypothèse principale, nous pouvons déduire les hypothèses secondaires suivantes :

  1. Pour marquer la modification à la baisse du comportement de reproduction, les actifs affiliés à un régime de retraite commencent par désirer des familles de taille moyenne sinon faible.
  2. La deuxième hypothèse secondaire découle de la première. Pour pouvoir passer d'une famille nombreuse à une famille réduite, il n'y a que la pratique contraceptive (moderne ou traditionnelle) qui puisse rendre effective cette baisse. En quoi la pratique de la contraception des actifs affiliés à un régime de pension-vieillesse est-elle différente de celle de la population en général ?
  3. Le désir d'une famille nombreuse est fonction en partie de la conviction qu'ont les parents en la valeur de protection-vieillesse que leur procure une descendance nombreuse. Si, grâce à l'anticipation des pensions de retraite les actifs pensent réduire leur fécondité, on s'attendrait à ce qu'ils attachent une valeur d'assurance-vieillesse faible à l'enfant.
  4. Dans la mesure où la pension de retraite est supposée pourvoir aux besoins vitaux des pensionnés, les actifs affiliés à un régime de pension-vieillesse penseraient leur retraite en termes de repos, sans recherche d'occupation rémunératrice.
  5. Dans un environnement socio-culturel où la famille occupe le centre de la vie sociale, le mode de résidence "joint-families" devrait être généralisé. En d'autres termes, le taux d'hébergement devrait s’élever.

Ces hypothèses relatives pour la plupart à la population active ne peuvent être appréhendées qu'en rapport avec d'autres observations se rapportant à la génération précédente, en l'occurrence celle des personnes vivant actuellement leur retraite. Ceci à double titre. Premièrement, l'hypothèse de substituabilité Enfant-Pension ne pourrait être testée qu'à ce niveau, et deuxièmement, c'est par l'observation des retraités que les actifs projettent leur propre retraite et anticipent leur niveau de vie futur. En fonction de cette perception, ils mettent en place un ensemble de stratégies allant de l’accumulation matérielle à l’investissement dans les enfants, l’investissement immobilier ou la retraite anticipée etc...

I.3 Source de données et Méthodologie

Pour tester les hypothèses spécifiées ci-haut, nous avons mené une enquête auprès des Pensionnés et Actifs de Kinshasa (Epakin).

  1. Description de l’étude
  2. L’étude a porté sur trois populations cibles :

Les retraités d'abord, dans la mesure où les actifs formulent leurs anticipations des conditions de retraite à partir des conditions vécues par les retraités actuels. Ceux-ci, par leur propre expérience, et selon les rapports qu'ils ont avec leurs enfants et leur famille en général, permettent de se faire une idée de la valeur de l'enfant et de la potentialité de la pension de retraite à assurer le rôle sécurisant joué par l'enfant.

Les actifs ensuite, on sait qu'ils sont doublement impliqués dans la production : celle de biens et celle des enfants. C'est par leur implication dans la production des biens qu'ils peuvent prétendre à une pension de retraite qui pourrait constituer un substitut à l'aide des enfants.

Enfin, les entreprises qui sont partie prenante dans la mise en place de la politique des pensions.

L'Institut national de Sécurité sociale (INSS) est la seule institution gestionnaire des pensionnés des entreprises publiques, para-publiques et privées. A la date du 30 Juin 1990, l'INSS gérait 158 103 allocataires, toutes prestations confondues, notamment pensions, risques professionnels et allocations familiales.

De ce total, 119 596 étaient allocataires du régime des pensions de retraite dont près de 16 000 pour la ville de Kinshasa, soit 13,4 %.

Néanmoins, le listing définitif qui a servi de base de sondage ne reprenait que 11 577 pensionnés effectifs. Cette population était répartie dans les vingt-quatre zones de résidence de la capitale. L'objectif était de toucher un échantillon de 500, soit une base de sondage de 1/23ème. Ce taux sera appliqué sur chaque zone afin d'avoir des effectifs répartis proportionnellement à la distribution effective des pensionnés sur la capitale. Afin de prévenir les absences, décès et déménagements, nous avons relevé l'objectif à 600, soit une réserve de 100. Après enquête et dépouillement, 443 enquêtés ont été touchés, soit un taux de couverture de 89 %.

Le choix des actifs dépendait des entreprises retenues sur base d'un choix raisonné. Au départ, nous pensions couvrir les principaux secteurs d'activité du milieu professionnel zaïrois. Mais, pour diverses raisons, refus d'accès, climat social malsain, contraintes matérielles, quatre entreprises furent retenues, comptant au moment du passage 26 185 employés. Le tirage de l'échantillon dans chacune d'elle s'est fait de façon aléatoire en partant des listings du personnel réparti par sexes et catégories professionnelles, notamment cadres, maîtrises et manoeuvres. Le critère de sélection pertinent demeurait l'activité tandis que les autres variables ne pouvaient être que secondaires sinon négligeables. Sur un objectif de 500 travailleurs, 418 ont été touchés par l'enquête dont 25 % de femmes.

  1. Méthodologie

L’outil principal de cette étude est un questionnaire à trois volets :

Le " volet Entreprise " a pour finalité de pouvoir mesurer le degré de couverture sociale dans le monde du travail et la part des pensions dans les prélèvements obligatoires des entreprises. Le point de vue des employeurs est recherché, par ailleurs, dans l’optique de modification de politique sociale.

Mais, c’est dans les " volets Actifs et Pensionnés " que sont saisies les variables nécessaires à la vérification des hypothèses. Deux catégories de variables sont définies: la première comprend des variables dites directes parce que déduites directement du questionnaire, tandis que la seconde est constituée des variables transformées c’est-à-dire qui sont le résultat du traitement informatique pour fin d’analyse. Au total le volet " Actifs " compte 106 variables contre 57 pour le volet " Retraités ".

Dans chaque volet, il y a une partie socio-démographique constituée par un ensemble de questions sur l’individu, son âge, sexe etc... ainsi que les caractéristiques socio-économiques courantes : statut matrimonial, religion, niveau d’instruction, secteur d’activité, position sociale etc...

Plus spécifiquement, nous trouvons dans le volet " Retraités ", un ensemble de questions qui mesurent tour à tour, la satisfaction retirée de la pension de retraite, sa capacité d’assurer l’autonomie matérielle au pensionné etc... Quant au volet " Actifs ", il rassemble une série de questions destinées à apprécier les anticipations des conditions de retraite, mais également c’est dans ce volet que sont introduites les questions relatives à la pratique contraceptive.

La première technique utilisée est "l'analyse canonique" qui consiste en la recherche des couples de variables en corrélation maximale. Le but est d'examiner les liens existants entre deux ensembles de variables afin de savoir s'ils mesurent ou non les mêmes réalités, dans ce cas la fécondité.

Ces variables sont d'une part, les variables classiques de fécondité que sont: l'âge au mariage (AGEMAR), le nombre d'enfants vivants (NENF), la famille idéale (FAMIDEAL), le nombre de frères et soeurs dans la famille d'origine, le nombre d'enfants supplémentaires désiré et l'intention de fécondité comme somme du nombre d'enfants vivants et de celui désiré en plus. Et d'autre part, les variables dites de sécurité-vieillesse, parmi lesquelles : la situation des pensionnés telle que la perçoivent les actifs actuels (SITPENS), la valeur sécurité-vieillesse de l'enfant (ENFSEC), l'attente d'aide des enfants (ENFAIDE), la contribution aux dépenses des tiers (CONTDEPC) et l'activité projetée pendant la retraite.

Quant à la mesure des interrelations, on a eu recours à la statistique du Chi-carré. L’objectif est de vérifier s’il y a indépendance entre une variable X et une variable Y. Ces variables se présentant sous forme de tableau de contingence, il y a indépendance lorsque la connaissance de X ne change pas les distributions conditionnelles de Y.

Enfin la mesure des paramètres de valorisation de l’enfant s’inspire des modèles log-linéaires (T. Amemiya, 1981). L’objectif est de comparer les variations au niveau des paramètres de valorisation définis sur deux périodes et portant sur deux types de variables, soit une variable de comportement et une variable d’attitude.

II. Principaux résultats.

II.1 Des flux inter-générationnels

Quand on demande aux travailleurs (sexes confondus), s'ils attendent de l'aide de leurs enfants, la majorité (66 %) répondent positivement. L'aide attendue est essentiellement monétaire (50 %) suivie de l'aide en temps (30 %) et de l'aide en nature (nourriture principalement). Un faible pourcentage (7,5 %) attend des enfants une aide sous forme de logement. Ce faible pourcentage s'explique par la volonté d'être propriétaire de son propre logement, ou par de sombres perspectives quant au niveau de vie des enfants.

L'attente d'aide des enfants évolue avec l'âge. En effet, si chez les moins de 30 ans, à peine 20 % attendent quelque chose de leurs enfants, en fin du cycle de fécondité (50 ans), ce pourcentage se situe entre 70 % pour les hommes et 86 % pour les femmes.

Cette aide est estimée provenir de façon indifférenciée des enfants des deux sexes, même si les filles apparaissent être les plus sensibles aux problèmes des parents . Il convient de noter que même les actifs qui déclarent ne rien attendre de leurs enfants (21,6 %) assortissent leur réponse de la possibilité de choix qu'a l'enfant de décider de leur venir en aide, dans la mesure de ses moyens. L'attente d'aide des enfants est estimée légitime d’autant que les actifs eux-mêmes contribuent présentement aux dépenses des parents (80,25 %), de beaux-parents (47,45 %) ou de la famille élargie (77 %).

Cette attitude est renforcée par la valeur d'asssurance-vieillesse que les enquêtés attachent à l'enfant, valeur déduite de la réponse à la question : considérez-vous que l'enfant constitue une sécurité dans la vieillesse ? Tous groupes d'âges et sexes confondus, les pourcentages de réponse positive varient de 70 % en début du cycle de reproduction à 100 % en fin de cycle. Quand on regarde l’affectation de l'aide reçue par les pensionnés de leurs enfants, il ressort que 78,4 % de cette aide sont alloués aux cérémonies (forme monétaire et aide en temps principalement), 73,1 % à la nourriture et 31,4 % aux voyages. Seulement 4,5 % des pensionnés déclarent vivre chez leurs enfants, ce qui induit un faible taux d'hébergement.

L’existence de ces échanges laisse penser que l'enfant, qui en garantit la perpétuation et de par le rôle social et économique qu'il est appelé à jouer, aura une place importante dans pareille société. Il suffit de se référer à la signification que l'on donne à la fécondité pour comprendre que nous ne sommes pas loin de la réalité.

En effet, 37 % des pensionnés estiment que l'enfant est une richesse contre 18,5 % qui voient dans l'enfant une source de problèmes (coûts de l'éducation, enfants sans emploi qu'il faut continuer à prendre en charge, enfants délinquants ou déloyaux etc...) tandis que la majorité acceptent l'enfant comme un don de Dieu.

En conclusion sur l'existence et la permanence des transferts, on peut retenir que les actifs restent proches des pensionnés dans la nature des échanges qu'ils entretiennent avec leurs parents ou la famille élargie. La forme monétaire prédomine, suivie de près par l'aide en temps et l'aide en nature. Les aides reçues par les pensionnés de leurs enfants confirment et restent proches de cette distribution. Ceci est une indication de la stabilité des normes sociales liées à la solidarité intergénérationnelle voir intragénérationnelle.

Mais le vécu du pensionné a plusieurs implications parmi lesquelles la destruction du capital confiance que les actifs peuvent avoir dans le sytème des pensions. Ce qui a pour conséquence de déclencher un ensemble de comportements stratégiques allant de la retraite anticipée à l'investissement dans l'éducation des enfants, afin de pouvoir s'assurer un flux maximum d’aide de ces derniers.

Ce souci de maximisation passerait aussi par de fortes attentes d'aide des enfants, par le renforcement de la croyance en la valeur sécurité-vieillesse des enfants et peut-être aussi par le maintien à des niveaux élevés du nombre d'enfants estimé nécessaire pour garantir la sécurité dans la vieillesse, sécurité que n'arrive pas à assurer le système institutionnel.

II.2 Mesure des interrelations

Les résultats de l'analyse canonique démontrent que les variables de fécondité et celles de sécurité-vieillesse décrites ci-dessus mesurent bien la même réalité, étant donné la corrélation canonique significativement différente de zéro. Cette réalité commune pourrait être traduite en ces termes : la recherche d'une sécurité matérielle aussi bien qu'immatérielle dans la vieillesse au travers d'un comportement de reproduction de préférence maximisateur.

Mais, la technique utilisée ici indique tout au plus la mesure d'une réalité commune par deux groupes de variables différents. Aussi, nous avons recherché à tester le degré de liaison entre les deux groupes par la statistique du X2.

Les principaux résultats sont résumés dans le tableau no I :

Tableau I : Croisement Variables de fécondité et Variables de Sécurité

VARIABLES

EFFECTIF

CHI-CARRE

PROBABILTE

SEUIL DE SIGNIFICATION

Enfsec*Nenf

418

16,67

0,001

0,05

Enfsec*Famideal

264

7,30

0,026

0,05

Enfsec*Agemar

418

4,07

0,254

0,10

Enfaide*Nenf

418

25,59

0,000

0,05

Enfaide*Agemar

418

14,20

0,027

0,05

Contdepc*Nenf

418

69,09

0,000

0,05

Contdepc*Famideal

264

12,71

0,002

0,05

Contdepc*Agemar

418

76,08

0,000

0,05

Source : Epakin 1990.

La situation des pensionnés, la préparation de la retraite, le désir d'exercer une activité rémunérée pendant la retraite, l'attente d'aide des enfants, la valeur-assurance des enfants, la contribution aux dépenses de la belle-famille etc... peuvent être qualifiées de variables "positives de fécondité" c'est-à-dire, que toutes choses restant égales par ailleurs, elles agiraient plutôt dans le sens du renforcement et du maintien des comportements de reproduction à objectif nombre d’enfants élevée et à l'échelle macro à une croissance démographique rapide due principalement à des niveaux de fécondité élevés.

Toutefois, l'analyse de la structure interne des différents tableaux croisés donne une conclusion intéressante: aux modalités extrêmes des variables de fécondité, une différence apparaît entre ceux qui valorisent l'aide des enfants, l'aide aux tiers ou la valeur sécurité-vieillesse de l'enfant et ceux qui ne le font pas. En effet, les actifs qui se situent dans cette dernière catégorie sont proportionnellement plus nombreux à montrer une préférence pour des familles de taille moyenne tandis que les familles de grande taille les attirent moins.

C'est là une indication capitale. Des modifications à la baisse dans les variables de sécurité se traduisent par des modifications aussi dans les variables de fécondité, surtout dans leurs modalités extrêmes, soit moins de propension pour les très grandes familles et une préférence pour les familles de taille moyenne. Ces modifications ont lieu de façon significative dans les âges plus jeunes, chez les moins de 40 ans , ce qui du point de vue impact, augmente leur portée.

II.3 Système de Pension et Pratique contraceptive

Une des hypothèses secondaires laissait présager un comportement de contraception généralisé dans la population des actifs affiliés à un système de pension de retraite. Qu'en est-il exactement ?

Les résultats des croisements entre variables de sécurité et variables de "pratique contraceptive" concluent à l'existence d'une dépendance entre ces groupes de variables. En effet, la lecture du Tableau noII ci-dessous, montre bien qu'à l'exception des croisements Enfant-securité et Pratique actuelle de la contraception chez les moins de 40 ans et Contribution aux dépenses des Tiers et Pratique actuelle de la contraception chez les 40 ans et plus, tous les chi-deux sont statistiquement significatifs au seuil de 10 %.

Les conclusions des croisements Variables de sécurité et Pratique actuelle de la contraception, sont confirmées également au niveau de la contraception d'arrêt. Il y a proportionnellement plus de pratique de contraception d'arrêt chez les personnes qui n'attachent pas de valeur-sécurité à l'enfant dans les deux groupes.

Ces résultats ont pour principale implication que dans la mesure où les programmes de pension peuvent réduire les différentes valorisations liées à l'enfant, ils faciliteraient la propension à la pratique de la contraception et donc à un meilleur contrôle des tailles des familles. Ce qui à terme se traduirait par un ralentissement de la croissance démographique.

Tableau II: Croisement Variables de Sécurité et Variables de Pratique contraceptive

VARIABLES

CHI-CARRE

PROBABILTE

SEUIL DE SIGNIFICATION

Enfsec*Pratact

Moins de 40 ans

40 ans et plus

2,82

4,98

0,245

0,083

0,10

0,10

Enfsec*Arretco

Moins de 40 ans

40 ans et plus

4,76

4,05

0,092

0,132

0,10

0,10

Enfaide* Pratact

Moins de 40 ans

40 ans et plus

9,30

9,10

0,054

0,059

0,10

0,10

Enfaide* Arretco

Moins de 40 ans

40 ans et plus

6,53

8,26

0,161

0,082

0,10

0,10

Contdepc* Pratact

Moins de 40 ans

40 ans et plus

7,11

4,03

0,029

0,133

0,10

0,10

Contdepc* Arretco

Moins de 40 ans

40 ans et plus

10,95

5,15

0,004

0,076

0,10

0,10

Source : Epakin 1990.

II.4 Substitution Enfant-Pension

Qu'en est-il de la substitution Pension-Enfant ? A ce propos, 44 % des Pensionnés estiment que des perspectives d'autonomie matérielle dans l'après-activité auraient eu pour effet de faire baisser leur objectif de fécondité. Ce qui est une indication déterminante quant à la capacité substitutive de la Pension à l'enfant marginal.

Cependant, cette substituabilité n'implique pas l'apologie de l'indépendance vis-à-vis des enfants, car en effet près de 80% des enquêtés estiment que ce n'est pas une bonne chose de ne plus avoir besoin d'aide de ses enfants. Les principales raisons avancées sont :

  • les enfants ont l'obligation de venir en aide à leurs parents ;
  • les enfants ont le devoir de rendre ce que les parents ont fait pour eux ;
  • si Dieu envoient les enfants aux parents, c'est dans le but de les secourir ;
  • étant donné tout ce qui précède, toute défaillance est passible de punition.

Il est aisé dès lors de comprendre que dans un contexte pareil, il demeure encore une majorité de pensionnés à penser que quel que soit le niveau de la pension, elle ne pourrait constituer un substitut parfait de la famille nombreuse, qui est désirée pour d'autres motifs que ceux matériels ou économiques seulement.

La valeur attachée à l'enfant laisse croire que la prédominance des valorisations non matérielles sur celles matérielles n'est pas de nature à faciliter la substitution Pension-Enfant attendue. En effet, seules des motivations économiques de la fécondité élevée peuvent être relevées avec chance de succès par des pensions de retraite offrant un pouvoir d'achat réel et effectif aux allocataires.

Enfin, il convient de signaler un résultat que nous pouvons considérer comme provisoire sous réserve d'amélioration de la modélisation utilisée. Nous avons, en effet, tenté d’évaluer des paramètres de valorisation de l'enfant-sécurité et de la famille nombreuse sur deux générations, en mettant en parallèle Actifs et Pensionnés.

Par l'application des modèles log-linéaires sur deux variables qualitatives à deux modalités (positives-négatives) nous déduisons que s'il y a modification à la baisse du paramètre de valorisation de l'enfant-sécurité, la baisse enregistrée dans le paramètre de valorisation de fécondité intrinsèque n'est pas encore suffisante pour pouvoir marquer un renversement significatif dans le comportement de reproduction. Il n’en demeure pas moins que les variables de sécurité sont indicatrices des différentes valorisations liées à la fécondité dans une communauté. Leur mesure à ce titre reste capitale dans l'appréhension des phénomènes qui accompagnent le comportement de reproduction.

Conclusion

Dans cette étude, nous avions opté pour une approche systémique. Parler de la fécondité élevée des pays en développement au travers des personnes âgées. L'originalité de notre démarche réside en ce qu'elle arrive à concilier deux approches différentes, à savoir la demande des enfants et le modèle d'offre de la fécondité, le traitement classique ayant jusque là été la fragmentation des deux modèles.

Nous partons des motivations qui amènent les décideurs (au sein d'un ménage donné) à opter pour une descendance nombreuse en Afrique. Et nous émettons l'hypothèse que l'anticipation des transferts intergénérationnels pour motif d'assurance ou de sécurité conduit à un comportement de reproduction maximisateur. Ces transferts sont d'autant plus faciles que la société a su sauvegarder, quelque fois sous des formes nouvelles, les structures de la solidarité familiale ou clanique traditionnelle alors que tout laissait croire à leur disparition.

Ces transferts ne deviennent efficients qu'à l'âge adulte des enfants même s’il est permis de penser que de menus services sont sollicités des enfants dans les sociétés traditionnelles dès le bas âge. Des enfants adultes supposent des parents atteignant déjà des âges avancés, d'où le lien établi entre la fécondité et la sécurité dans la vieillesse.

Les données de l'enquête auprès des pensionnés et actifs de Kinshasa confirment les hypothèses de base de cette étude. En effet, il apparaît qu'en fin de période de reproduction, 70 % des hommes et 86 % des femmes attendent de l'aide de leurs enfants, tandis qu'à la même période, 100 % des enquêtés considèrent que l'enfant constitue une sécurité dans la vieillesse. Les variables de sécurité agissent ainsi dans le sens d'un comportement de fécondité maximisateur qui est une réponse à un "objectif de sécurité" élevé. Objectif de sécurité qui se traduit en "nombre d'enfants".

Les analyses des interrelations entre les "variables de sécurité" et celles "de fécondité" aboutissent toutes à des résultas significatifs. Par l'image négative que les actifs ont de la situation médiocre des pensionnés, il y a renforcement des attitudes de croyance en la valeur sécurité-vieillesse des enfants, d'attente d'aide, de la nécessité d'entretenir des échanges avec les générations des parents etc..., attitudes qui se matérialisent par une fécondité élevée induite d'un objectif de sécurité lui-même élevé.

Dans ce contexte, il est normal que toute action qui méconnaît ces voies cachées des comportements de fécondité ne pourra aboutir qu'à des résultats mitigés. Ce processus est long et passe par une transformation de différents paramètres de la demande des enfants. Par rapport aux hypothèses secondaires, le paramètre associé à la fécondité intrinsèque demeure encore à un niveau qui ne se matérialise pas par le désir de "familles réduites", c'est-à-dire de moins de quatre enfants. L'analyse des écarts à l'indépendance a montré que les couples ne se sentaient en sécurité qu’à partir de quatre enfants seulement.

Toutefois, les analyses des associations ont conduit à l'isolement d'un fait majeur. Dans certains sous-groupes, des modifications à la baisse dans la valeur sécurité-vieillesse de l'enfant ou dans l'attente d'aide des enfants se traduisent par un désir des familles de taille réduite et donc un éloignement des normes de la famille nombreuse. Ce qui de façon conséquente conduit à une pratique de la contraception plus importante.

Etant donné qu'une des hypothèses de ce travail reposait sur la possibilité de substitution Pension-Enfant, que pouvons-nous en conclure ? A ce niveau, il nous faudrait distinguer deux catégories de réponses :

  • d'abord sur le principe : Près de la moitié des pensionnés actuels à Kinshasa reconnaissent à la pension l'aptitude substitutive à l'enfant. Une anticipation d'un niveau acceptable de la pension de vieillesse leur aurait permis de réduire leur objectif de sécurité. C'est là une indication capitale du rôle des anticipations dans le comportement présent.
  • Ensuite, il y a la réalité. En effet, la famille nombreuse reste valorisée pour d'autres motifs que ceux strictement économiques. Pour peu que les valorisations non économiques dominent celles économiques, la substitution Pension-Enfant devient difficile. Surtout quand, comme indiqué ci-dessus, le contexte économique et institutionnel est très défavorable. On peut citer la faiblesse des allocations, la faible couverture des régimes de pension ainsi que leur faible étendue.

De ce qui précède, rien ne permet encore d’identifier un démarcage significatif du comportement traditionnel à fécondité élevée. D'où la difficulté de voir se généraliser la contraception chez les actifs affiliés à des régimes de retraite, même si les résultats montrent une pratique contraceptive plus élevée dans ce groupe que dans la population de Kinshasa en général. Cette différence est à attribuer probablement à d'autres facteurs tel le niveau d'instruction généralement plus élevé chez les travailleurs du secteur moderne que dans la population prise dans son ensemble.

Mais les variations enregistrées dans le paramètre de valorisation de l'enfant-sécurité permettent de conclure, compte tenu des associations entre les variables de sécurité et celles de contraception, que toute action agissant en priorité dans le sens de ces modifications, serait plus efficace en terme d'effet sur la fécondité que la mise en place d'un programme de limitation des naissances qui ne tienne pas compte des valorisations liées à l'enfant.

Ainsi, une politique de population ne devrait pas être exogène à l'environnement socio-économique. Et une politique endogène se comprendrait comme une politique qui se veut partie d'un maillon complexe des interrelations Pension-Fécondité ou sécurité-vieillesse et fécondité. Il faudrait s'assurer d'une part que les valorisations de familles nombreuses se modifient et d'autre part que le développement institutionnel soit apte à assurer une meilleure application des programmes de contraception.

Etant donné le lien qui existe entre une bonne politique de protection sociale et le développement économique, entre ce dernier et la démocratie, il n'est pas inintéressant de penser que les luttes démocratiques en Afrique, actuellement en cours, auront pour conséquence aussi la mise en place de politiques de population dans un environnement économique, sociologique et administratif approprié et favorable à leur réussite.

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