|
African Journal of Neurological Sciences
Pan African Association of Neurological Sciences
ISSN: 1015-8618
Vol. 21, Num. 1, 2002, pp. 3
|
African Journal of Neurological Sciences, Vol. 21, No. 1, 2002, pp. 3
Editorial
STRATÉGIE DE DÉVELOPPEMENT DE LA NEUROCHIRURGIE
EN AFRIQUE : UNE ESQUISSE.
Gilbert Dechambenoit
Code Number: ns02001
Le développement de la neurochirurgie dans les pays en voie de
développement représentant 5 milliards d'habitants est
fortement entravé par le manque de moyens financiers et techniqu. Le
fossé s'agrandit de plus en plus. Le nombre de neurochirurgien par
habitant en Afrique subsaharienne est de 1 : 6.400.000 habitants,
alors qu'un ratio de 1 : 200 000 habitants est admis. La pratique de la
neurochirurgie moderne sans une équipe de
neuroanesthésie-réanimation, sans scanner, IRM est difficile. Ces
moyens sont coûteux et souvent inaccessibles pour la plupart de la
population africaine. En Côte d'Ivoire, pays le mieux nantis de la
région ouest - africaine, le SMIG est d'environ 70 $ et cette somme
est destinée à subvenir aux besoins de base d'environ 10
personnes (alimentation, éducation, santé,...). Un examen TDM
coûte 70 $ au tarif dit social ! ! Une intervention pour
hernie discale est facturée au minimum 1000 $US !! ! Telle est la
réalité ! ! Outre le faible pouvoir d'achat de
la population l'accès à certaines techniques courantes est
limité aussi par les aléas organisationnels : rupture de
stock, maintenance, mauvaise gestion, .... La plupart des neurochirurgiens
des pays en développement sont formés dans les pays du nord et
sont totalement désemparés lorsqu'ils retournent dans leur
pays compte tenu des conditions de travail locales. Ce désarroi inhibe et
paralyse leurs actions. Le solde de leur formation est donc nulle. Par
ailleurs, il importe de se poser la question de savoir, sans proposer une
médecine au rabais, s'il faut calquer le modèle de
développement de la neurochirurgie des pays du Nord tant les
réalités économiques sont différentes ? Il nous
semble qu'il faille proposer des alternatives stratégiques.
C'est-à-dire définir des moyens thérapeutiques et
diagnostiques fondamentaux permettant de traiter tous les patients en absence de
tels ou tels équipements compte tenu de l'absence de ressources
financières. Un GROUPE DE TRAVAIL sous l'égide de
sociétés savantes, Panafrican Association of Neurological
Societies (PAANS), World Federations of Neurosurgical Societies (WFNS) en
étroite collaboration avec les neurochirurgiens africains et du
SUD pourrait se réunir et faire des propositions concrètes en ce
sens. Ces propositions devront être le résultat d'une
concertation multidisciplinaire associant : neurochirurgiens,
neuroradiologues, anesthésiste - réanimateurs, pharmacologues,
ingénieurs biomédicaux mais aussi anatomopathologistes,
neurophysiologistes, radiothérapeutes, infirmier(e)s et partenaires
industriels.
Les propositions doivent définir une logistique technique en
tenant compte des réalités locales et être établies
sur les critères suivants :
- efficacité diagnostique et thérapeutique,
- faible iatrogénicité,
- rapport qualité - prix,
- self made.
Grâce à leur esprit d'initiative et leur savoir
- faire, l'exemple des neurochirurgiens du Zimbabwe est
à cet égard tout à fait remarquable. La valve du Dr Levi
de type unishunt est simple à fabriquer et proposée à un
coût de 25 $ . L'exérèse de tumeurs
intra-médullaires en 2 temps réalisée par le Dr Kalangu
sans utilisation de bistouri ultrasonique avec de bons résultats
mérite d'être loué.
Il faut aussi louer l'action des Drs Choux et Samii qui en collaboration avec
un fabricant de matériel médical de réputation mondiale
ayant consenti un ajustement financier ont permis de commercialiser un matériel
un coût très abordable : valves, boîte de crâne, boîte
de rachis avec les instruments de base.
Gilbert Dechambenoit
gdechambenoit@nordnet.fr
Copyright 2002 - African Journal of Neurological Sciences
|