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African Journal of Neurological Sciences
Pan African Association of Neurological Sciences
ISSN: 1015-8618
Vol. 21, Num. 1, 2002, pp. 21-25
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African Journal of Neurological Sciences, Vol. 21, No. 1, 2002,
pp. 21-25
LES HEMANGIOMES VERTEBRAUX AGRESSIFS
NAZIK. ALLALI SIHAM. TIZNITI , MOULAY RACHID. EL HASSANI, A. ABDELJALIL.
EL QUESSAR , NOURRADINE CHAKIR , MOHAMMED. JIDDANE
Service de neuroradiologie, Rabat - ROYAUME DU MAROC.
NAZIK. ALLALI, e-mail : h_adyl@hotmail.com
Code Number: ns02004
RÉSUMÉ :
Introduction
Les hémangiomes vertébraux sont des tumeurs bénignes généralement
asymptomatiques. Les tumeurs agressives représentent moins de 1% des
cas. L'imagerie permet de poser le diagnostic positif et le degré d'agressivité.
Objectif
Evaluer le rôle des examens radiographiques et des moyens thérapeutiques,
embolisation, chirurgie, vertébroplastie, radiothérapie en présence
d'un hémangiome vertébral
Matériels et méthodes
Il s'agit d'une étude rétrospective de 5 patients dont l'age
moyen était de 20 ans. La symptomatologie clinique était celui
d'une compression médullaire d'installation progressive dans tous les
cas. Les radiographies standards. La TDM et l'IRM sont réalisées
chez tous les patients.
Résultats
Les hémangiomes vertébraux étaient localisés au
niveau du rachis cervical C4 dans un cas et dorsal ( D3 -D9) dans 4 cas. La
radiographie standard a montré un aspect classique de vertèbre
grillagée. L'IRM a objectivé un aspect hétérogène
des vertèbres atteintes avec des zones vides de signal d'aspect serpigineux
et des zones d'hyper signal et d'iso signal en Tl augmentant en T2. la composante
épidurale responsable de la compression médullaire présente
les mêmes caractéristiques de signal que la lésion vertébrale.
Devant cet aspect 2 patients ont bénéficié d'une embolisation
préopératoire.
Conclusion
Le diagnostic des hémaniomes vertébraux agressifs est aisé
grâce à l'imagerie par l'analyse de l'architecture lésionnelle
et de l'étendue épidurale. Elles permettent d'établir un
score d'agressivité qui oriente l'attitude thérapeutique. La
conduite thérapeutique qui nous semble la mieux adaptée devant
ces hémangiomes agressifs reste l'association d'une embolisation avec
une vertébroplastie percutanée associée éventuellement
à une chirurgie en cas d'atteinte épidurale
Mots clés : Angiome, Hemangiome vertébral, Rachis,
Radiologie, Vertébroplastie
ABSTRACT
Background
Vertebral haemangiomas are benign tumors rarely symptomatic. Aggressive formes
represents less than 1% of all cases. Medical imaging allows both diagnosis
and evaluation of the agressivity .
Objective
The purpose is to assess the role of radiology, embolisation, percutaneous vertebroplasty
, radiotherapy and surgery in diagnosis and treatment of vertebral hemangioma.
Methodology
This retrospective stydy reports our experience about five patients . In all
of them radiographies, CT and an RMI has been performed .
Results
The average age was 20 years. The symptomatology was made of a progressive medullar
compression in all the cases. Vertebral haemangiomas were localised at the cervical
spine C4 in one case and at dorsal ( D3-D9) in the 4 other cases. Radiographies
showed the classic vertically striated vertebra. MRI revealed heterogenous vertebras
with empty signal zones and others of hyper signal or iso signal in T1 increased
in T2. Epidural component was presenting the same radiological characterstics
as the vertebral lesions. Two of our patients had an embolization before surgery.
Conclusion
Vertebral haemangiomas diagnosis is easy with radiological criteria by analysing
the architecture of the lesion and its epidural spreading . It allows establishing
an agressivity score that guides the therapeutic attitude. The treatment attitude
we adopt associate embolization, vertebroplasty and surgery when there epidural
space is invaded.
Key words: Hemangioma vertebral, Radiology, Percutaneous vertebroplasty,
Spine angioma.
INTRODUCTION
Les hémangiomes vertébraux sont des dysplasies vasculaires bénignes
généralement asymptomatiques pouvant revêtir des formes
agressives et entraîner des troubles neurologiques dans moins de 1 % des
cas selon DAHLIN (5). Le traitement des hémangiomes vertébraux
avec des signes neurologiques reste difficile et mal codifié.
Nous rapportons notre expérience à propos de 5 observations en
insistant sur le rôle de l'imagerie dans l'appréciation du degré
d'agressivité et sur le choix des thérapeutiques adaptées.
MATERIEL ET METHODES
Notre série comporte 5 observations colligées au service de neuroradiologie
de l'hôpital des spécialités de Rabat sur une période
de 3 ans. Les malades ont bénéficié dans tous les cas de
radiographies standards sur tout le rachis (face, profil) et d'un examen
scannographique des vertèbres atteintes, réalisé en coupes
axiales avant et après injection de produit de contraste en double fenêtrage
avec une épaisseur de coupe de 3 mm. 2 patients ont bénéficié
d'un myeloscanner. Une IRM a été réalisée chez 2
patients dont une était après l'acte opératoire. 4 patients
ont bénéficié d'une exploration angiographique avec cathétérisme
sélectif des pédicules nourriciers. Une embolisation préopératoire
en flux libre par des particules de polyvinyle alcool (PVA) et de spongel a
été effectuée chez deux patients.
Les critères d'inclusion de nos patients étaient cliniques représentés
par la douleur et le déficit neurologique et radiologiques confirmant
la nature agressive de ces hémangiomes en montrant une rupture de la
corticale une extension épidurale ainsi qu'une modification de la texture
de la lésion.
RESULTATS (voir tableau n°1-
2)
L'âge moyen de nos patients était de 26 ans avec des extrêmes
allant de 17 ans à 41 ans se répartissant en 3 hommes et 2 femmes.
Deux de nos patients ont été hospitalisés pour une parésie
des membres inférieurs associée à des troubles sexuelles
et sphinctériens évoluant depuis 8 mois. L' examen neurologique
a mis en évidence une hypoesthésie associée à des
signes d'irritation pyramidale. Leur bilan radiologique a montré une
lésion de Th4. une paraplégie d'installation progressive sur 2
ans associé à une impuissance sexuelle a été retrouvée
chez deux patients ayant une atteinte respectivement de Th10 et Th12. L'examen
a retrouvé un déficit complet des membres inférieurs avec
un signe de Babinski bilatéral. Un de nos patients présentait
une tétra parésie et un syndrome tétra pyramidal associé
à une impériosité mictionnelle sur une atteinte cervicale.
(fig n°1a)
Sur le plan radiologique l'extension épidurale a été retrouvée
chez les 5 patients (fig n°1c,
2 a). Un tassement vertébral
a été retrouvé dans 2 cas (fig
n°3 a) et une extension vers les parties molles dans un cas ( fig
n°3 b).
Deux patients ont bénéficié d'une embolisation préopératoire
(fig n°2 b,3 c) complétée
par une vertébroplastie à ciel ouvert dans 2 cas. Chez les 3 autres
patients, une décompression a été réalisée
sans embolisation dans 2 cas du fait de la naissance d'une artère spinale
antérieure du pédicule nourricier de l'hémangiome (fig
n°1d).
L'évolution post thérapeutique a été marquée
par une amélioration progressive de la symptomatologie neurologique.
En effet, les troubles sensitifs avaient régressé de même
que les troubles sphinctériens.
DISCUSSION
Les hémangiomes vertébraux agressifs sont rares (11). Ils se
voient chez l'adulte jeune avec une discrète prédominance féminine,
deux femmes pour un homme (10) . La localisation dorsale est la plus fréquente
de Th 3 à Th 9 (10 ). La localisation cervicale dont nous rapportons
un cas a été rarement décrite dans la littérature
(1,10,13).
La symptomatologie clinique est le plus souvent représentée par
une compression médullaire. Celle-ci a été notée
chez tous nos patients. Elle se manifeste plus rarement par des dorsalgies ou
des radiculalgies (4). La physiopathologie des signes neurologiques fait intervenir
plusieurs paramètres. En général, il s'agit d'une extension
épidurale comme nous l'avons noté dans nos observations. Par contre
les tassements vertébraux ou les hématomes compressifs n'interviennent
que rarement (4). L'hypertrophie osseuse concentrique peut intervenir dans la
genèse de la symptomatologie (4).
L' hémangiome vertébral agressif a un aspect typique sur les
radiographies standards (2). Il siège sur le corps vertébral qui
est déminéralisé présentant des travées verticales
réalisant l'aspect grillagé caractéristique qui se perd
par endroits. Dans de rares cas, il s'agit d'un aspect en fuseau témoignant
d'une extension vers les parties molles para-vertébrales telle que nous
l'avons observée chez notre 2eme patient.
L'étude TDM, lorsque l'aspect n'est pas typique permet de préciser
l'étendue de l'atteinte osseuse ( pédicules, arc postérieur)
l'extension épidurale, l'hyper vascularisation et le stroma tissulaire
de la lésion.(4,8) Le corps vertébral apparaît d'aspect
pointillé correspondant à des travées hyper denses coupées
transversalement séparées par des foyers hypodenses plus ou moins
important. Cette description a été retrouvée chez tous
nos patients répondant ainsi au score d'agressivité de LAREDO
et coll (10) qui se base sur sept critères radiologiques (radiographie
standard,TDM, IRM) : siège, atteinte de la totalité du corps vertébral,
extension endocanalaire et à l'arc postérieur, aspect grillagé
irrégulier, corticale mal définie, extension vers les parties
molles, nature de stroma .Ainsi la présence de trois ou plus de
ces signes est en faveur du caractère partiellement compressif de cet
angiome.
L'IRM occupe une place importante par le fait qu'elle permet une analyse multiplanaire
directe et représente un pouvoir de caractérisation tissulaire.
L'aspect habituel est caractérisé par un hyper signal osseux sur
les séquences pondérées en T1 et T2. la perte de l'hypersignal
sur les séquences spin écho T1 est un des critères d'agressivité
de l'angiome (9,12). Elle trouve son intérêt majeur dans le bilan
d'extension au niveau épidurale avec une bonne approche du retentissement
sur les structures nerveuses. Son apport a été illustratif chez
nos deux patients ( observation n°1et5).
L'angiographie permet d'apprécier l'état vasculaire de la tumeur
et de réaliser une embolisation préopératoire des pédicules
nourriciers de l'hémangiome tenant compte de la naissance éventuellement
des artères spinales surtout antérieures. (15, 16).
Le traitement des hémangiomes vertébraux est difficile et aucune
attitude thérapeutique ne fait l'unanimité. L'approche thérapeutique
fait appel à une radiothérapie, une embolisation associée
ou non à une chirurgie ou à une vertébroplastie percutanée.
En effet, la radiothérapie a été utilisée depuis
1957 mais des effets indésirables ont imposés une dose faible
inférieure à 3500 rad dont l'effet n'est pas toujours efficace.(6)
L'embolisation artérielle des pédicules alimentant l'angiome
vertébral donne des résultats immédiats souvent spectaculaires
mais parfois inconstant dans le temps (4). Les complications restent exceptionnelles
mais la méthode peut s'avérer contre-indiquée si l'un des
pédicules alimente une artère spinale antérieure. Cette
contre-indication n'a pas permis la réalisation d'une embolisation chez
deux de nos patients (observation n°4 et5). Le principal intérêt
de cette technique est de permettre une réduction du saignement peropératoire
rendant ainsi l'abord chirurgical le moins hémorragique possible. Elle
doit être réalisée 24 à 48 heures avant l'intervention
chirurgicale. Cette dernière consiste en une exérèse la
plus large possible de l'hémangiome. Parfois elle peut se résumer
à une laminectomie isolée même si l'angiome occupe tout
le corps vertébral lorsque l'état du patient ne permet pas une
intervention lourde. (14)
Actuellement, la vertébroplastie percutanée apparaît comme
l'un des gestes thérapeutique majeurs de la radiologie interventionnelle
du rachis puisqu'elle permet un effet antalgique en consolidant les mini-fractures
et en détruisant les terminaisons nerveuses de l'os normal par un effet
cytotoxique ou le dégagement thermique du ciment lors de sa prise (3,7).
La conduite thérapeutique qui nous semble la mieux adaptée devant
ces hémangiomes agressifs reste l'association d'une embolisation avec
une vertébroplastie percutanée associée éventuellement
à une chirurgie en cas d'atteinte épidurale.
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