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African Journal of Reproductive Health
Women's Health and Action Research Centre
ISSN: 1118-4841
Vol. 6, Num. 2, 2002, pp. 7-12

African Journal of Reproductive Health, Vol. 6, No. 2, August, 2002 pp. 7-12

Editorial

Médecine Traditionnelle et la Santé Reproductive en Afrique

Friday Okonofua*

*Professeur d'Obstérique et Gynécologie au College of Medical Sciences, University fo Benin, Benin City, Nigeria

Code Number: rh02016

L'évidence à notre disposition montre que les praticiens de la médecine traditionnelle sont de plus en plus impliqués dans l'assurance des services médicaux destinés aux hommes comme aux femmes dans plusieurs régions d'Afrique.  Bon nombre des femmes dans plusieurs régions d'Afrique sont prises en charge en accouchement par le personnel de la médecine traditionnelle et dans certains pays, jusqu'à 50% des femmes enceintes dépendent des services des sages‑femmes traditionnelles pours le soin prénatal et pour l'accouchement. Dans beaucoup de pays africains subsahariens, les praticiens de la médecine traditionnelle donnent des traitements pour les maladies sexuellement transmissibles et certains parmi eux ont reclamé des succès quant aux remèdes pour le VIH/SIDA.1‑3 En effet, les remèdes traditionnels sont souvent choisis les premiers dans le traitement de la stérilité dans plusieurs régions en Afrique4 et il y a des méthodes traditionnelles de la réglementation de la fertilité.

Nul doute que l'emploi des remèdes traditionnels pour les services de la santé reproductive soit dû, en grande partie, aux croyances culturelles prévalentes au sujet des causes de la mauvaise santé reproductive et les perceptions à l'égard de l'efficacité de diverses méthodes du traitement qui permettent de s'en occuper.  Le stigmate social souvent associé aux divers problèmes de la santé reproductive en Afrique et l'accès difficile aux services orthodoxes constituent des facteurs supplémentaires qui contribuent à l'importance perséverante des remèdes traditionnels quand il s'agit de la santé reproductive en Afrique. Malgré l'emploi des remèdes traditionnels dans la santé reproductive, jusqu'à présent il n'existe que très peu de rapports qui évaluent l'efficacité des remèdes traditionnelles en ce qui concerne la santé reproductive en Afrique.  L'article écrits par Abraham et al5 dans ce numéro et celui écrit par Imogie et al6 fournissent l'évidence de l'emploi continu des remèdes traditionnels et des sages‑femmes traditionnelles dans de domaine des services de la santé reproductive dans deux pays africains. Comme les deux articles l'ont montré, il y a des croyances communales persistentes concernant l'efficacité de ces genres de remèdes quand on recherche la solution aux problèmes de la santé reproductive en Afrique.  Neanmoins, nous croyons qu'il faut davantage d'expérience empirique de ces méthodes afin de fournir une évidence scientifique appropriée qui justifie l'emploi continu de ces méthodes pour les services de la santé reproductive en Afrique.

Quand on considère l'efficacité et la sécurité, on peut regrouper les remèdes traditionnels, tels qu'il sont employés dans les services de la santé reproductive en Afrique, en trois grandes catégories.  Dans la première catégorie, se trouvent les remèdes qui sont potentiellement utiles et efficacies dans le traitement de maux de la santé reproductive spécifiques. Il n'y a aucun doute que quand elles sont bien formées et bien motiveés, les sages‑femmes traditionnelles sont capables de jouer des rôles importants à l'égard de l'assurance de la santé maternelle dans les communautés immérités en Afrique; surtout par rapport aux femmes qui autrement n'aurait aucun accès à une assistance quelconque à la naissance. A cet égard, le fait d'avoir une sage‑femme traditionnelle serait considéré comme étant mieux que de ne rien avoir du tout comme sage‑femme.

La deuxième catégorie comprend les remèdes traditionnel qui sont dangereux ou potentiellement nuisibles et peuvent rendre plus grave l'état de la santé reproductive.  La pratique continue de l'excision appartient nettement à cette catégorie comme elle n'a pas de bénéfice connu et comme on a démontré qu'elle est mauvaise pour la femme.  De plus, l'emploi des méthodes traditionnelles d'avortement qui produisent de graves effets sec ondaires et qui provoquent même la mort, l'emploi des plantes pour la prise en charge du travail prolongé, qui aboutit parfois à la rupture de l'utérine, constituent des remèdes qui sont mauvais pour la santé reproductive de la femme.  Un défi majeur aux tentatives actuelles vers la promotion de la santé reproductive en Afrique est d'identifier les façons d'améliorer et de reformer l'emploi des méthodes traditionnelles qui sont dangereuses.  Evidémment, il s'agit‑là d'un domaine qui intéressera la recherche d'intervention en Afrique dans les années qui viennent.

Il peut y avoir du mal occasionné par les remèdes traditionnels quand il y a un retard dans l'emploi des remèdes orthodoxes efficaces à cause de la dépendance d'un traitement traditionnel inefficace.  Jusqu'à présent, bien que les praticiens traditionnels prétendent avoir trouvé des remèdes pour les maladies sexuellement transmissibles et le VIH/SIDA, il n'y a pas d'évidence pour montrer que les remèdes sont efficaces.  Ainsi, alors que beaucoup de maladies utilisaient les méthodes traditionnelles pour le traitement des MSTs et le VIH/SIDA, il y a eu un doute persistant que celles‑ci  ne font que retarder les  efforts vers la recherche des remèdes orthodoxes plus efficaces, aboutissant à de pires conditions cliniques.  En effet, nous sommes convaincu qu'une grande majorité des remèdes traditionnels proposés pour les services de la santé reproductive en Afrique n'appartiennent pas à cette troisième catégorie des remèdes qui ne sont ni efficaces ni dangereuses, mais qui finissent par retarder l'emploi des remèdes orthodoxes efficaces.  Dans plusieurs régions d'Afrique, une question importante de recherche est d'identifier les facteurs qui prédisent l'emploi des remèdes traditionnels par opposition aux remèdes orthodoxes pour les divers problèmes de la santé reproductive; Surtout par rapport à ces conditions‑là où les remèdes traditionnels ont une efficacité douteuse.  Il serait donc pertinent de déterminer la meilleure façon de décourager les remèdes traditionnels du traitement en promouvant les remèdes orthodoxes efficaces.

Il y a eu de longues discussions portant sur la santé publique un peu partout en Afrique afin de déterminer la politique officielle la plus appropriée aux remèdes traditionnels à l'égard des services de la santé reproductive.  Dans certains pays, il existe des politiques qui découragent les remèdes traditionnels alors que certains autres pays ont des politiques qui les favorisent.  La majorité des pays n'ont pas de politique officielle et en conséquence ont laissé aux praticiens de la médecine traditionnelle la liberté de pendre les decisions.  Pourtant, il y a actuellement un consensus croissant sur le fait qu'il est difficile de se passer des praticiens de la médecine traditionnelle en Afrique et que la meilleure politique serait de chercher comment les intégrer dans le système formel de la prestation des services de santé.7,8 Une telle intégration impliquera la re‑formation des praticiens de la médecine traditionnelle sur les principes de base de services de la santé reproductive, de l'identification et de la précision des rôles; il faut s'arranger de façon qui permette d'assurer la surveillance et l'orientation des patients vers le système des services de santé orthodoxe.  La priorité qu'il faudra accorder à la mise en exécution d'un tel programme compréhensif variera selon les pays et dépendrait du fardeau de la mauvaise santé reproductive dans le pays, de l'importance relative des praticiens traditionnels dans le système de la prestation des services médicaux et d'une évaluation du coût‑efficacité du programme dans la prévention de la morbidité et de la mortalité reproductive.

Il est bien evident que les remèdes traditionnels sont importants en ce qui concerne la prestation des services de la santé reproductive en Afrique. Malgré ceci, il y a eu très peu de recherches importantes qui permettent de documenter l'efficacité et le coût‑efficacité de la médecine traditionnelle destinée au profit des services de la santé reproductive et d'identifier les moyens de l'intégrer dans le système orthodoxe des services médicaux.  A part les soins curatifs, les remèdes traditionnels auraient même davantage des rôles importants à jouer dans les services de la santé reproductive preventive. Les praticiens traditionnels sont souvent enracinés dans la conscience culturelle et traditionnelles des populations, et ils collaborent plus avec la masse populaire en comparaison avec les praticiens orthodoxes. Les praticiens traditionnels seraient donc mieux capables de plaidoyer en faveur de la modification des comportements qui imfluent négativement sur la santé reproductive en Afrique. Etant donné une re‑orientation appropriée, les praticiens de la médecine traditionnelle peuvent plaidoyer en faveur de l'élimination des pratiques traditionnelles nuisibles telle l'excision; ils peuvent donner des conseils sur la planification familiale et sur l'emploi des préservatifs pour la prévention des MSTs/VIH; ils peuvent aussi lier les cas graves de la mauvaise santé reproductive aux services du système orthodoxe.  Assurément, la recherche des rôles intégrés et co‑opératifs pour les praticiens de la médecine traditionnelle sera un défi majeur pour la santé reproductive dans les années qui viennent.

REFERENCES

  1. Okonofua FE, Ogonor JI, Omorodion FI, Coplan FM, Kaufman JA et Heggenhougen K.  Evaluation des services de la prévention et du traitement des maladies sexuellement transmissibles chez les adolescents au Nigéria.  Sex Trans Dis 1999; 26(1): 184–190.
  2. Okonofua FE, Osuji CS, Tejere ER, Ogunsakin DE et Ogonor JI.  Connaissance, croyances et pratiques des guérisseurs traditionnels par rapport à la prévention et au traitement des maladies sexuellement transmissibles à Benin‑City, Nigeria.  Sex Trans Dis 2002; (à paraître).
  3. Green E, Zokwe B et Dupree J.  L'expérience d'un programme pour la prevention du SIDA concentré sur les guérisseurs traditionnels sud‑africains.  Soc Sci Med 1995; 40: 503.
  4. Okonofua FE et al.  La signification sociale de la stérilité dans le sud‑ouest du Nigéria.  Health Trans Rev 1997; 7: 205–220.
  5. Abrahams Naeemah, Jewkes Rachel et Mvo Zodumo.  Les pratiques de la guérison indigène et l'auto‑médication chez les femmes enceintes à Cape Town, Afrique du Sud.   Afr J Reprod Health 2002; 6(2):79‑86.
  6. Imogie AO, Agwubike EO et Aluko K.  Evaluation du rôles des sages‑femmes traditionnelles (SFTs) dans la prestation de soins médicaux à l'Etat d'Edo, Nigéria.  Afr J Reprod Health  2002; 6(2):94‑100.
  7. Chiwuzie J, Ukoli F, Okojie O, Isah E et Eriator E.  Les praticiens traditionnels sont là pour de bon.  World Health Forum 1987; 8: 240–244.
  8. Organisation mondiale de la santé: les guérisseurs traditionnels face au développement des services médicaux.  Rapport d'une consultation: Accra, 4–8 août, 1980.  Bureau régional de l'OMS pour Afrique, Brazzaville, 1981, AFR/TRDM/2.

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