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African Journal of Reproductive Health
Women's Health and Action Research Centre
ISSN: 1118-4841
Vol. 9, Num. 1, 2005, pp. 10-13
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Untitled Document
African Journal of Reproductive Health, Vol. 9, No. 1, April, 2005 pp.
10-13
Editorial
Misoprostol et la Santé de la Femme
en Afrique
Friday Okonofua2
1Rédacteur, Revue africaine de la santé de
reproduction et Doyen, College of Médical Sciences, University of
Benin, Benin-City. E-mail: wharc@hyperia.org
Code Number: rh05002
Au mois de mars 2005, l'Organisation
mondiale de la santé avait annoncé qu'elle a
ajouté misoprostol sur la liste des médicaments essentiels comme
faisant partie du régime destiné à l'interruption de grossesse
au cours du premier trimestre la grossesse. Ce développement qui
a été bien apprécié a d'importantes implications
pour la femme partout dans le monde et surtout pour les femmes en Afrique sub-saharienne.
Les évidences dont on dispose indiquent que les pays sub-sahariens figurent
parmi les pays ayant
les taux de mortalité maternelle les plus élevés du monde.
Sur les 550,000 décès maternels qui
se produisent chaque année dans le monde,
270,000 décès (à peu-près 50%) se produisent dans
les pays africains. L'OMS estime que pour tous les 100,000 naissances vivantes
en Afrique, il y a
1,000 décès maternels comparés à 276 en Asie, 190
en Amérique-Latine et 10 en
Europe.1 En effet, il est estimé qu'une femme sur 16 mourira
pour des raisons relatives à la grossesse au cours
de leur période de la procréation dans
plusieurs régions d'Afrique. Ces taux alarmants
de morbidité et de mortalité qui n'ont pas
montré de signe de se baisser, prévoient une
action concertée et pratique pour sauver les mères et
les nouveaux-nés dans la région.
Les résultats tirés de plusieurs études
ont montré que les causes principales de la mortalité
maternelle en Afrique sont l'hémorragie de
la déliverance primaire, l'avortement dangereux,
le travail obstru prolongé, la septicemie
peupérale et l'éclampsie.2-4 Pour ceux qui connaissent
la pratique obstétrique dans ces pays, il est certain qu' une des interventions
médicales les plus
importantes qui réduiront d'une manière significative les
fatalités de cas liées à ces
conditions est d'avoir un accès accru à l'utérotonique efficace
et sauve qui
est capable de contracter l'utérus et d'évacuer ses contenus de
manière rapide et efficace.
Depuis des années, les seules utérotoniques
qui étaient disponibles et qu'on pouvait utiliser dans les pays africains étaient
ocytocine et ergomètrine. Pourtant, l'usage de ces médicaments
en Afrique est limité par un nombre de facteurs. En premier lieu, ils
se détériorent rapidement et perdent leur puissance sous les
témperatures élevées dans les pays africains sauf s'ils
sont conservés dans les réfrigérateurs qui ne sont pas
souvent disponibles dans ces pays. Plus de 50% de la puissance des médicaments
peuvent se perdre à cause d'une mauvaise conservation de ces médicaments
dans les pays africains. Deuxièmement, il est nécessaire de donner
ergomètrine et ocytocine par voie intraveineuse ou par voie intramusculaire,
une condition qui n'est pas facile à remplir, étant donné la
pauvreté de ressource dans plusieurs pays africains.
Troisièmement, et plus important encore,
ces médicaments ne sont pas souvent efficacies à cause de leur
point d'impact. Alors qu'ils sont efficacies quand il s'agit de stimuler les
contractions utérines, ils n'ont que très peu d'effet sur le col.
Ceci veut dire que dans les conditions qui ont besoin de la dilation cervicale
tel le
travail déclenché au cours du deuxième trimestre, ils auront
une efficacité et une utilité limitée. Par comparaison,
les prostaglandins sont efficaces pour les contractions utérines ainsi
que pour
la dilation du col.
Plusieurs cas de décès maternels injustifiés
en Afrique se produisent à cause du manque d'un medicament efficace
qui puisse dilater le col au cours d'un travail déclenché ou
d'un travail spontané, ou bien dans les cas d'un avortement manqué,
obligeant une évacuation utérine. La première fois où les
prostaglandines synthéthiques sont devenues disponsibles, on avait pensé qu'elles
allaient résoudre le problème. A cause de leur coût élevé,
elles étaient rapidement défavorisées parce qu'elles étaient
hors de la portée des plusieurs pays africains. La parution de misoprostol,
une prostaglandine E1 analogue à la fin des années
80s comme une utérotonique puissante et bon marché, était
donc accueillie avec beaucoup d'espérances par les défenseurs
de la santé de la femme en Afrique.
Misoprostol l'emporte sur les prostaglandines dans le marché quand
il s'agit des bienfaits. Ces bienfaits compremment: (1) le fait qu'étant
un E1 analogue, il n'a aucun effet sur les bronches ou sur les vaisseaux
sanguins; (2) il mainient une condition stable par rapport à la chaleur
et peut être conservé pendant plusieurs années sans le
réfrigérateur; (3) il est actif par voies orale, vaginale, sublinguale
et rectale; (4) il n'est pas cher et il est abordable; (5) il a des effets
secondaires limités. Grâce à toutes ces caractéristiques,
misoprostol est bien adapté pour être utilisé dans les
pays africains et il est bien placé pour contribuer à la réduction
du taux élevé de la mortalité maternelle dans la région.
Malheureusement, aucun effort
évident n'a été fait pour promouvoir l'usage
de ce médicament en Afrique.
L'emploi du misoprostol dans la santé de reproduction
a fait l'objet de nombreuses études partout dans le monde et on se met
bien d'accord sur sa plus grande efficacité par rapport aux autres5-6.
Ailleurs, il y a, à l'heure actuelle, une évidence irrefutable
et solide que misoprostol est hautement efficace à l'égard du
travail provoqué dans tous les trimestres de grossesse et pour la prévention
et le traitement de l'hémorragie de la délivrance. Par contraste,
il n'existe en Afrique que très peu d'essais cliniques sur l'usage de
misoprostol en Afrique sub-saharienne et il y a eu très peu d'effort
pour intégrer son usage dans les services de la santé de reproduction
en Afrique.
Le mauvais usage du misoprostol en Afrique par rapport aux
autres régions du monde est dû aux plusieurs raisons, la raison
la plus importante étant le manque de la connaissance du méicament
par des fournisseurs des services et les décideurs de la politique de
santé. Beaucoup de fournisseurs des services en Afrique n'ont qu'une
connaissance limitée des bienfaits du médicament. La situation
est rendue encore compliquée par le fait que le médicament n'est
pas toujours patenté ce, qui autorisera son usage dans la santé de
reproduction dans plusieurs pays d'Afrique. Le médicament a été découvert
et licencié la première fois pour le traitement des ulcères
gastroduodénales et a été utilisé sous licence
dans les indications de la santé de reproduction dans plusieurs pays.
Par conséquent, les encarts publicitaires qui montrent comment l'utiliser
dans la santé de reproduction ne sont pas souvent disponibles, ce qui
limite la capacité des cliniciens dans les pays en développement
de se servir du médicament pour cette fin. Jusqu'ici, le fabricant de
misoprostol, Searle (actuellement incorporé dans Pfizer) n'a pas pu
faire la demande pour une patente pour aucune indication de la santé de
reproduction malgré leurs bienfaits très connus.
De plus, avant le mois de mars 2005, misoprostol ne figurait
pas sur la liste des
médicements essentiels de l'OMS. Ce qui voulait dire que plusieurs pays
africains qui
dépendaient beaucoup de la liste des médicaments essentiels de
l'OMS n'ont pas inclu misoprostol dans leur politique de procuration et de licence.
Jusqu'aujourd'hui, misoprostol n'a ete
approuvé pour être utilisé dans les services de la santé de
reproduction que dans quatre pays en Afrique à savoir la Tunisie, l'Afrique
de sud, le Ghana
et l'Ouganda, alors que dans les autres pays de la région, il n'existe
qu'une très
mauvaise connaissance du médicament. L'inclusion
récente de ce médicament sur la liste des
médicaments essentiels de l'OMS veut dire que l'attention
des décisionnaires et des contrôleurs des
médicaments sera désormais attiree aux bienfaits
médicaux potentiels du médicament, l'amélioration de la
compréhension de l'emploi du
médicament, sourtout dans les pays de les régions où le
médicament n'a pas encore été lincencié. Ceci permettra
une plus grande intégration
du médicament dans la prestation des services de
la santé dans ces pays et augmentera la conscience des femmes, des fournisseurs
des services et des autres usagers finals. A part la
possibilité d'augmenter le licencement du médicament partout dans
le monde, la décision récente de
l'OMS augmentera la possibilité que les pays prendront des mesures pour
couvrir les coûts du
médicament dans leurs systèmes de santé publique nationale.
Ceci rendra le médicament plus abordable, plus disponible et plus accessible
aux femmes.
Pour résumer, il n'y aura aucun doute que misoprostol
demeure une des découvertes les plus importantes dans les services de
la santé de reproduction au cours de la dernière décennie
qui ont des implications considérables pour la réduction de la
mortalité maternelle dans les pays à faible revenu. Etant donné les
effets potentiellement bénéfiques de misoprostol pour la réduction
des taux élevés de la mortalité maternelle en Afrique,
il n'est plus acceptable sur les plan moral et éthique, que les femmes
soient privées de bienfaits de ce médicament.
Puisque ce sont les femmes qui profitent exclusivement du
médicament, le manque
continu du médicament et le mauvais usage
du médicament en Afrique défavorisent les femmes et demeure une
forme d'injustice sociale.
L'accès égal des femmes aur bienfaits du
progrès scientifique est un droit protégé par les
traités internationaux des droits de l'homme y compris la charte africaine
sur les Droits de l'homme
et du Peuple.7 La privation officielle d'options de l'information
et de prestations des services aux femmes sur misoprostol n'est qu'une forme
de discrimination contre la femme et une
violation de son droit à la sécurité, une situation que
les gouvernements sont obligés de corriger.
En conclusion, nous affirmons qu'il est nécessaire
que les pays africains prennent des mesures pour licencier misoprostol et pour
promouvoir davantage son usage quant aux services de la santé de reproduction
dans leurs pays. Il faut aussi que la recherche soit intensifiée pour
documenter l'usage et les bienfaits de misoprostol par rapport à l'amélioration
de la santé de la femme à travers les pays africains et pour
déterminer la meilleure façon d'assurer que les femmes aient
bon accès à son usage.
La réduction de la mortalité maternelle est
un défi de la santé publique en Afrique et l'un des indices clé des
objectifs du Développement du Millénium (ODM). Pour accomplir
ceci, beaucoup de pays africains y consacrent à l'heure actuelle beaucoup
d'énergie et de ressources. Nous sommes persuadé que l'augmentation
de l'accès à l'usage de misoprostol est une des interventions
les plus importantes qui puissent contribuer à la réduction de
la mortalité maternelle et qui puissent mener à un accomplissement
rapide d'un de ODMs en Afrique sub-saharienne. C'est maintenant qu'il faut
agir!
Remerciements
Je tiens à remercier Madame le Professeur Rebecca Cooke
de l'Université de Toronto, Canada, pour ses commentaries et ses suggestions
qui m'ont permis d'améliorer le premier
brouillon de ce manuscript.
Références
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pour 1995. Bull WHO 2001; 79: 182-193.
- Daley I. Mortalité maternelle lieé aux désordres
de l'hypertension de la grossesse en Afrique, en Asie, en Amérique-Latine
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- Hickey MU et Kasonde JM. Mortalité maternelle au
sein d'un Centre Hospitalier Universitaire. Med J Zambia 1977; 11:
74-78
- Réseau de la Prévention de la Motalité Maternelle
(PMM). Obstacles aux traitements
d'urgence obstétrique dans les communautés rurales de l'Afrique
de ouest. Stud Fam Plann 1992; 23(5):
279-290.
- Blanchard K, Clark S, Winikoff B, Kabani G et Shannon C.
Misoprostol pour la santé de la femme: compte-rendu. Obstet Gynaecol 2002;
99: 316-332.
- Weeks AD, Fiala C et Safan P. Misoprostol et le débat
sur l'usage sans label. Br J Obstet Gynaecol 2005; 112: 269-272.
- Cook RJ, Bernard M, Dickens BM et Fathalla MF. Les principes
de droits de l'homme. In: La Santé de reproduction et les Droits
de l'Homme. L'intégration de la médicine, l'éthique
et les droits. Oxford: Clarendon Press, 2003, pp 149-216.
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