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African Journal of Reproductive Health
Women's Health and Action Research Centre
ISSN: 1118-4841
Vol. 10, Num. 2, 2006, pp. 10-12
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Untitled Document
African Journal of Reproductive Health, Vol. 10, No. 2, August, 2006, pp. 10-12
Editorial
La mutilation génitale féminine et la santé
de reproduction en Afrique
Friday Okonofua
Code Number: rh06021
l’évidence dont on dispose indique qu’environ 130
million de femmes et des filles partout dans le monde
ont fait l’expérience de la mutilation génitale féminine
(MGF). Parmi celles-ci, la grande majorité se trouvent
dans des régions de l’Afrique de l’est et de l’ouest, aussi
bien que dans les pays de la vallée du Nile que sont
l’Egypte et le Soudan. On a avancé plusieurs raisons
pour expliquer la pratique de la MGF en Afrique dont la
plus importante concerne les perceptions qui ont à faire
avec les normes culturelles de la féminité et de la chastité et dans quelques instances la nécessité de respecter les
recommendations formelles. Au cours de deux dernières
décennies, la pratique de la MGF et été sévèrement
condamnée par la communauté internationale comme
un abus de l’intégrité corporelle et des droits de la femme
et de la fille. L’Organisation mondiale de la santé, en
particulier, a fait paraître une série de proclamations
préconisant l’arrêt de la MGF et elle a prié les medicins
de ne pas médicaliser la procédure en aucun cas.
Plusieurs articles dans cette édition d’African Journal
of Reproductive Health (Revue africaine de la santé de
reproduction) donnent une description de la pratique
continue de la MGF dans les pays africains. L’article par
Sakeah et al, rapporte que la préférence chez les hommes
pour les femmes excisées est un facteur important à la
perpétuation de la MGF au Ghana du nord. On connaît
bien la typologie de la MGF telles qu’elle est préconisée
par l’OMS. Le type le plus sévère de la MGF qui consiste à exciser une partie ou tous les organes génitaux et la
suture de l’anneau du vagin (infibulation) est pratiqué dans les pays de l’Afrique du nord que sont l’Egypte et le Soudan et dans quelques régions de l'Ethiopie.
Dans beauoup de cas, les femmes infibulées subissent
souvent un processus de la défibulation (la recoupure de
l'anneau du vagin) au moment de l'accouchement pour
permettre un passage aisé du foetus. Dans des
circonstances normales, il faut laisser ouvert le vagin après
la défibulation afin de corriger la difformité de
façon permanente. Néanmoins, la rein-fibulation est
une option selon laquelle certaines femmes sont
resuturées après l'accoouchement afin de maintenir l'état de
la mutilation génitale. L'article par Berggren et
al2 dans ce numéro de la revue rapporte une dichotomie
culturelle intéressante, selon laquelle la re-infibulation
est considérée par certaines femmes comme un bénéfice
de la sexualité, alors que peu de femmes la
considèrent comme une évidence de la persécution sociale
continue de la femme dans les efforts pour soutenir la
pratique traditionnelle de la MGF.
La littérature est remplie de beaucoup
de documents de l'incidence et des déterminants de la
MGF en Afrique. Ainsi, beaucoup de débats actuels
concernent ce qu'il faut faire pour mettre fin à la pratique et
pour soutenir l'arrêt pour longtemps. L'article par
Shell-Duncan3, tout en analysant les résultats des
recherches qualitatives en Gambie, indique qu'il peut y avoir
des stades de la transformation sociale par rapport à
la pratique de la MGF. Ceci suggère que les défenseurs
qui cherchent à réduire la pratique de la MGF ne doivent
pas s'attendre forcément à des résultats par rapport
aux déclins concrets dans la pratique, mais ils doivent
se contenter des résultats progressifs basés sur
lareconnaissance de l’état de progression de ce changement
transformationnel. Ce qui veut dire, par exemple, que
les résultats intermediaires tel que le changement
d’attitude qui est documenté par une réduction dans la
proportion de gens qui aiment mutiler leurs filles ou
veulent rechercher la reinfibulation, sont aussi bons que
le déclin concret dans l’incidence de la MGF.
La bonne nouvelle est le rapport dans ce
numéropar Adeokun et al4, qui indique qu'il peut y avoir
une tendance vers un déclin dans la pratique de la MGF
au Sud-ouest du Nigéria au cours d'une période. Ce
rapport est en accord avec notre rapport
pécédent5 au
Nigéria, qui montre une tendance séculière vers un déclin
dans l'incidence de la MGF. On attribue beaucoup de ce
déclin aux effets de la modernisation et de l'éducation;
et comme l'a insisté Finke6 dans ce numéro de la
revue, l'éducation et l'émancipation des femmes, sont
deux interventions clé qui contribueront de
manière significative à mettre fin à la MGF en Afrique.
Dans le passé, la communauté internationale
a exprimé son inquiétude à l'égard du manque
d'évidence scientifique valable qui lie la MGF aux résultats
négatifs de la santé de reproduction. Néanmoins, il y
a actuellement bon nombre d'études bien menées
qui démontrent une association significative entre la
MGF et des diverses complications sur le plan
gynécologique7 et de la
grossesse8,9.
En l'an 2006, l'OMS a rapporté une étude
menée dans six pays africains (Burkina Faso, Ghana,
Kenya, Nigéria, Sénégal et Soudan) qui déterminent les
effets de la MGF sur diverses séquelles
obstétriques10.
L'étude a examiné 26,393 femmes dans six
pays pendant l'accouchement et a montré que les
femmes qui ont subi la MGF avaient plus la possibilité de
subir l'opération césarienne, de souffrir de l'hémorragie de
la délivrance et le séjour à l'hôpital prolongé, d'avoir
la nécessité pour la réanimation de l'enfant et de subir
la mortinalité, le décès néonatal précose et les enfants
ayant le poids de naissance bas. Cette étude a
montré maintenant la meilleure évidence jusqu'à présent
de l'association entre la MGF et les résultats
obstétriques défavorables.
Manifestement, il n'y aura aucun doute que la
MGF a des implications négatives pour la santé de la
femme en Afrique. Dans plusieurs pays africains
l'élimination de toutes formes de MGF est maintenant
considérée comme un constituant majeur des stratégies
de développement social et économique. Bien qu'on
n'ait pas mentionné spécifiquement l'élimination
comme étant un des résultats attendus des objectifs
du développement du millénium, le fait que la MGF a
des implications négatives pour la santé maternelle veut
dire qu'il faut s'en occuper comme faisant partie des
efforts pour accomplir les ODM 4 et 5. A notre tour,
nous sommes convaincus que si l'on s'occupe
suffisamment du reste des ODM ils peuvent contribuer de
manière significative à l'élimination de la MGF dans les
pays africains. Alors qu'il y a eu des plaidoyers
internationaux intenses pour éliminer la MGF, on n'a accompli que
des résultats limités surtout à cause de l'approche
verticale dont on s'est servi ultérieurement pour aborder
des efforts de prévention. Nous croyons qu'il faut
intégrer la prévention de la MGF dans les plus
larges programmes de la santé sexuelle et de reproduction.
De plus, il faut intensifier la recherche pour
fournir l'évidence qui permet les meilleures pratiques pour
la réduction de la MGF en Afrique et pour
surveiller l'impact des interventions au cours d'une période.
En conclusion, la pratique continue de la
MGF témoigne de l'abus des droits de l'homme et
la désémancipation sociale de la femme, ce qui
rappelle malheureusement le mauvais état de la santé
de reproduction en Afrique. Il faut que les pays
africains accordent la plus grande priorité à l'élimination de
la MGF dans leurs programmes du développement social.
Un déclin systématique dans l'incidence de la
MGF constitue un indice que n'importe quel pays africain
peut montrer comme évidence de sa volonté d'aborder
les iniquîtés sociales et de gendre parmi son peuple. A
son tour, la communauté ne doit pas relâcher ses
efforts pour soutenir l'abandon total de cette tradition
inutile et nuisible en Afrique. Sûrement la croissade
globale actuelle pour la justice sociale, l'équité et les
pratiques éthniques ne peuvent pas être accomplies sauf si la
MGF est tolalement éliminée de cette planète.
Références
- Sakeah E, Docteur HV, Beke A, Hodgson AV.
La préférence chez les hommes pour les femmes
exciseés au Ghana du nord. Revue africaine de la santé de
reproduction 2006;
- Berggren V, Ahmed M, Hermlund S, Johansson
E, Habbani B, Edberg AK. Etre victims ou
bénéficiaires? Perspectives sur l'excision génitale féminine et
la reinfibulation au Soudan. Revue africaine de la santé
de reproduction 2006;
- Shell-Duncan B. Y a-t-il des étapes d'évolution"
dans la pratique de l'excision génitale f'éminine?
Les résultats de recherches qualitative du Sénégal et de
la Gambie. Revue africaine de la santé de reproduction 2006;
- Adeokun LA, Oduwole M, Oransaye F,
Gbogbade AO, Aliyu A, Adekunle W, Sadiq G, Sutton I,
Taiwo M. Tendances dans l'excision féminine entre 1993
et 2003 dans les états d'Osun et d'Ogun, Nigéria.
Une analyse cohorte. Revue africaine de la santé de
reproduction 2006;
- Finke E. La mutilation féminine comme une
expression de structures de pouvoir. Arrêter la MGF à
travers l'éducation, l'émancipation de la femme et
l'enlèvement des tabous. Revue africaine de la santé de reproduction 2006;
- Snow RC, Slanger TE, Okonofua FE, Oransaye
F, Wacker J. La mutilation génitale féminine et
les corollaires dans les régions urbaines et
péri-urbaines du Nigéria: une validité auto-signalée, les
déterminants
sociaux et le déclin séculaire. Trop Med Int Health 2002; 7(1): 91-100
- Okonofua FE, Larsen U, Oronsaye F, Snow R,
Slanger TE. L'association entre la mutilation génitale
féminine et les corollaries de la morbidité sexuelle
et gynécologique dans l'état d'Edo, Nigéria. British Journal of Obstetrics and Gynecology 2002; 109, 1089 - 1096.
- Larsen U, Okonofua FE. L'excision féminine et
les complications obstétriques. International Journal
of Obstetrics and Gynaecology 2002. June; 77(3): 255 - 65.
- Slanger TE, Snow RC, Okonofua FE: L'impact de
la mutilation génitale féminine pendant le
premier accouchement au sud-ouest du Nigéria. Studies in Family Planning 2002; 23(2): 173 - 184.
- Groupe d'études de l'OMS sur la mutilation
féminine et les résultats obstétriques: Etude collaborative
de l'OMS dans six pays africains. Lancet 2006 June
3; 367(9525): 1799 - 800.
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