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Reports from
Union of African Population Studies / L'Union pour l'Etude de la Population Africaine

Num. 12, 1995

Union for African Population Studies, Rapport de Synthese / Summary Report, Numéro/Number 12, June 1995

PROGRAMME DE PETITES SUBVENTIONS POUR LA RECHERCHE EN POPULATION ET DEVELOPPEMENT

L'INFLUENCE DES NOUVELLES VILLES SUR LES COURANTS MIGRATOIRES VERS LA CAPITALE

Mohamed L. Keita E

Chef de la Division démographique, Direction nationale de la Statistique et de l'informatique, Conakry (République de Guinée)

Code Number: uaps95005

INTRODUCTION

La répartition spatiale de la population restera pendant quelques temps encore l'un des défis démographiques majeurs auquels les pays en voie de développement devront faire face. Les gouvernements de ces pays éprouvent de sérieuses difficultés à maîtriser les migrations de leurs populations, en particulier celles qui sont orientées vers la capitale.

Conakry, la capitale de la Guinée, compte aujourd'hui près d'un million d'habitants. Les infrastructures dont elle dispose ont été conçues pour une population beaucoup moins nombreuse et n'ont pas été améliorées depuis plusieurs décennies. L'habitat y est insalubre. L'eau et l'électricité manquent dramatiquement. Les hôpitaux sont mal équipés et le transport urbain est un véritable calvaire. Les populations continuent pourtant à affluer vers cette ville qui regroupait, avant les grandes réformes de ces dernières années, plus de 50 % des industries alimentaires et de transformation, des infrastructures sanitaires et scolaires nationales et qui concentrait l'essentiel des activités économiques et commerciales.

La présente étude s'interroge sur le rôle que jouent les villes industrielles de Guinée, en particulier celle de Kamsar, dans cette ruée vers la capitale et sur ce que pourrait en attendre une politique nationale de redistribution de la population.

Ces villes sont nées de préoccupations économiques d'un autre ordre : l'exploitation des gisements de bauxite ainsi que la transformation ou l'acheminement de ce minerai vers l'extérieur. Mais elles pourraient bien être des exutoires du trop plein d'immigrants vers Conakry ou simplement retenir les migrants potentiels dans leurs zones d'influence. Car la création d'industries de transformation, dans les pays en voie de développement, entraîne la création d'emplois formels et informels et pourrait bien, par conséquent, influencer les courants migratoires internes, principalement ceux en direction de la capitale.

Les villes nouvelles envisagées comme une solution au problème des migrations en direction des capitales soulèvent des questions comme, par exemple, celles-ci :

. quelle peut-être, aux plans du volume des migrations et de la taille des centres urbains, l'ampleur de l'attraction des villes nouvelles ?

. les villes nouvelles peuvent-elles réellement contrebalancer les migrations en direction de la ville principale ou sont-elles simplement un exutoire de celles-ci ?

. les villes nouvelles peuvent-elles, enfin, retenir très longtemps leurs immigrants ou sont-elles des relais de courte durée ?

Cette étude vise à apporter des réponses à ces questions, en étudiant le cas spécifique de la ville industrielle de Kamsar.

1 - Les migrants vers Conakry : ampleur et principales conséquences

1.1. L'ampleur des migrations vers Conakry

Les données du Recensement général de la population et de l'habitat de 1983 offrent la possibilité d'étudier les migrations internes en Guinée. Les tableaux en annexe donnent la répartition de la population résidente née en Guinée et résidant en milieu urbain selon la Préfecture de résidence et la Préfecture de naissance. Ces données permettent l'étude de l'ampleur des migrations (sur la durée de vie) ainsi que les principaux courants migratoires vers les centres urbains.

En 1983, la migration "durée de vie" concernait environ 656 087 résidents nés en Guinée. Parmi ceux-ci, 456 046, soit 69,5 % ont migré vers les centres urbains. Le tableau 1 donne la répartition de ces migrants selon la ville de destination.

La ville de Conakry est la principale ville d'immigration. Elle totalise à elle-seule 67,5 % des migrations vers les centres urbains de la Guinée. Sa population résidente comportait, en 1983, 48,9 % de personnes nées dans les autres Préfectures du pays. Le tableau 2 indique l'origine des résidents de Conakry. Les effectifs les plus importants ont été soulignés. Ces données sont illustrées par la figure 1.

L,examen du Tableau 2 montre que toutes les Préfectures du pays envoient des migrants vers Conakry, dans une proportion importante. Mandiana, avec 779 migrants, est la Préfecture qui y envoie le moins de migrants. En termes relatifs, 48 % en moyenne des émigrants d'une Préfecture se dirigent vers la ville de Conakry. Le tableau 3 indique, pour chaque Préfecture, la proportion d'émigrants qui résident actuellement à Conakry. Les Préfectures de Forécariah, Coyah, Kindia et Boffa dirigent vers Conakry plus de 70 % de leurs migrants. Ce sont les préfectures de la Basse Guinée, les plus proches de la Capitale.

En Moyenne Guinée, plus de 50 % des émigrants de Pita, Koundara et Labé se dirigent vers la capitale. La Haute Guinée est la moins touchée : seuls 27 % des émigrants de cette région naturelle se dirigent vers Conakry.

Par ailleurs, Conakry abrite, à elle seule, plus de la moitié de la population urbaine totale du pays (58 %). La population de la deuxième ville est 12 fois plus petite et celle de la ville la moins peuplée est environ 400 fois plus petite. Cette disparité dans la taille des villes met en exergue l'hypertrophie de la capitale due, dans une large mesure, à l'importance de l'immigration qu'elle accueille.

1.2. Trois problèmes liés à la macrocéphalie de Conakry

L'importance des migrations internes en direction de Conakry et la forte concentration de la population résidente guinéenne dans cette agglomération (15 %) engendrent des problèmes socio-économiques et culturels variés dont les plus importants et les plus sensibles sont : le logement, l'approvisionnement en eau et électricité et le problème de l'emploi.

a - Le problème de logement

Dans les pays en voie de développement, une conséquence visible de l'exode rural sur les villes est l'émergence d'un habitat spontané, anarchique et insalubre communément appelé bidonville. Le problème de l'habitat, en général et du logement, en particulier, revêt ainsi une importance particulière dans les villes du Tiers Monde.

. Selon les données du recensement général de la population et de l'habitat de février 1983, la taille moyenne des ménages à Conakry est de 9 personnes. Cependant, 28 % des ménages comptent 10 personnes ou plus. La plupart des ménages habitent dans des logements peu spacieux. Ainsi, 51 000 ménages, soit 66 % de ceux qui vivent à Conakry habitent dans des logements de moins de trois pièces, soit un taux d'occupation moyen de 6 personnes par pièces.

. Par ailleurs, la plupart des chefs de ménage (54 %) sont locataires. Ceux qui habitent leur propre maison ne représentent que 22 % des chefs de ménage. En effet, jusqu'à présent, le gouvernement n'a fourni que très peu d'effort pour assurer le logement aux fonctionnaires qui doivent faire face à des coûts du loyer de plus en plus élevés. Enfin, 3 % seulement des chefs de ménage de Conakry habitaient une maison de fonction en 1983.

. D'autre par, la qualité de la plupart des maisons laisse à désirer parce que d'une part, les moyens dont disposent les demandeurs de logement sont très limités et parce que, d'autre part, ceux qui ont les moyens pour construire une maison à louer ne se soucient guère de confort. Ainsi, 23 % des maisons ont des murs en briques de terre, en banco ou en nattes, ce qui entretient une humidité excessive dans les pièces qui peuvent s'écrouler pendant les pluvieux mois de juillet-août. Ces types d'habitation précaires et insalubres représentent 17 600 unités d'habitations de chefs de ménages sur les 77 000 dénombrés à Conakry en 1983.

Le problème du logement est donc crucial à Conakry. Aucune politique de logement n'a véritablement été mise en place pour faire face à la forte demande soutenue par un taux de croissance démographique de l'ordre de 6 % par an.

b - L'approvisionnement en eau et en électricité

Les conditions climatiques de la Guinée peuvent lui permettre d'assurer à sa population un approvisionnement correct en eau en électricité . La capitale du pays manqu, cependant, manque dramatiquement d'eau et d'électricité. En 1983, plus de 20 % des ménages (17 000 environ) utilisaient les lampes à pétrole pour s'éclairer la nuit. Près de 43 % des ménages (34 000 ménages environ) manquaient d'eau courante et devaient s'approvisionner en eau à partir des puits ou des cours d'eau. En 1989, la situation ne s'est pas améliorée. Au contraire.

c - Le problème de l'emploi

La raison principale qui explique le phénomène d'exode rural est la différence entre les revenus des populations urbaines et ceux des populations rurales ainsi qu'entre emploi urbain et emploi rural. L'espoir d'avoir un emploi rémunérateur est à l'origine de la plupart des migrations vers les villes dans les pays en voie de développement.

La situation économique en Guinée, dont Conakry est à la fois la plus importante ville administrative, politique et économique, ne permet pas d'offrir un emploi à tous les jeunes qui en cherchent. 19 000 personnes de 15 à 34 ans n'avaient pas de travail en 1983 ; ils représentaient 8 % du total des personnes de leur âge parmi lesquelles on comptait 63 471 ménagères et 93 371 élèves et étudiants. Seuls 45 % de la population active totale occupée étaient salariés ; 28 % étaient des indépendants et 19 % des apprentis. L'industrie n'employait que 11 % de la population occupée. Le tertiaire était, en revanche, l'exutoire. Il offrait des revenus plus ou moins substantiels à 100 000 personnes environ (84 % de la population active occupée des deux sexes). Mais, c'était un tertiaire primitif, pour utiliser le vocabulaire de J. Beaujeu Garnier, constitué pour l'essentiel de vendeurs détaillants, de vendeurs à la sauvette, de cireurs, etc.

Les nouvelles réformes administratives et économiques viennent assombrir le tableau : le gouvernement, appliquant les mesures d'ajustement structurel de l'économie proposée par le FMI et la Banque mondiale, déclare que le budget national n'est plus en mesure de prendre en charge la totalité des travailleurs de la fonction Publique. Il met en disponibilité spéciale, par départ "volontaire" ou par test d'évaluation, près de 30 000 travailleurs de tous âges. Pendant ce temps, trois promotions d'universitaires attendent de pouvoir être embauchés. Il n'y a que peu d'espoir du côté du secteur public et le secteur privé est embryonnaire.

Malgré ces problèmes, les populations des milieux ruraux, confrontés aux échecs de l'agriculture et de l'élevage liés à la fois aux vicissitudes du climat, à la dégradation des sols et au caractère rudimentaire des moyens de production, continuent de migrer vers les villes, en particulier vers Conakry, parce qu'ils espèrent y trouver des solutions à leurs problèmes de survie. Mais les villes guinéennes, dans leur très grande majorité, ne disposent de rien pour retenir les migrants ruraux et empêcher la saturation de Conakry. Seules quelques villes régionales et/ou commerciales et les villes industrielles offrent des emplois ou laissent se développer des activités informelles capables d'absorber une partie plus ou moins importante de l'armée des chômeurs venus des campagnes. La ville industrielle de Kamsar figurerait-elle parmi ces soupapes de la migration vers Conakry ?

2. L'immigration vers la zone industrielle de Kamsar, exutoire ou contre-courant de l'immigration vers Conakry ?

La migration vers la zone industrielle de Kamsar sera appréciée à travers l'ampleur de la migration vers le village de Kamsar. Cette mesure laisse évidemment de côté une bonne partie des immigrants attirés par l'existence du complexe industriel et installés dans son voisinage. Le choix du village de Kamsar est dicté par une contrainte budgétaire et par le fait que c'est la première localité ayant connu, par sa situation géographique, l'afflux des immigrants et renfermant aujourd'hui encore le plus grand nombre d'immigrants.

 

2.1 - L'ampleur, la chronologie de l'immigration vers le village de Kamsar et l'origine des immigrants

La population du village de Kamsar est passée de 730 habitants en 1968 (GEE/IPC, 1969) à 8 000 habitants environ en février 1983, soit un taux d'accroissement annuel moyen de l'ordre de 11 pourcent.

Dans le but d'avoir une vue historique de l'immigration vers les villes de Kamsar, nous avons défini comme immigrant toute personne résidente non originaire de Kamsar. Cette définition pose bien sûr des problèmes dont le principal est que la sous-population des non-originaires comprend les enfants nés au lieu de résidence actuelle de parents immigrants. En toute rigueur, ces enfants ne sont pas des migrants.

L'analyse des réponses à la question sur le village a permis de savoir que sur les 6 461 résidents qui ont pu être suivis en 1988, 455 seulement (7 %) étaient originaires du village de Kamsar ; 93 % de la population du village étaient donc constitués d'immigrants venus des villages voisins, des autres Préfectures du pays et même de l'extérieur et d'enfants nés de parents immigrants. Au total donc, plus de 6 000 immigrants se sont installés dans le village de Kamsar jusqu'à la date du recensement en 1983.

Le tableau 4 indique, pour chaque année, le nombre de chefs de ménage qui se sont installés à Kamsar.

Les années 1970, 1973, 1978 et 1980 ont enregistré les plus importantes immigrations de chefs de ménage. On peut mettre ces périodes en rapport avec l'histoire des travaux d'aménagement de Kamsar qui ont occasionné des recrutements et des licenciements cycliques liés à la demande en main-d'oeuvre. Les travaux de construction ont démarré en 1969, année au cours de laquelle ont été installés les chantiers pour les ouvrages de génie civil, de dragage et d'amélioration du port dans la zone de Kamsar. Entre 1970 et 1973 ont eu lieu tous les travaux de construction engendrant une forte demande de main-d'oeuvre : exécution des ouvrages de génie-civil, y compris le chemin de fer Sangarédi-Kamsar (150 km), infrastructures routières et d'habitat, infrastructures de l'usine, montage des équipements électro-mécaniques, etc. En 1973, ces travaux étaient achevés. Beaucoup d'ouvriers se sont retrouvés au chômage s'ils n'ont pas eu la chance d'être recrutés pour les travaux d'exploitation de la bauxite. Les années 1974 et 1977 ont donc connu relativement moins d'immigration vers Kamsar. Puis, de nouveau en 1978 et 1980, un regain de l'immigration a été enregistré qui ne correspond à rien de particulier dans l'évolution des activités du complexe.

Le tableau 5 donne la répartition de la population résidente du village de Kamsar en 1983 selon le lieu d'origine et le sexe. Parmi les résidents du village de Kamsar dont l'origine est connue (6 166), 93 % sont des immigrants. Un très grand nombre de ces immigrants (40 %) provient de la Préfecture de Boké à laquelle est administrativement rattaché le village de Kamsar. Les autres Préfectures de la Guinée et l'extérieur ont fourni au village de Kamsar 55% de sa population. Les populations de la Basse Guinée et de la Moyenne Guinée, les plus proches, sont celles qui immigrent le plus vers Kamsar. Les originaires de la Moyenne Guinée représentent 22% de la population résidente du village de Kamsar et 37% des immigrants non originaires de Boké. Les régions naturelles les plus éloignées (Haute Guinée et Guinée Forestière) envoient beaucoup moins d'émigrants vers Kamsar. Ces faits sont conformes à une des lois bien connues de la mobilité spatiale : la distance est généralement une fonction inverse de l'importance du flux migratoire.

L'observation, sur le tableau 5, des rapports de masculinité des immigrants selon leur lieu d'origine montre que les migrants de sexe féminin sont relativement plus nombreux que leurs homologues de sexe masculin lorsque le lieu d'origine est plus proche et inversement. Ce phénomène est peut-être une confirmation de l'observation selon laquelle ce sont les femmes qui constituent la majorité des migrants à courte distance (ONU, 1978). Il semblerait également que les femmes prédominent dans les flux migratoires solidement établis et les hommes dans les flux à caractère exploratoire ou novateur (ONU, 1978).

Les réponses aux questions sur les étapes migratoires indiquent que sur 566 chefs de ménage enquêtés, 261 soit 46% entreprenaient pour la première fois de quitter leur village d'origine. On les appelle des migrants primaires (Picouet, 1974). Les autres chefs de ménage ont effectué des séjours plus ou moins longs dans une, deux ou trois autres villes de la Guinée ou de l'étranger avant de s'installer à Kamsar. Ces migrants secondaires sont au nombre de 305 ; ils représentent 54 % des chefs de ménage enquêtés.

Les migrants primaires sont essentiellement d'origine rurale (192 sur 261 soit 74 %). Ils sont originaires des localités les plus proches du village de Kamsar (55 %). La plupart des chefs de ménage migrants secondaires n'ont séjourné que dans une seule ville avant leur installation à Kamsar. Leur effectif diminue très rapidement avec le nombre d'étapes intermédiaires. Les principales villes dans lesquelles ont séjourné les chefs de ménage migrants sont Conakry, Boké (chef-lieu de la Préfecture abritant Kamsar) et Fria (première ville industrielle de la Guinée). Sur 441 escales effectuées par l'ensemble des chefs de ménage migrants, 177 (40 %) concernent la ville de Conakry.

2.2 - Mesures de l'influence de Kamsar sur la migration

vers Conakry

Un nouveau pôle d'attraction prélève sans doute sur les stocks de migrants existant ailleurs ou détourne vers lui les courants de migrations potentielles. L'hypothèse que l'influence de Kamsar sur la migration en direction de Conakry s'exerce de ces deux manières est alors à vérifier.

Deux questions permettront de mesurer ces deux types d'influence. La question sur le lieu de résidence antérieure des immigrants de Kamsar servira à mesurer le prélèvement sur le stock de migrants résidant à Conakry. Les questions sur l'histoire migratoire et sur la ville probable de destination si Kamsar n'avait pas existé serviront à mesurer l'importance des migrations probables vers Conakry empêchées par la création du complexe industriel de Kamsar.

a - Prélèvement sur le stock de migrants résidant à Conakry

Le tableau 6 donne la répartition des chefs de ménage immigrants selon le lieu de résidence antérieure.

Ces données indiquent que 24 % de ces chefs de ménage ont résidé antérieurement à Conakry. Parmi eux, 6 (1 %) sont natifs de Conakry et ne peuvent être considérés comme faisant partie du stock de migrants de cette localité. Il en résulte que le prélèvement concerne 128 chefs de ménage. Cet effectif représente sans doute peu de choses par rapport au nombre de chefs de ménage migrants résidant à Conakry. Il indique cependant assez clairement qu'une proportion très importante de la population résidente actuelle du village de Kamsar a été prélevée sur le stock de migrants résidant à Conakry.

Ces chefs de ménage sont, dans une large mesure, originaires des Préfectures de Boké (30, soit 23 %) et de Boffa (21, soit 16 %) la première assurant la tutelle administrative de Kamsar et la deuxième étant la Préfecture dont le chef-lieu est le plus proche, géographiquement et sur le plan socio-culturel. Il s'agit, pour ainsi dire, d'un retour de migrants vers une localité plus proche du lieu d'origine et répondant à certaines espérances, motifs de migration. A un moindre degré, les originaires des Préfectures de Forécariah, Kindia, Dubréka, Mamou, Labé et Pita s'inscrivent parmi les chefs de ménage dont la résidence antérieure était Conakry (42, soit 33%). Le plus grand nombre de ceux-ci ont migré vers Kamsar avant 1974 pour participer aux travaux de construction des infrastructures ou pour être recrutés comme travailleurs du complexe industriel pendant l'exploitation de la bauxite.

b - Migrations détournées de Conakry et rétentions de migrants

Si le complexe industriel de Kamsar n'avait pas existé, 122 des chefs de ménage immigrants interrogés auraient choisi probablement de s'installer à Conakry (voir tableau 7). Parmi eux, 61 résidaient auparavant à Conakry (6 natifs de cette ville et 55 immigrants). C'est donc à proprement parler les 61 autres chefs de ménage immigrants de Kamsar, dont la résidence antérieure n'est pas Conakry, qui doivent être considérés comme ceux dont la migration vers Conakry a été détournée vers Kamsar. Ils représentent 11% des chefs de ménage interrogés. Certains de ces migrants resteront définitivement à Kamsar, d'autres, pendant seulement une durée plus ou moins longue. Il y aurait là des migrations empêchés et des migrations remises.

Cette influence des villes de création récente est celle qui est théoriquement attendue : rétention définitive ou temporaire pour limiter les conséquences fâcheuses des migrations directes et spontanées vers la ville principale. On pourrait bien évidemment objecter que les réponses données à la question sur la destination probable des migrants ne sont que des opinions. Les migrations dont il s'agit pourraient bien ne pas avoir lieu sans Kamsar ou alors avoir une destination différente de Conakry. Cette mesure sera donc considérée comme un indicateur.

Les motifs pour lesquels les immigrants se seraient rendus à Conakry sont différents de ceux qui les auraient conduits vers d'autres villes de la Guinée. Les motifs économiques (espoir de trouver du travail ou espoir de gagner plus d'argent) représentent 45% des motifs de choix de la ville de Conakry. Les raisons psychologiques, du genre "C'est la capitale! Il faut y aller voir", sont les motifs avancés par 18% des chefs de ménage qui auraient préféré s'installer à Conakry. Enfin, la présence des parents et le fait d'avoir déjà séjourné à Conakry représentent ensemble 12% des réponses.

Les motifs avancés pour l'ensemble des villes désignées comme destination probable sont rarement des motifs économiques (17%). C'est une preuve supplémentaire que ces villes sont incapables de retenir les migrants qui partent des campagnes vers les villes. De ce fait, on assiste au passage des migrants du village à la grande ville sans transition par la petite ville ou la ville moyenne, à l'image du transfert de la main-d'oeuvre agricole directement au secteur tertiaire, sans transition par le secteur secondaire. Les motifs de choix des autres villes sont essentiellement d'ordre sentimental. Le migrant revient chez lui, dans la ville la plus proche de son village natal, ou bien il choisit de s'installer dans une ville où il a des parents. Ces motifs, on le voit sur le tableau 8, représentent plus de 50% des réponses données par les chefs de ménage.

2.3 - La pérennité de l'attraction de Kamsar

Il est important de se demander si l'influence de Kamsar se conserve, du point de vue ampleur et caractéristiques, dix ans après 1983. L'hypothèse sous-jacente est que les flux migratoires s'émoussent et changent de caractéristiques (nature, forme et composition) avec le temps, lorsque d'autres pôles d'attraction concurrents naissent ou que les offres ne couvrent plus les demandes.

a - Les migrations des cinq dernières années

Le tableau 9 donne la répartition des migrations enregistrées entre 1983 et 1988 selon le type de migration et le sexe du migrant.

En dépit du manque d'information sur l'immigration collective des cinq dernières années, on peut affirmer que Kamsar continue, dix ans après sa création, d'exercer une attraction sur les populations guinéennes. L'importance relative de l'immigration individuelle (plus de 100 immigrants en moyenne par an vers le seul village de Kamsar), le caractère stable de la densité du peuplement dans les limites du villages telles qu'elles apparaissaient en 1983 et l'extension considérable du village vers sa partie nord sont, à notre avis, des preuves suffisantes de cette affirmation. Faut-il faire remarquer que 2 743 personnes ont quitté le village au cours des cinq dernières années pour rejoindre leurs habitations personnelles à quelques kilomètres de là, dans une localité voisine et que le village, malgré cela, s'étend et conserve son aspect surpeuplé.

b - La provenance et la destination des migrants des cinq dernières

années (1983-1988)

L'étude des origines géographiques de la population résidente du village de Kamsar a montré que l'attraction du complexe industriel s'est exercé autant sur les localités proches de Kamsar que sur les localités des autres Préfectures de la Guinée, en particulier celles du reste de la Basse Guinée et celles de la Moyenne Guinée. Ces mêmes localités constituent-elles toujours des zones de départ des migrants vers les villages de Kamsar ?

Le tableau 10 donne la répartition des immigrants selon la période de la migration et le lieu de provenance. Les lieux d'origine des migrants n'ont pas beaucoup changé dix ans après le début de l'immigration vers le village de Kamsar. La Préfecture de Boké reste la plus grande pourvoyeuse. Elle semble avoir renforcé cette position au cours des cinq dernières années en passant de 33 ou 38 % des immigrants avant 1983 à 55 % entre 1983 et 1988. Bofa vient en deuxième position, mais occupe la troisième place après Conakry pour ce qui est du lieu de dernière résidence des chefs de ménage. Les autres Préfectures dont les noms sont précisés sur le tableau 9 continuent de jouer, dans tous les cas, le rôle de principales zones de départ des migrants vers Kamsar.

La population du village de Kamsar a été affectée, entre 1983 et 1988, par de très nombreux départs dont les destinations sont diverses. Environ 42% de la population résidente de 1983 avaient quitté le village avant avril 1988. Le tableau 11 donne la répartition de ces émigrations selon leur nature et leur destination.

Les départs sont en général orientés vers les Préfectures du pays, c'est-à-dire vers des destinations relativement plus éloignées. Elles correspondent sans doute à des retours aux lieux d'origine. Une différence importante apparaît entre émigration collective et émigration individuelle : 50% des émigrations collectives ont pour destination les localités de la sous-préfecture de Kamsar, en particulier le village de Kasonkoni qui est séparé de celui de Kamsar par la route Boké-Kamsar et le chemin de fer Kamsar-Boké. Il s'agit donc en général d'un simple déménagement sur une distance qui n'excède pas le kilomètre. En revanche, les émigrations individuelles sont essentiellement orientées vers les longues distances et conduisent ceux qui les entreprennent vers leur village d'origine.

2.4. Les motifs et les projets de migrations

L'hypothèse principale de cette recherche est que l'implantation d'une unité industrielle crée des emplois formels et informels et engendre des flux migratoires internes susceptibles de modifier ou d'influencer les courants existants. Par hypothèse donc, le principal motif de migration vers Kamsar est d'ordre économique. On peut également vérifier l'hypothèse, couramment émise et vérifiée ailleurs, selon laquelle les migrations féminines revêtent un caractère différent des migrations masculines, les premières étant le plus souvent des migrations à caractère familial et les secondes des migrations de travail. Enfin, nous analyserons les motifs sur deux périodes différentes, dans la perspective d'une vision historique s'appuyant sur l'hypothèse d'un changement dans les motifs de migration.

Les données du tableau 12 indiquent que les motifs économiques expliquent la migration de la plus grande partie des chefs de ménage vers Kamsar (51%). Tous les autres motifs interviennent presque dans des proportions égales. L'hypothèse selon laquelle les migrations d'hommes sont essentiellement des migrations de travail se trouve largement vérifiée par ces données.

En considérant l'ensemble des immigrations individuelles au cours des 5 dernières années, les motifs économiques ont perdu visiblement de leur poids comme facteur explicatif. Il pourrait bien en être autrement des immigrations collectives qui n'ont pas pu être saisies. On peut expliquer le recul des motifs économiques par le caractère relativement vieux de l'immigration vers Kamsar et la faiblesse relative de la demande en main-d'oeuvre. Le corollaire de ces faits est le ralentissement général du flux migratoire alimenté désormais par les liens que les migrants conservent avec le village d'origine. Ceci explique que 63 % des immigrations individuelles, dix à quinze ans après le début des migrations, aient des motifs liés à la famille, en particulier au mariage. Ceci explique également peut-être que les immigrations féminines soient légèrement plus importantes. Les motifs économiques liés au travail restent encore dominants chez les hommes où ils représentent 35% des motifs. En revanche, les migrations féminines sont essentiellement des migrations de mariage (62 %) et des migrations liées à la famille (24 %). Qu'en est-il des départs du village de Kamsar ? D'après les données du tableau 14, ils sont eux-aussi davantage liés aux motifs familiaux, même si cet attribut recouvre en réalité des retours de migrants dont les motifs peuvent être assez variés.

Au total, les départs liés à la famille et au mariage d'une part et, d'autre part, les départs liés à un simple déménagement vers les villages de Kasonkoni ou de Filima, dans les environs immédiats du village de Kamsar, sont les motifs dominants des émigrations au cours des cinq dernières années. Ces deux groupes de motifs totalisent environ 65 % des réponses. Les émigrations collectives sont essentiellement liées au déménagement (43 %) tandis que les émigrations individuelles sont essentiellement liées aux motifs familiaux (33 %) et matrimoniaux (21 %). Dans tous les cas, les motifs économiques viennent bien après avec seulement 15 % des émigrations collectives et 13 % des émigrations individuelles.

En Afrique, les migrations sont rarement définitives et les migrants retournent toujours dans leurs lieux d'origine après un séjour plus ou moins long en ville. Nous avons demandé aux chefs de ménage immigrants combien de temps ils pensaient rester encore à Kamsar. Les réponses indiquent que près de la moitié (48 %) ne savent pas encore quand ils partiront de Kamsar mais ont bien l'intention de retourner un jour dans leur village d'origine. Une proportion relativement faible de chefs de ménage (15 %) a donné une période se situant entre 3 et 10 ans. Sans préciser combien de temps ils resteront encore, 18 % des chefs de ménage sont certains de retourner chez eux dès qu'ils seront à la retraite. Enfin, 20 % ne comptent plus partir de Kamsar où ils ont, pour la plupart, fait venir toute leur famille et construit leurs propres maisons.

Conclusion

La création de la ville minière de Kamsar a occasionné une forte immigration vers les localités rurales voisines, en particulier vers les villages de Kamsar, de Kasonkoni et de Filima, devenus villages suburbains. L'un des indicateurs d'affluence est le passage de la population du village de Kamsar de 730 habitants environ en 1968 à 7 500 habitants en 1983. C'est également le chiffre impressionnant de 93 % d'immigrants dans la population résidente du village de Kamsar en 1983.

Les nouveaux courants migratoires ainsi créés ont influencé ceux qui existaient auparavant, un peu comme l'ouverture d'une vanne dans un système hydraulique influencerait la circulation de l'eau d'irrigation. Les migrations en direction de la ville de Conakry, principale destinatrice des migrations internes en Guinée, ont été influencées en particulier, par prélèvement sur le stock de migrants et par empêchement ou remise de migrations probables qui auraient eu Conakry pour destination si Kamsar n'avait pas existé. Conakry a fourni au village de Kamsar le plus grand contingent de chefs de ménage migrants qui y résidaient en 1983 : 23% de ceux-ci étaient directement venus de Conakry. Et si Kamsar n'avait pas existé, 11% des chefs de ménage immigrants, qui ne résidaient pas antérieurement à Conakry, auraient préféré s'y installer.

Ces données ne se réfèrent qu'au cas spécifique du village de Kamsar. D'autres villages des environs immédiats, tels Kasonkoni et Filima, regorgent également de migrants venus pour les mêmes raisons. L'hypothèse principale de cette recherche, à savoir que la création d'unités industrielles dans les pays en voie de développement influence, par la création d'emplois formels et informels, les courants migratoires internes, principalement ceux en direction de la capitale, se trouve donc vérifiée. Aucune ville de fonction unique (minière dans le cas de Kamsar) ne pourra juguler les migrations en direction d'une ville principale aux fonctions multiples et variées, comme c'est le cas de Conakry.

Les immigrants vers la nouvelle ville sont, dans une large proportion (40 %), originaires de localités de la Préfecture de Boké, situées dans un rayon de 70 km au plus. Les autres (60 %) proviennent, pour l'essentiel, de localités de la Basse Guinée et de la Moyenne Guinée, dans un rayon de 300 à 400 km environ. Les immigrants se recrutent davantage parmi les femmes quand elles sont originaires de la même préfecture que le village de Kamsar et inversement. Ce qui confirme la loi de Rabenstein selon laquelle les femmes constituent la majorité des migrants à courte distance. Parmi les chefs de ménage immigrants, 46 % entreprenaient pour la première fois de quitter leur village d'origine ; ils sont pour la plupart (74 %) originaires de localités rurales. Ceux qui n'étaient pas à leur première migration (54%) ont eu pour résidence antérieure une localité urbaine.

Les immigrants ne regrettent pas d'avoir quitté leur lieu d'origine ou de résidence antérieure. Ils estiment, pour la plupart, que leur situation actuelle est meilleure, parce qu'ils gagnent plus d'argent et peuvent rendre des services importants à leur famille restée au village d'origine. Parce que leur espérance est, dans une large mesure comblée, plusieurs immigrants n'ont pas de projet de migration future. Ceux qui ne comptent plus retourner dans leur village d'origine ne sont pas rares. Plusieurs d'entre eux recommanderaient à des migrants potentiels de venir s'installer à Kamsar. Ce qui laisse supposer que l'immigration vers cette zone, dont la première vague remonte aux années 1969, continuera encore pendant un temps qu'il est difficile de déterminer.

La création de villes industrielles, comme Kamsar et Sangarédi, dans le cadre de l'exploitation de la bauxite de Sangaréni, Fria dans le cadre de l'exploitation et de la transformation en alumine de la bauxite de Kimbo ou encore de Débélé dans le cadre de l'exploitation de la bauxite de Kindia, peut donc contribuer à ralentir la trop forte migration en direction de la capitale. Les effets que l'on doit attendre de ces villes nouvelles seront davantage une fixation de la population des localités environnantes ou un drainage dans un rayon limité qu'un effet direct de décongestionnement de la capitale.

ANNEXES

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