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Reports from
Union of African Population Studies / L'Union pour l'Etude de la Population Africaine
Num. 24, 1996
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POUR UNE APPROCHE SOCIO-ECONOMIQUE DE LA DELINQUANCE
Union for African Population Studies, Rapport de Synthese
/ Summary Report, Numéro/Number 24, Mai/May 1996
UNION POUR L'ETUDE DE LA POPULATION AFRICAINE UNION FOR AFRICAN
POPULATION STUDIES
POUR
UNE APPROCHE SOCIO-ECONOMIQUE DE LA DELINQUANCE A
COTONOU
Micheline Agoli-Agbo
Centre de formation et de recherche en matière de population (CEFORP),
Université de
Bénin
Code Number: uaps96024
TABLE
DES MATIERES
LISTE
DES TABLEAUX
INTRODUCTION
Contexte
La délinquance, un concept aux multiples facettes
I - PROBLÉMATIQUE
II - OBJECTIFS
III - METHODOLOGIE
3.1 - Source des données
3.2 - Echantillonnage
3.3 - Qualité des données
IV - RESULTATS DE L'ETUDE
4.1 - Niveau de la délinquance à Cotonou
4.2 - Des délinquants de plus en plus jeunes
4.3 - Des stratégies de survie selon l'âge
V - LES FACTEURS DE CHANGEMENT SOCIAL
5.1 - Mobilité sociale
5.2 - Influence de l'urbanisation
5.3 - Scolarisation
5.3.1 - Scolarisation du père et délinquance des enfants
5.4 - Difficultés socio-économiques
5.5 - Anomie sociale
5.6 - Milieu familial des délinquants
5.7 - La structure familiale pourrait-elle avoir quelque influence sur la récidive
?
5.8 - Vie sociale
VI - LES INDICATEURS DE CRIMINALITE
6.1 - Nature des délits
6.2 - Durée de la peine
6.3 - La récidive
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
La prison, une école à double fond.
BIBLIOGRAPHIE
LISTE
DES TABLEAUX
Tab
1: Répartition annuelle des délinquants incarcérés à Cotonou
de 1988 à mi-1993
Tab. 2: Structure par âge de la population carcérale de Cotonou
de 1988 à 1990
Tab. 3: Répartition des délits selon leur nature
Tab. 4: Répartition des enquêtés selon la durée
de la peine
Tab. 5: Répartition des détenus selon le nombre de condamnation
INTRODUCTION
Contexte
Cotonou,
capitale économique du Bénin a connu à l'instar des
autres capitales africaines, une croissance rapide et non maîtrisée
aussi bien sur le plan spatial que sur le plan démographique. Pour
une superficie de 95 ha environ, elle abrite une population de 536827 hts
(INSAE, 1992). Les jeunes y représentent la moitié des citadins.
Même si l'immigration connaît un certain ralentissement, l'apport
de l'exode rural a largement contribué à atteindre ce chiffre
(GAYE, 1993).
Pour
ces jeunes fuyant les campagnes où l'accès à la terre
devient pour eux de plus en plus incertain si non impossible, l'exode rural
constitue, du moins pour certains, la seule issue possible. Mais que peut
encore offrir cette ville au bord de l'asphyxie à ces jeunes depuis
la crise des années 1980 aggravée par les contraintes d'un
programme d'ajustement structurel et celles de la dévaluation ?
C'est à Cotonou,
en effet, ville où les activités économiques sont le
plus développées que les effets de la crise économique
sont le plus ressentis. Elle y a même engendré une sorte d'anomie
sociale beaucoup plus préjudiciable aux jeunes. L'anomie sociale est
ici comprise comme "un état de dérèglement affectant
un groupe social soumis à une trop brusque transformation".
Cette
situation a prévalu au Bénin où l'absence d'une politique économique
cohérente et coordonnée a été à la base
de la faillite du régime militaro-marxiste qui a dirigé le
Bénin pendant 18 ans (1972-1990). Les dernières années
de cette période d'aventures politico-économiques ont été marquées
par une crise macro-économique qui s'est avérée à la
longue pernicieuse allant jusqu'à une crise de trésorerie où l'Etat
non seulement n'était plus en mesure d'assurer les dépenses
de souveraineté nationale mais aussi n'était plus capable d'assurer
le paiement régulier des salaires de la fonction publique. Les troubles
sociaux qui s'en sont suivis, avant de l'emporter, ont créé une
fracture sociale dans toutes les communautés et notamment à l'école
et dans les familles où l'autorité parentale a été mise à rude épreuve.
Le
renouveau démocratique issu de la Conférence nationale n'a
pas comblé tous les espoirs qui ont tôt fait place au désenchantement.
Il ne pouvait en être autrement, car la marge de manoeuvre du régime
démocratique était assez faible face à des populations
dont les besoins et les attentes étaient immenses.
Le
souci de rétablir les équilibres macro-économiques a été à la
base de mesures drastiques dont on connaît bien les effets pervers:
ralentissement de l'activité économique, dégradation
du pouvoir d'achat des salariés tant du secteur public que privé,
compression du personnel de l'Etat, fermeture ou liquidation de plusieurs
entreprises publiques, non paiement des salaires à l'indice réel
et, bien sûr, inflation et dévaluation. A Cotonou, les taux
de chômage sont estimés pour 1993 à 8,5 % et ceux du
sous-emploi à 30 %. De plus 18 % de ceux qui ont une activité génératrice
de revenu ont un salaire mensuel de moins 10 000F (PNUD et INSAE ELAM 4 et
4 bis, 1994).
Au
niveau des demandeurs du premier emploi, 30 000 à 40 000 jeunes ayant
passé quelques années à l'école viennent grossir
leur nombre, accentuant les tensions, déjà très vives,
sur le marché du travail.
La
traditionnelle solidarité africaine est aussi en crise. Avec les pertes
d'emplois et le sous-équipement chronique, les familles urbaines ne
savent plus quoi imaginer pour s'assurer une subsistance précaire.
Nombre
de parents, par incapacité, ont dû démissionner face à leur
responsabilité, livrant les enfants à eux-mêmes. Ceux-ci,
victimes de la démission des parents, transitent par la rue avant
de se retrouver dans les prisons et deviennent, de ce fait, des délinquants
selon la définition légale du terme.
La
délinquance, un concept aux multiples facettes
La
notion de délinquance est malaisée à définir
puisqu'elle a varié au cours du temps avec des nuances selon que cette
définition émane des sociologues, des psychologues ou des criminologues.
Pour les sociologues, la délinquance devrait être considérée
soit "comme la violation des normes de conduite en usage" (Sellin, 1938),
soit comme une conduite qui entre en conflit ou en désaccord avec
les intérêts prioritaires de la communauté, (Robinson,
1972 cité par Frechette et Leblanc, 1987). Les psychologues, privilégiant
la personne plutôt que le comportement, axent leurs réflexions
sur la "condition délinquante" et reconnaissent, qu'il existe chez
les individus délinquants des "traits endopsychiques qui fondent l'entrée
dans la conduite délinquante". Pour les criminologues qui, eux, se
placent à l'intersection du droit pénal et des sciences sociales,
le délinquant serait "l'auteur de tout acte prévu et puni par
la loi et qui peut faire l'objet de poursuites de ce chef" (Dalloz, 1988).
Mais
on ne peut, sur un sujet aussi délicat, se borner à définir
de façon rigide la délinquance, trop de questions resteraient
en suspens. Quelles lois doivent être violées pour qu'il y ait
délinquance ? La perpétuation de l'acte est-elle un critère
suffisant pour que l'on parle de délinquance ? La délinquance
doit-elle être vue comme une conduite ou un genre de vie ? Ceci pour
confirmer clairement que la délinquance est une construction sociale
qu'il serait difficile d'enfermer dans une définition universellement
admise. Mais comme nous aurons recours dans ce travail à des données
statistiques précises fondées sur le critère juridique,
nous adopterons la définition légale du terme. Malgré son
caractère artificiel, elle offre la possibilité de bien délimiter
le champ d'étude et présente des avantages certains pour la
démarche scientifique.
Il
ne sera donc question dans ce travail que de la délinquance qui arrive
jusqu'au niveau d'une juridiction même si cela ne doit pas occulter
le fait que cette définition ne rend pas compte du phénomène
dans toutes ses dimensions sociales.
I.
- PROBLÉMATIQUE
Eu égard
au contexte décrit plus haut, il ressort que :
-
Cotonou, la capitale économique du Bénin connaît, à l'instar
des autres capitales africaines, une urbanisation rapide et incontrôlée
;
-
l'incapacité de l'Etat à assurer correctement un certain nombre
de services publics entraîne pour la population urbaine des problèmes
prioritaires de survie ;
-
les jeunes qui forment la majorité de la population urbaine vivent
avec beaucoup de frustrations l'exclusion dont ils font l'objet. Certains
n'hésitent pas à adopter des comportements délictueux
pour s'assurer le minimum vital qui, pour eux, est un droit légitime.
Notre
réflexion se situe dans le cadre du débat actuel qui perçoit
la délinquance non seulement comme conséquence de l'expansion
urbaine, mais aussi comme "le résultat d'un modèle économique
inadapté aux réalités sociales et sociologiques des
villes".
II.
- OBJECTIFS
Cette
recherche vise trois objectifs à savoir :
-
mesurer l'ampleur de la délinquance eu égard à la croissance
démographique que connaît la ville de Cotonou;
- mettre en évidence le fait que l'exode rural et les mauvaises conditions
de vie urbaine sont des facteurs aggravants ;
- voir dans quelles mesures les lois répressives constituent des réponses
adéquates à ce problème socio-économique.
III.
- METHODOLOGIE
3.1.
- Source des données
L'essentiel
des matériaux utilisés dans ce travail a été obtenu
par:
-
le recueil des statistiques du greffe de la prison civile de Cotonou: (observation
des registres d'entrée et de sortie de 88 à 93). Les renseignements
recueillis ont trait aux variables d'identification sociale à savoir:
nom et prénoms, sexe, date et lieu de naissance, filiation, domicile,
profession, nationalité, état matrimonial, ethnie, coutume,
religion, nombre d'enfants, niveau d'instruction, position militaire, nombre
de condamnations;
-
l'application d'un questionnaire directif sur 271 détenus de droit
commun ;
-
des entretiens biographiques avec une cinquantaine de condamnés.
3.2.
- Echantillonnage
Pour
les statistiques courantes, nous avons systématiquement retenu tous
les condamnés de 1988 à 1990 ; Il y en avait au total 688 pour
qui les renseignements sont complets. Quant à l'enquête complémentaire,
l'échantillonnage est basé sur un choix raisonné dont
les critères sont :
-
vivre à Cotonou depuis 6 mois au moins avant l'incarcération
;
- être âgé de
15 à 40 ans ;
-
avoir déjà été condamné une ou plusieurs
fois par le tribunal correctionnel ou une cour d'assise et être actuellement
incarcéré à la prison civile de Cotonou.
Ces
critères appliqués à la population carcérale
résidente nous ont permis de retenir la taille de l'échantillon
fixée à 300 en fonction de nos besoins d'analyse, du délai
et des moyens d'exécution de l'enquête. La base du sondage a été la
population carcérale estimée à 1 300 détenus
vers juin 1993. Pour l'entretien biographique, nous avons fait un tirage
au 5éme pour retenir environ 60 des 300 détenus. Les trois
femmes comprises dans ce premier groupe ont été systématiquement
retenues.
3.3.
- Qualité des données
Houchon écrivait
depuis 1962 que "les statistiques relatives au crimes et aux criminels sont
réputées les moins fidèles et les plus difficiles à manier
de toutes les statistiques", malgré leur importance dans l'évaluation
de l'efficacité judiciaire et dans la planification d'une politique
criminelle. Les raisons de cet état de chose tiennent évidemment à la
nature du phénomène criminel.
Pour
notre part, nous avons relevé quelques incohérences entre les
registres de pointage des entrées et sorties et ceux réservés
aux prévenus et aux condamnés à telle enseigne qu'on
n'arrive jamais au chiffre global après décompte. Les conditions
et les méthodes de travail très archaïques auxquelles
sont soumis ceux qui sont chargés de l'enregistrement des données
peuvent expliquer cette incohérence. Par exemple, un prisonnier évadé et
retrouvé est remis en prison même si la durée légale
de sa détention est venue à expiration sans qu'aucune mention
ne soit faite dans les registres. Un individu ayant été incarcéré auparavant
dans une autre prison que celle de Cotonou peut être à nouveau
incarcéré dans la capitale comme délinquant primaire
ou récidiviste sur simple déclaration de sa part. Une telle
pratique compromet la fiabilité des données enregistrées.
Ces difficultés ne sont, du reste, pas propres aux statistiques judiciaires
béninoises.
IV.
- RESULTATS DE L'ETUDE
4.1.
- Niveau de la délinquance à Cotonou
En
juin 1993, au moment de l'enquête, la prison de Cotonou abritait 1300
détenus dont une quarantaine de femmes pour 400 places, soit un taux
d'occupation supérieur à 300 %. La compilation des statistiques
courantes depuis 1988 nous permet d'avoir les chiffres contenus dans le tableau
suivant.
Tableau
1 : Répartition annuelle des délinquants
incarcérés à Cotonou
de 1988 à mi 1993
Années |
1988 |
1989 |
1990 |
1991 |
1992 |
1993* |
Prévenus |
1145 |
766 |
946 |
1375 |
1477 |
762 |
Condamnés |
530 |
223 |
371 |
332 |
643 |
339 |
Source
: élaboré à partir des statistiques du greffe de la
prison civile de Cotonou
*
Les chiffres pour cette année concerne le premier semestre seulement
Parmi
ces personnes mises en cause par les services judiciaires comme auteurs de
crimes ou délits, les moins de 25 ans (15-19 et 20-24) représentent
près de 40%. On constate une quasi-stabilité de ces taux pendant
la période d'étude ; en 1988, ils étaient 39,3 % ; en
1990, 41 % et, en 1993, 40,2 %. On est donc loin de l'explosion évoquée
par certains.
Tableau
2: Structure par âge de la population carcérale de Cotonou
de 1988 à 1990
Group. d'âges |
1988 |
1989 |
1990 |
total de
la Péri.
|
% |
15 - 19
ans |
30 |
8 |
11 |
49 |
7,1 |
20 - 24
ans |
77 |
70 |
74 |
221 |
32,1 |
25 - 29
ans |
85 |
55 |
61 |
201 |
29,2 |
30 - 34
ans |
49 |
20 |
37 |
106 |
15,3 |
35 - 39
ans |
21 |
9 |
8 |
38 |
5,7 |
40 et + |
39 |
13 |
21 |
73 |
10,7 |
Total |
301 |
175 |
212 |
688 |
100,0 |
Source
: élaboré à partir des statistiques recueillies au greffe
de Cotonou
Lorsqu'on
compare la structure par âge de la population carcérale à celle
de la population totale de Cotonou, ces deux groupes d'âge représentent
respectivement 12 % et 11,6 % (INSAE 1992). Cela confirme la forte représentation
de ces deux groupes d'âge dans la population carcérale.
Les
femmes ne représentent que 3 % de la population carcérale.
S'adonnent-elles moins aux activités délictueuses ? A ce propos,
toutes les observations se rejoignent : la criminalité légale
masculine dépasse en tout lieu et en tout temps celle de la femme.
En effet, bien que les femmes représentent plus de la moitié de
la population béninoise, le pourcentage des femmes condamnées
ne dépasse presque jamais 5 à 10% du total des condamnés.
Une analyse sommaire de ce constat peut laisser supposer que la femme est
plus respectueuse des lois ou encore qu'elle vit en dehors des difficultés
socio-économiques. Rien de tel, il est plus plausible que le rôle
social qu'elle incarne et les lourdes tâches domestiques et éducatives
qui l'accablent lui laissent peu de temps à consacrer aux activités
délictueuses. Cependant, certains prétendent que les femmes,
plus astucieuses, se dissimulent plus aisément pour échapper
aux poursuites judiciaires .
4.2
- Des délinquants de plus en plus jeunes
L'âge
moyen est passé de 27 ans en 1990 à 25 ans en 1993. Nous avons
aussi constaté une entrée plus précoce dans la délinquance
et, ceci, malgré qu'une partie importante de l'activité délictueuse
des adolescents soit traitée dans un cadre extra-pénal. Non
seulement cette criminalité est plus précoce mais elle devient
aussi plus violente et alimente de ce fait un sentiment d'insécurité quasi-généralisé dans
les villes béninoises.
4.3
- Des stratégies de survie selon l'âge
S'agissant
de la nature de l'infraction commise selon l'âge, il a été constaté que,
même si les jeunes continuent de violer les normes en commettant des
infractions contre les biens, ils changent de cible. Ainsi, les plus jeunes
sont surtout attirés par le vol d'argent : 70 % des vols entre 15-19
ans (chi carré = 33,1 avec p = 0,01). Bien que les 20-24 ne dédaignent
pas l'argent, ils sont beaucoup plus attirés par les objets de luxe
et autres biens d'équipement dont les engins à deux ou quatre
roues en vue de les revendre ; les chiffres passent de 15 % à 60 %.
Il
semble donc que le vol du numéraire chez les plus jeunes correspond à une
possibilité immédiate d'utilisation alors que les plus âgés
sont mieux organisés pour la revente. Certains recoupements aussi
permettent de penser que le vol d'argent correspond le plus souvent au début
de l'entrée dans la conduite délinquante.
V
- LES FACTEURS DE CHANGEMENT SOCIAL
5.1
- Mobilité sociale
En
Afrique, il est généralement avancé que la mobilité sociale,
dans sa forme d'exode rural qui concerne la moitié des migrants incarcérés,
serait une cause d'éclatement des valeurs et de déstabilisation
des familles. Même si cela a pu être démontré sous
d'autres cieux, les indicateurs utilisés ici ne sont pas assez raffinés
pour nous permettre de l'infirmer ou de l'attester. Il convient donc de modérer
ce discours parce que les migrations campagnes-villes répondent bien à "une
stratégie familiale qu'à des choix individuels".
La
durée de vie à Cotonou, pour nos enquêtés, montre
par ailleurs qu'ils ne sont pas devenus des délinquants du jour au
lendemain. De ce popint de vue, on peut retenir deux catégories de
délinquants. Il y a d'abord les migrants qui deviennent délinquants
après une durée de résidence d'au moins un an, parce
qu'ils ne sont pas arrivés à s'adapter aux dures contraintes
socio-économiques de la vie urbaine et il y a la seconde catégorie,
composée des purs produits de la ville. Pour les raisons qui ont conduit
au déplacement, les enquêtés répondent qu'ils
sont venus en ville pour apprendre un métier (14 %), en quête
d'emploi (12 %) et, les autres, par suite d'un confiage.
5.2
- Influence de l'urbanisation
La
non maîtrise de l'urbanisation est génératrice de problèmes
socio-économiques quasi-insolubles. Plusieurs études ont épinglé les
milieux urbains comme quantitativement plus criminels que les milieux ruraux.
Cotonou n'échappe certainement pas à ce constat. On y rencontre
des zones de fortes concentrations humaines (1000hts/km2) et des coefficients
d'occupation fort élevés avec des types d'habitat précaires
qui sont des signes évidents d'une urbanisation incontrôlée
dans un contexte économique dégradé.
Un
autre phénomène, qui ne relève pas directement de l'urbanisation
incontrôlée de la ville mais qui en est une des conséquences,
est le taux d'activité professionnelle des femmes, accompagnée
d'une absence quasi-totale d'infrastructures sociales (écoles maternelles,
salles de sport, aires de jeux) qui fait que l'éducation des jeunes
est laissée au hasard de la rue et des petits copains. Le travail
des mères (sous n'importe quelle forme) est actuellement d'une nécessité absolue
pour la survie en ville, mais le prix à payer en terme d'éducation
des enfants est souvent très élevé, immense au point
de vue social et revêt, entre autres, la forme de la délinquance
juvénile. Cette pratique de laisser-aller et de manque de surveillance
a un caractère général et concerne toutes les couches
sociales de la population urbaine et le rôle qu'il joue ici est très
grand. On doit y prêter une attention particulière.
5.3
- Scolarisation
Le
taux de scolarisation des enquêtés est passé de 49 %
en 1990 à 79 % en 1993; ce taux est même plus élevé que
la moyenne régionale (60 %). Même si ce taux semble à priori
acceptable, la durée moyenne de scolarisation demeure faible et diminue
sensiblement selon l'âge. Les déperditions sont nombreuses surtout
au niveau du primaire : 114 ont commencé le cycle primaire et seuls
26 l'ont achevé, soit un taux d'abandon de près de 77 %. La
scolarité semble avoir été très perturbée.
L'instabilité scolaire s'explique selon les enquêtés
eux-mêmes par le manque de ressources des parents qui obligent les
enfants à mener plusieurs activités de front : ménages
et petits commerce, travail à l'atelier, etc. Lors de l'interview,
ils ont affirmé presque tous ne pas aimer l'école (70 % des
scolarisés) et avoir été contraints par leur parents
ou tuteurs. Ils évoquent tour à tour, la sévérité de
l'enseignant (20 %), l'inadaptation aux contraintes scolaires (45 %) alors
que d'autres activités, jeux et loisirs les attireraient plus. Pour
les autres ce sont les difficultés d'assimiler le programme enseigné qui
serait le mobile de ce dédain pour les études. Cela se traduit
par de gros retards scolaires et la quasi-absence de diplôme devant
sanctionner la fin des études.
De
plus, les années d'agitation sociale (1988-1990) que le pays a traversées
ont eu un impact défavorable sur le système scolaire: mauvais
rendement, fort taux de déperdition, baisse des taux de scolarisation,
crise de confiance des usagers dans une institution qui ne forme que de potentiels
chômeurs. Ainsi, le temps passé à l'école apparaît,
de plus en plus, aux yeux des parents comme du temps perdu et un gaspillage
d'argent. L'école n'est donc plus le gage d'une ascension sociale
tant convoitée chez les aînés.
5.3.1
- Scolarisation du père et délinquance des enfants
La
proportion de délinquants diminue à mesure que les parents
ont un niveau d'étude plus élevé. Lorsqu'on met en relation
le niveau d'étude des délinquants et celui de la famille on
note une forte association entre les deux variables. Les calculs montrent
que la situation de l'enfant évolue favorablement selon que le père
a poursuivi ou non ses études .
Les
mères étant généralement analphabètes,
la chose est moins évidente de leur côté. Les mêmes
résultats apparaissent lorsqu'on se demande si le métier du
père influence le niveau d'instruction de l'enfant. Les fonctionnaires
du public ou du privé, plus au courant des exigences de la vie moderne,
envoient et maintiennent plus leur enfant à l'école, tandis
que les artisans et ouvriers se contentent pour leur enfant d'une instruction
rudimentaire.
5.4
- Difficultés socio-économiques
Les
liens qui existent entre situation économique et délinquance
sont difficiles à appréhender. De ce fait et ne pouvant obtenir
des réponses satisfaisantes sur le revenu des détenus et le
niveau socio-économique de leurs parents ou tuteurs avant leur incarcération,
nous nous sommes intéressés à leurs catégories
socio-professionnelles et à leur statut dans la profession.
Les
paysans-cultivateurs occupent dans les statistiques des infractions une place
inférieure à celle qu'ils ont dans l'ensemble de la population.
Il est vrai qu'ils sont très peu représentés à Cotonou.
Ceux qui ont déclaré appartenir à cette catégorie
sont, sans doute, des migrants hors saison qui s'adonnent périodiquement à des
activités délictueuses ou des délinquants déférés
d'une zone rurale. Les artisans-manoeuvres sont les plus représentés.
Ils forment 70 % de la population enquêtée, soit un gain de
14 par rapport aux statistiques courantes (1988-1990). Les personnes non
actives ont fourni 5 % de délinquants en 1990 contre 12,5 % en 1993.
Il serait pourtant difficile d'affirmer que l'extrême misère
est source de délinquance. A notre, avis ce n'est pas seulement le
fait d'avoir un emploi en soi qui peut jouer un quelconque rôle, il
faut surtout un emploi adapté à la personne, au caractère
et aux aptitudes de celui qui l'occupe. Le fait que le sous-emploi frappe
une majorité d'artisans qui, faute de capital, acceptent n'importe
quel job (docker au port, conducteur de taxi-moto) et souvent dans des conditions
qui prédisposent aux activités délictueuses est une
piste à approfondir pour voir son rôle criminogène.
Quant
au statut dans la profession, 31 % sont des apprentis. Nul n'ignore en effet
les conditions de vie pénibles que les patrons et les tuteurs imposent
aux apprentis à Cotonou. Ceux-ci sont non seulement délaissés
par leur famille mais aussi et surtout exploités par les patrons qui
trouvent en eux une main d'oeuvre gratuite. La période de libération
est une période très critique dans la mesure où ils
sont obligés de payer la dot qui s'élève parfois à 100
000 f. La plupart des apprentis ont commis leur forfait dans la période
de libération. Ce sont des moments propices pour basculer dans la
pré-délinquance. C.Ougouag semble partager cette analyse lorsqu'elle
affirme que : "l'adolescent, coupé de sa famille, mal à l'aise à l'école
ou dans son apprentissage, incertain dans son insertion ou victime du chômage élabore
sa propre stratégie de survie qui n'est souvent pas conforme aux normes
sociales".
Près
de la moitié des enquêtés affirment être des indépendants
surtout au niveau des artisans. Les autres sont des salariés permanents
ou temporaires. Cette situation de précarité a engendré une
anomie sociale dont les effets ont été préjudiciable
aux jeunes.
5.5
- Anomie sociale
La
déliquescence économique évoquée plus haut a ébranlé graduellement
l'infrastructure morale de la société dans le domaine de l'honnêteté,
de la discipline et de l'amour du travail au point d'engendrer une anomie
sociale. Le processus d'accumulation est moins la contre-partie méritée
d'un travail bien fait ou le résultat d'activité économique
bien gérée que le résultat de la corruption et de la
fraude fiscale, entre autres. L'argent est devenu, à quelque chose
près, le seul critère de différenciation sociale. Tous
les moyens pour s'en procurer sont bons. Les jeunes observent quotidiennement à la
maison, à l'école et dans la ville ce processus d'accumulation
malhonnête. Un tel état de chose entraîne des conséquences
sérieuses, peut-être pas toujours sous la forme de la délinquance
mais il fait surgir des modèles de comportement, des modèles
d'hommes incapables d'actions désintéressées sachant
contourner les lois ou y trouver des brèches. D'abord, il y va de
petits problèmes anodins de voisinage ou de simple comportement de
citoyens (respect du code de la route et/ou des règlements en vigueur),
puis de questions plus fondamentales. Le plus souvent, il ne s'agit pas d'enfreindre
la loi mais de la contourner. L'enseignant qui n'a pas reçu son salaire
depuis trois mois acceptera plus facilement les pots de vin de parents qui
ne veulent pas voir redoublé ou renvoyé leur enfant. Ce n'est
qu'un exemple parmi tant d'autres. Il en résulte une baisse constante
de l'étique du travail et une érosion des normes de conduite
qui, observée dans la plus tendre enfance donnera des résultats
terrifiants à l'époque de la maturité. "On fera vieux
ce qu'on a fait jeune" dit-on. C'est, hélas, ce modèle de réussite
sociale -modèle fait de tricherie, d'anarque, et de débrouillardise
sur le plan économique- qu'on propose aujourd'hui à la jeunesse
urbaine. C'est à se demander si la vraie crise n'est pas plus sociale
qu'économique, plus insidieuse certes, mais plus dévastatrice.
Par
ailleurs, le chômage croissant dans la capitale, qui résulte
de modèles économiques inadaptés, modifie dans un sens
globalement négatif le comportement social des jeunes. On peut observer
ses effets à plusieurs niveaux :
-
sur l'attitude face au travail
La
crise économique et la recherche excessive du profit ont favorisé la
prolifération très exagérée des officines de
travail ou de service (à Cotonou, on peut citer les officines de transit,
de représentation commerciale ou de service de nettoyage) dont l'administration
ne contrôle pas, ou alors mal, le fonctionnement. Or, c'est là que
la plupart des jeunes sans qualification sont contraints de faire leurs premières
armes. Ils y sont traités comme de simples outils qu'on prend et qu'on
jette selon les besoins. Comment s'étonner qu'ils y récoltent
le dégout du travail ?
-
sur le ryhtme et les habitudes de travail des jeunes
N'étant
pas tenu par un horaire de vie professionnelle, les jeunes chômeurs
prennent facilement l'habitude de vivre la nuit, ce qui contribue à les
marginaliser et à rendre difficiles leur relation avec le monde des
adultes notamment quand leurs occupations nocturnes sont bruyantes. L'exès
de temps libre engendre l'ennui qui devient souvent angoisse chez un jeune
dont le bagage culturel est faible ou nul, qui est donc sans repères.
Cette angoisse mène fréquemment à l'usage de la drogue.
Mais la drogue n'est souvent pas accessible à la poche des chômeurs,
ce qui explique que la plupart des jeunes qui rencontrent la drogue de cette
façon deviennent des revendeurs (dealers) et se recrutent facilement
dans les milieux défavorisés.
5.6
- Milieu familial des délinquants
Il
est généralement admis que l'urbanisation et les difficultés économiques
modifient considérablement les normes familiales. Le foyer désuni
ou irrégulier est générateur de troubles quasi irrémédiables
pour l'enfant. La structure familiale des délinquants sera de ce fait
appréhendée, faute de données plus spécifiques, à travers
la situation matrimoniale de leurs parents.
Des
données recueillies il ressort que 27 % des enquêtés
sont orphelins de père, 21 % viennent de foyers divorcés ou
séparés et 12,5 % ont perdu leurs deux parents. A la question
de savoir l'âge auquel ils ont perdu leur père ou leur mère,
les détenus ont répondu de façon si divergente qu'il
nous a été impossible d'exploiter la question. Pour les 2/3
des enquêtés, l'âge des parents est indéterminé,
que ce soit l'âge actuel ou l'âge auquel il est mort. Pour ceux
qui ont pu le déclarer, l'âge moyen des pères est de
48 ans et il est de 42 ans pour les mères. Ceci dit, on rencontre
des parents assez jeunes (32 ans), les écarts sont donc très
importants. De ce fait, l'hypothèse selon laquelle les parents des
délinquants sont plus âgés que ceux des non délinquants
n'a pu être vérifiée. Quand on regarde du côté de
la fratrie, les pères ont en moyenne 11 enfants et, les mères,
6,5. La grande dimension de la fratrie est une piste d'explication possible
puisqu'elle entraînerait les enfants -les plus jeunes surtout- à des
pratiques répréhensibles, faute d'éducation appropriée.
29 % des enquêtés sont les aînés de leur père.
La tradition indique que c'est un facteur criminogène en raison du
poids social qui pèse sur les aînés.
La
polygamie, assez répandue en Afrique, a souvent été citée à tort
ou à raison comme l'une des causes de la délinquance. Malgré qu'une
proportion élevée (70 %) d'enquêtés aient vécu
dans un foyer polygame, il n'apparaît pas clairement que la polygamie
des parents maintienne une corrélation avec la délinquance
des enfants, du moins sur le plan statistique. La polygamie, après
prise en compte des autres variables, n'a aucun poids spécifique.
Il semble aussi indiquer que la mésentente ou les disputes ne sont
pas déterminantes dans l'adoption de la conduite délinquante.
Nous avons pu apprécier cela à travers la réponse faite à la
question de savoir dans quel climat vivaient les parents. 60 % des enquêtés
ont répondu qu'il était bon. Nous ne saurions dire en tout
cas, avec les données disponibles, si le climat conjugal, caractérisé à 30
% par la mésentente des parents, surtout dans les ménages polygames
et l'absence répétée du père, entraînent
une proportion plus élevée de comportements déviants
chez les enfants.
A
propos des enfants confiés (confiage résultant de la mobilité ou
du décès des parents) dans les foyers d'adoption, 60 % de cette
catégorie affirment ne pas être intégrés dans
les familles d'adoption, ne pas être traités comme les propres
enfants de la famille et avoir éprouvé de ce fait un sentiment
de rejet. Ce qui expliquerait à leur avis, la fugue pratiquée
par 40 % et la rencontre avec d'autres garçons vivant dans les mêmes
conditions. Rencontres qui se font généralement dans la rue,
au jeu de football ou au jeu de cartes avec mise ou non.
A
propos des enfants confiés, nous citons, entre autres, l'exemple de
deux d'entre eux. Le premier n'a jamais connu sa mère, celle-ci vivrait
toujours mais il ne sait où et il aurait bien voulu en savoir plus.
Il déclare être bouleversé par cet état de chose.
Le second (16 ans) a été confié dès l'âge
de deux ans à un ami du père. Les parents biologiques seraient
depuis lors au Gabon et n'auraient plus jamais cherché à revoir
leurs fils. Ces deux délinquants sont tous deux des récidivistes.
Leur histoire, vraie ou fausse, ressemble à bien des milliers d'autres
que nous avons entendues. Elle nous aide à comprendre mieux comment, à 16
ans, on peut avoir fait la prison déjà deux fois.
5.7
- La structure familiale pourrait-elle avoir quelque influence sur la récidive
?
Pour
vérifier cela nous avons calculé le nombre moyen de condamnations
par modalité selon que les parents sont décédés,
séparés ou vivent encore ensemble.
Ici
aussi, les chiffres sont bien étalés et ne nous autorisent
pas à charger outre mesure la structure matrimoniale. Cependant, on
constate que ceux qui ont perdu leur mère ont le nombre moyen de condamnations
le plus élevé. Viennent ensuite ceux qui vivent dans un ménage
monoparental. Ceci contribue à la formation de la conduite délinquante
même sans être décisif. L'absence de la mère serait
plus durement ressentie par les enfants. Le fait de travailler sur les petits
chiffres limite évidement la portée de l'analyse et doit être
présent à l'esprit lors de l'interprétation des résultats.
5.8
- Vie sociale
La
vie sociale des individus interviewés est tributaire de leur vie scolaire
et familiale. Et celle de nos délinquants n'était pas des plus
réussies. Leur vie familiale aussi apparaissait peu stable sinon assez
perturbée. Si l'on ajoute à cela le niveau socio-économique
assez bas des parents (ouvriers et artisans pour la plupart) et le chômage
qui frappait 25,5 % des détenus 6 mois avant leur incarcération
ainsi que le nombre important d'apprentis (31 %) que comporte le groupe,
on a déjà une idée de leur vie sociale. On ne peut plus,
de ce fait, retenir les seuls facteurs bio-psychologiques. On doit au contraire
regarder de près le fonctionnement de nos sociétés.
Parmi
les raisons qui les ont poussés à commettre des actes délictueux,
les jeunes détenus citent le mauvais encadrement familial et la pauvreté des
parents ou le rejet des familles d'adoption (20 des 28 âgés
de 15 à 24 ans).
Pour
les plus âgés (les 25-39 ans), c'est le chômage qui est
le premier facteur de leur malaise. Le manque de moyens qui en résulte
les empêche de s'occuper de leur famille. Les petits métiers
qu'on peut exercer dans le secteur informel ne nourrissent guère le
garçon qui veut rester honnête en raison des dispositions réglementaires
assez rigides.
Ils
regrettent en majorité cette pratique qui, selon leurs dires, déshonorerait
leurs proches familles. "Nous avons honte", ont déclaré près
de 70 % de nos interviewés. Pourquoi avez-vous recommencé,
puisque vous avez déjà fait la prison une fois ? Notons ici
que 40 % de ce groupe, soit 25 interviewés sur 61 ont fait deux fois
au moins la prison. Ils affirment aussi être coupables mais pas responsables
(sauf deux des trois femmes qui estiment avoir été condamnées
injustement, c'est-à-dire pour un délit qu'elles n'auraient
pas commis). "Nous avons été abandonnés par nos parents
ou tuteurs", disent-ils. Pour justifier leur acte, 40 % (surtout les 15-25
ans) citent pêle-mêle "ne pas avoir assez à manger, ne
pas avoir une maison où dormir" et, 20 %, "le mauvais traitement".
94 % de ces deux dernières catégories énumérées
chez les jeunes proviennent de familles éclatées. Les plus âgés
parlent eux de chômage, de nombreuses familles à entretenir.
Ceux
qui sont à leur première condamnation pensent qu'il est possible
de se refaire une vie normale. Pour les récidivistes ou multirécidivistes,
un certain nombre se moquent éperdument de leur avenir. Ici, ils ont
appris à affronter et à vaincre la peur. La prison, pour eux,
serait formatrice. "On apprend à être plus dur, à résister, à affronter
les forces de l'ordre comme un homme". Pour les autres, il faut faire "quelque
chose" pour les aider à sortir de ce cercle vicieux.
Bien
qu'il faille prendre ces déclarations pour ce qu'elles valent, les
intéressés cherchant toujours à justifier leur acte,
il convient néanmoins de les analyser à leur juste valeur.
Ces jeunes, qui n'étaient surtout pas des anges au départ,
ont subi quelque part des traumatismes au point de choisir la rue ou la prison
dont l'environnement est caractérisé par la surpopulation,
l'insalubrité, la malnutrition, la prostitution et le manque de soins
médicaux.
Ces
faits ne sont que l'expression patente de la désarticulation que subissent
les familles urbaines prises sous les feux d'une crise économique
qui n'en finit pas.
Les
conditions citées plus haut ont contraint certains détenus à trouver
refuge dans l'usage de la drogue (chanvre indien ou herbe) communément
appelé Gué. Sur les 61 interviewés, 15 ont affirmé le
consommer dans leur cellule. Nous n'avons pas assez d'éléments
pour comparer cette situation à celle de Yaoundé au Cameroun
où 5 % de la drogue consommée dans la ville est le fait des
détenus (Caumarianas, 1994). Il y a certes, parmi les détenus
soumis à l'enquête quantitative, 7 personnes (3 Nigérians
et 4 Béninois) qui ont été condamnés pour trafic
de drogue dure.
VI - LES
INDICATEURS DE CRIMINALITE
6.1
- Nature des délits
Quel
que que soit l'angle envisagé, le vol sous toutes ses formes demeure
l'activité de prédilection de nos enquêtés au
point de représenter 82 % des délits, quel que soit l'âge
du délinquant. La répartition se présente comme dans
le tableau suivant :
Tableau
3: Répartition des délits selon leur nature
NATURE
DU DELIT |
POURCENTAGE |
Vols, 82%
dont: vol
et tentative de vol
Vol et recel
Vol en bandes
Vol à la
tire et à l'étalage
Achats d'objets
volés
Faux et
usage de faux, escroquerie
Infraction
contre les personnes
Voies de
fait, coups et blessures
Homicide
involontaire, meurtre
Drogue (possession
ou consommation)
Divers |
48
20
8
5
2
3
10
2
3
3
2 |
Par
rapport à cet état de choses, on peut légitimement se
poser la question de savoir si la délinquance des jeunes est surtout
provoquée par la pauvreté du milieu familial. Question difficile,
d'autant plus qu'on ignore dans quelles mesure ces vols correspondent au
désir de combler un besoin économique réel donc de s'enrichir
ou simplement à des actes de voyous cherchant à éprouver
leur capacité de ruse ou de dextérité. Même si,
en général, les biens volés sont vendus, les gains n'ont
pas pour but d'améliorer les conditions d'existence familiale. Ils
sont souvent utilisés à des fins personnelles qui sont très
diverses (alcool, dépenses de prestige auprès des ami(e)s,
jeux de pari). Il convient donc de se garder de surestimer le rôle
de l'élément matériel dans la délinquance juvénile.
Certes, les milieux où se recrutent ces jeunes sont dans une grande
mesure des milieux ouvriers, les enfants des milieux de paysans et de fonctionnaires
sont moins atteints, mais ce n'est pas seulement du côté des
conditions matérielles qu'il faut chercher les causes de la délinquance.
Il est à la limite un facteur favorisant.
Les
voies de fait, les coups et blessures volontaires et les violences enregistrés
ont le plus souvent pour mobile des malentendus autour de l'argent. Généralement,
ces infractions sont le fait, dans la majorité des cas, des 15-24
ans qui s'adonnent aux jeux de carte et de divers paris avec mise. Non seulement
ceux-ci sont prohibés par la loi, mais il arrive aux jeunes d'en venir
facilement aux mains lorsque surgit un problème anodin mais qui doit
leur faire perdre la mise. L'expérience a montré aussi que
c'est dans ces milieux de jeux que les drogues locales circulent et que les
jeunes font de l'auto-initiation. Dans ces conditions, l'effet de la drogue
fait souvent basculer les petits tiraillements en des bagarres bien rangées
dont l'issue peut être dramatique. Dans les braquages, on déplore à la
fois des infractions contre les biens et contre les personnes.
Le
délinquant agit-il seul ?
Les
détenus évitent souvent de parler de leur complice si celui
ci n'a pas été appréhendé en même temps
qu'eux. Les chiffres obtenus dans les registres n'ont pu être exploités à cause
de leur faible représentativité. On a pu noter, néanmoins,
la tendance des jeunes à agir seul ou à limiter le nombre des
co-auteurs lorsqu'ils prennent de l'âge. Très jeunes, 15-19
ans, ils opèrent en groupes de deux ou trois. Mais le nombre trop
faible de délinquants dans ce groupe d'âge nous oblige à des
réserves. Pour les plus âgés, la présence ou non
de co-auteurs dépend surtout de la nature de l'infraction. Quand il
s'agit de cambriolage, de vols avec effraction, de vols de voiture, les délinquants
opèrent par groupes. Mais les abus de confiance, le faux et usage
de faux, l'escroquerie et les infractions contre les personnes s'opèrent
généralement seul.
6.2
- Durée de la peine
La
durée de la peine est fonction de la gravité de l'infraction
et des conditions dans lesquelles elle a été commise. Généralement,
pour rendre compte de la gravité de l'infraction, on construit une échelle.
Mais la construction d'échelle de gravité assez raffinée
pose toujours des difficultés. Notre ambition est plus modeste. Il
s'agit seulement de distinguer les délits à caractère
tout à fait banal (petit vol à l'étalage, jeux de carte
avec mise, vandalisme) d'une délinquance organisée et orientée
(cambriolage, vol à main armée ou de voitures en série)
comportant donc un préjudice plus grand. Les résultats se présentent
comme suit :
Des
peines assez légères qui montrent que la plupart des détenus
commettent des délits mineurs spécialement dirigés contre
les biens. Il s'agit donc en général d'une délinquance "banale",
pas ou peu liée à une organisation criminelle. Mais les données
de 1993 montrent que les actes évoluent vers une certaine violence.
70 % des délinquants sont à leur première condamnation
comme le montre le tableau suivant.
Tableau
4: Répartition des enquêtés selon la durée
de la peine
Peines |
Nombre |
pourcentage |
0 - 2 mois |
78 |
11,3 |
3 - 5 mois |
175 |
25,4 |
6 - 8 mois |
121 |
17,6 |
9 - 11 mois |
52 |
7,6 |
12 - 17
mois |
94 |
13,6 |
18 - 23
mois |
67 |
9,7 |
23 mois
et + |
89 |
12,9 |
non déclaré |
6 |
0,9 |
Total |
682 |
100,0 |
Tableau
5: Répartition des détenus selon le nombre de condamnation
Nombre de
Condamnation |
Effectifs |
pourcentage |
1 1 |
482 |
70,1 |
2 |
142 |
20,6 |
3 |
29 |
4,2 |
4 et + |
35 |
5,1 |
Total |
688 |
100,0 |
6.3
- La récidive
Dans
la pratique, la récidive dépend plus de la façon dont
le jeune délinquant a vécu sa première incarcération.
Souvent, les délinquants paraissent difficiles à accepter par
leur entourage, d'où rejet ou abandon de ceux qui, par leur comportement
délictueux, éclaboussent la dignité de toute une famille.
Seules les mères et parfois les épouses acceptent au début
de rendre visite et d'entretenir les détenus. Or, dans nos prisons
surpeuplées, l'Etat se soucie très peu des conditions de vie
des détenus. Ils doivent recourir encore à l'aide de leur famille
pour se nourrir, se vêtir, s'assurer un minimum d'hygiène et
de soins médicaux et se "loger".
Pour
la petite histoire à Cotonou, la surpopulation et la durée
excessive de la détention préventive provoquent des abus de
toutes sortes. Par exemple, les nouveaux détenus sont astreints à une "taxe
forfaitaire de 1000 f par mois, exigée par les anciens de la cellule
pour s'assurer leur couchette ; celui qui ne s'exécute pas dans les
délais est soumis à des corvées de la part de ses co-détenus
jusqu'à paiement. De plus, il doit partager sa ration alimentaire
journalière avec ses camarades de cellule pour bénéficier
de leur indulgence durant le séjour, du moins au début où il
est encore novice. Les premières semaines de la vie carcérale
seront donc pénibles pour le jeune incarcéré. Si, au
même moment, il fait l'objet de mépris ou de rejet par ses parents,
il sera vite récupéré par des co-détenus récidivistes
ou issus de bandes organisées.
A
force de partager la même cellule et les affres de la vie carcérale,
il naît une certaine entente, voire une certaine amitié entre
délinquants primaires et récidivistes que même les animosités
et les bagarres fréquentes entre groupes n'arrivent pas à effacer.
Il se crée alors une communauté d'actions où les premiers
vivent de l'expérience des seconds. Le jeune sera beaucoup plus réceptif à ses
leçons s'il est abandonné par sa famille.
L'acclimatation à ce
nouveau contexte social qu'est la prison risque de se faire au détriment
de la personnalité de chacun des détenus, les plus jeunes surtout.
La présence et l'affection des parents dans ce contexte sont déterminantes
pour une réinsertion sociale. Il s'agira de le considérer plutôt
comme un être en proie à l'angoisse de ses conflits et de ses
situations malheureuses. Les attitudes de rejet et de mépris ne peuvent
qu'aggraver le risque de la récidive et enfoncer le jeune dans la
marginalité.
Certains
parents vivent eux aussi un effroyable cauchemar et en viennent à souhaiter
la mort de leurs enfants, comme cette mère que nous avons rencontrée
au portillon de la prison attendant d'avoir l'autorisation des gardes pour
entrer . "J'aurai préféré que mon fils soit mort ; au
moins, je saurais le pleurer ouvertement et ma peine, dans ce cas, serait
plus légitime, je serais consolée ; ce n'est pas le cas avec
la prison". Ces paroles dures sorties de la bouche d'une mère révèlent
l'ampleur de la tragédie des parents de délinquants et des
délinquants eux-mêmes. Il serait, difficile dans ces conditions,
de croire en l'efficacité des lois répressives.
CONCLUSION
ET RECOMMANDATIONS
Actuellement,
on peut retenir que le contexte général est celui d'une quasi-stabilité de
la délinquance à Cotonou au cours de la période d'étude
1988-1993. Le taux de délinquance obtenu pour la période d'étude
est de 2,22 pour 1000. Les 20-29 ans sont les plus touchés, ils représentent
70 % de la population étudiée. Les femmes ne font que 3 % dans
notre échantillon. Nous avons apporté les restrictions qui
s'imposent pour l'interprétation des indices calculés.
Les
chiffres obtenus montrent que la délinquance à Cotonou, par
son ampleur, n'a pas encore l'aspect d'un fléau, les délinquants
se présentant, dans près de 65 % des cas, comme des délinquants
occasionnels susceptibles d'une véritable réinsertion sociale à peu
de frais. Les discours alarmistes sont donc à revoir. Cependant, l'inquiétude
est pourtant justifiée au niveau de la précocité et
de la récidive qui se maintient à un niveau assez élevé (30
%). Non seulement ces activités deviennent plus précoces mais
elles apparaissent aussi plus violentes, notamment dans la tranche d'âges
des 20-24 ans et alimente de ce fait un réel sentiment d'insécurité.
Le nombre croissant de jeunes qui vivent actuellement en marge de la société appelle
des attitudes nouvelles de la cellule familiale, d'une part et des autorités
politiques d'autre part, en raison de ce qu'il représente comme potentiel
criminogène et des facteurs d'accroissement de la délinquance
qui existent actuellement dans le milieu urbain béninois. La fréquence
et la nature des actes délictueux à Cotonou tendent à montrer
qu'il y a une relation, sinon de cause à effet, du moins de dépendance,
entre la délinquance et le processus de transformation sociale. L'anomie
sociale engendrée par la crise socio-économique des années
1980 a révélé au grand jour la désarticulation
des valeurs fondamentales qui régissent le fonctionnement de la société,
des familles et de l'école.
De
même, la précarité de la situation économique
ne prédispose plus ces institutions à exercer au profit des
enfants les prérogatives qui leur étaient traditionnellement
dévolues.
Les
recommandations que nous formulons ne sont pas spécifiquement orientées
vers la résolution du problème étudié, compte
tenu de sa muldimensionnalité, mais elles participent à une
amélioration de la situation sociale dont le dysfonctionnement perturbe
l'insertion sociale des jeunes.
Nous
avons signalé dans le texte l'absence d'études spécifiques
sur la délinquance. La mise en oeuvre d'études est donc un
préalable nécessaire.
La
présence massive des "déchets scolaires" dans la population
cible doit inciter l'Etat à rendre l'école non seulement obligatoire
mais aussi à créer des centres d'apprentissage où la
formation est surveillée pour ceux qui en sortent précocement.
Nous
l'avons vu aussi, les orphelins de père sont fortement représentés
et l'absence de la mère du foyer est durement ressentie par les enfants.
Une action en vue de relever les conditions de vie pour les chefs de ménage
agirait dans le sens d'un meilleur encadrement des enfants par les parents
eux-mêmes. Le chômage urbain, le surpeuplement, l'insuffisance
des infrastructures sociales et de logement sont autant de paramètres
qui déterminent le bien-être social.
L'amélioration
des conditions de subsistance dans les zones rurales et semi urbaines est
une voie à privilégier dans la recherche de solutions. La garantie
de l'accès à la terre passe par des réformes foncières
dont la teneur doit être discutée par tous les membres de la
communauté. L'Etat doit aussi entreprendre des efforts pour la mise
en place de petites activités artisanales et de petites industries
basées essentiellement sur les matières premières locales
pour endiguer le chômage hors saison dans les zones précitées.
En
dernier ressort, l'Etat doit assurer une répartition équitable
du revenu. Les modèles économiques qui, pour rétablir
les équilibres macro-économiques, érodent les rémunérations
réelles et excluent la majorité de la population de la jouissance
des acquis sociaux doivent être revus et corrigés. La création
d'emplois doit rester constamment un défi social à relever.
Pour être
plus efficaces, ces actions doivent s'appuyer sur une plus grande protection
de la famille. C'est-à-dire permettre une meilleure adaptation de
ces familles aux changements en cours.
La
prison, une école à double fond.
"Nulla
pena, nullum crimen, sine lege". Ce dicton bien connu des juristes
donne toute la limite des peines et leur caractère législatif.
L'évidence de la prison se fonde sur son rôle supposé ou
exigé d'appareil à transformer les individus. Si l'on reconnait
la prééminence de ce principe et son acceptation par les
citoyens, on peut néanmoins s'interroger sur la pertinence ou l'adéquation
des peines d'emprisonnement et sur le rôle qu'elles sont sensées
jouer dans la transformation de l'individu. Nous avons présenté tout
au long de cette analyse les conditions ou les facteurs qui favorisent
en période de déstructuration socio-économique le
glissement des jeunes vers la délinquance. A travers nos commentaires,
nous avons indexé les dysfonctionnements de toutes les institutions
sociales et leur rôle dans la conduite délinquante du jeune
est plus que prépondérant. Or, la pratique légale
conduit quasi automatiquement le jeune délinquant en prison. Nos
propos ne consistent pas à favoriser l'impunité des délinquants.
Mais il est permis de se demander ce qu'on peut reprocher à un jeune
apprenti qui vole parce qu'il est abandonné par un père au
chômage et qui doit en plus satisfaire des patrons qui l'exploitent
?
Quelle
est la responsabilité du jeune migrant qui, faute d'accès à la
terre, s'adonne à la vente de produits prohibés par la loi
(essence) ou du jeune docker qui se réfugie dans la drogue pour supporter
les exigences des nuits à la belle étoile ?
Il
est aisé de reconnaître que la répression des jeunes
en mal de vivre en ville n'est que le recours ultime d'une société incapable
d'assurer ses prérogatives et ses obligations vis-à-vis de
tous ses enfants. De plus, rester dans cette logique répressive dont
on connaît suffisamment les limites, c'est partir du principe qu'à 16
ou 17 ans, le gamin récidiviste est irrécupérable. Or,
le propre de l'adolescent, c'est qu'il évolue physiquement et psychologiquement
d'une année à une autre. Sa trajectoire n'est donc pas définitivement
fixée. Et le jeune récidiviste pourra arrêter sa délinquance
lorsqu'il aura peut-être trouvé du travail, de la terre disponible
pour s'adonner à l'agriculture ou bénéficier d'un encadrement
familial plus sain.
La
répression pénale a ses limites et atteint rarement son objectif.
Punir doit permettre aussi d'éduquer. Or, il semble que cette double
approche est loin d'être une réalité au Bénin
où le garçon récidiviste de 17 ans est perçu
comme un irrécupérable.
Pour
ceux qui ont déjà pris la mauvaise pente, la tolérance
familiale et, surtout, sociale doit se manifester à leur égard.
D'abord à plus ou moins brève échéance, les autorités
administratives et pénitentiaires doivent revoir leur pratique pour
que la détention soit séparée selon les groupes d'âges,
la nature de l'infraction et le statut du délinquant. Il n'est pas
possible de laisser cohabiter dans la même cellule, pendant plusieurs
mois, voire des années, des jeunes inadaptés sociaux avec des
délinquants de groupes organisés, beaucoup plus expérimentés
et/ou multirécidivistes. Dans une seconde phase, l'Etat doit ouvrir
un débat national autour de ce problème. Le traitement d'une
partie de la jeunesse mérite ce débat après une large
concertation avec tous les acteurs concernés. Débat au cours
duquel il faudra s'interroger sur les causes profondes du désarroi
des jeunes. Nous devons à tout prix limiter pour eux, faute de pouvoir
l'éviter, cette école à double fond qu'est la prison.
Pour cela il faut donner la priorité aux mesures éducatives,
permettre au magistrat d'apprécier la personnalité et l'environnement
du délinquant avant de le juger. Ne pas prendre cet aspect des choses
en compte, c'est faire porter sur les épaules des seuls adolescents
le poids des démissions parentales et des défaillances sociétales.
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Copyright 1995 - Union for African Population Studies.
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