search
for
 About Bioline  All Journals  Testimonials  Membership  News


Reports from
Union of African Population Studies / L'Union pour l'Etude de la Population Africaine

Num. 40, 1999

Union for African Population Studies, Rapport de Synthese / Summary Report, Numéro 40 - Oct. 1999 / Number 40 - Oct. 1999

Programme de petites subventions pour la recherche en population et developpement

FACTEURS CONTEXTUELS DES COMPORTEMENTS SEXUELS : LE CAS DES JEUNES DE LA VILLE DE BAMENDA (CAMEROUN)

RWENGE Mburano

Institut de Formation et de Recherche Démographiques, (IFORD), Yaoundé/Cameroun

Les opinions exprimées dans cette étude n'engagent strictement que l'auteur et en aucune manière l'Union pour l'Etude de la Population (UEPA)

ETUDE REALISEE DANS LE CADRE DU PROGRAMME DE PETITES SUBVENTIONS POUR LA RECHERCHE EN POPULATION ET DEVELOPPEMENT FINANCÉ PAR LA FONDATION ROCKFELLER, LA FONDATION MAC ARTHUR ET LA SAREC

Code Number: uaps99040

TABLE DES MATIERES

REMERCIEMENTS
I - INTRODUCTION
II - APPROCHE THEORIQUE ET METHODOLOGIE
2.1 - Synthèse de la littérature
2.1.1 - Contexte sociologique de la sexualité des jeunes en Afrique subsaharienne
A) - Les jeunes dans la société traditionnelle
B) - Les jeunes dans la société moderne
2.1.2 - Principales approches explicatives de la sexualité des jeunes en milieu urbain
2.2 - Cadre conceptuel
2.2.1 - Présentation et explicitation du schéma d'analyse
2.2.2 - Connotations données aux concepts et indicateurs
A) - Adolescence et sexualité précoce
B) - Milieu socio-culturel, entité sociale et modèles culturels
C) - Situation économique des parents
D) - Encadrement familial, fréquentations scolaires et des centres ou groupes de jeunes
E) - Médias
F) - Education sexuelle et connaissances du SIDA et/ou des méthodes de prévention des risques associés à
'activité sexuelle
2.3 - Lecture des comportements sexuels des jeunes en milieu urbain
2.4 - Cadre de l'étude
2.5 - Source des données
2.6 - Méthodologie statistique d'analyse
III - SYNTHESE DES PRINCIPAUX RESULTATS
IV - IMPLICATIONS AU NIVEAU DE LA RECHERCHE ET DES POLITIQUES
BIBLIOGRAPHIE

REMERCIEMENTS

La présente recherche n'aurait certainement pas été menée sans le concours financier du Programme des Petites Subventions pour la recherche en Population et Développement de l'Union pour l'Etude de la Population Africaine, coordonné par le Dr. Ibrahim Lamine Diop. Qu'il trouve ici l'expression de notre profonde gratitude et de nos très sincères remerciements.

Nous tenons aussi à remercier tous ceux qui nous ont soutenu d'une manière ou d'une autre tout le long de ce travail. Nous pensons notamment :

  • au Professeur Ngondo A Pitshadenge Séraphin et au Dr Evina Akam, dont les observations critiques et suggestions nous ont permis d'améliorer la qualité du rapport provisoire de cette étude ;
  • aux autorités administratives et traditionnelles de la ville de Bamenda, qui nous ont autorisé à collecter les données nécessaires à l'aboutissement de cette étude ;
  • à nos agents enquêteurs Gazire Patrice, Kiven, Mbapeh, Akemecha Joshua et Limen Emmanuel Njike, qui ont pris une part active aux travaux de terrain ;
  • à Mr. Nkoa Sylvestre, qui s'est attelé à la codification des informations relatives aux questions ouvertes et à la saisie des données.

Je ne saurais terminer sans remercier de tout fond de coeur l'Eternel Dieu Tout Puissant, qui m'a aidé à me comporter dignement devant toutes les situations que j'ai rencontrées le long de ce travail.

I - INTRODUCTION

La sexualité est un domaine qui a longtemps attiré l'attention aussi bien des sociologues et anthropologues que des démographes. Cette attention résulte, entre autres, des relations identifiées entre les comportements sexuels et certains phénomènes ayant des conséquences sociales, sanitaires, économiques et démographiques néfastes. En Afrique au sud du Sahara, les premières études sur les comportements sexuels remontent à la période coloniale. Elles avaient pour objectif de cerner les causes de l'infécondité et de la stérilité observées surtout en Afrique Centrale. La plupart d'entre elles aboutirent à la conclusion que ces phénomènes résultèrent, entre autres, du relâchement des moeurs en matière de sexualité (Van Balen, 1958; Romaniuk, 1967; Retel, 1974; Sala-Diakanda, 1980; Evina 1990, ...). C'est ce facteur qui a été favorable à la propagation des maladies sexuellement transmissibles (MST) stérilisantes (blennorragie, gonococcie, chlamydia et mycoplasma) ou abortives (syphilis). En plus de ces maladies, la valorisation de la fécondité en Afrique entraîne nombre de couples sans enfant à ne pas se réaliser pleinement dans la société. Une autre conséquence, non des moindres, résultant en partie de la dénatalité qu'induisent l'infécondité et la stérilité, est la carence importante de main d'oeuvre pouvant freiner la croissance économique (Sala-Diakanda, 1980; Evina, 1990).

D'autres relations ont été observées entre les comportements sexuels et la fécondité. En effet, dans les pays en voie de développement et en particulier en Afrique, où les individus utilisent très peu les méthodes contraceptives modernes, l'intensité de l'activité sexuelle augmente les risques de grossesse et, partant, la fécondité des adolescentes. Les récentes enquêtes démographiques et de santé (EDS) ont même révélé que le risque d'avoir les premiers rapports sexuels (Calvès,1996) ou une première naissance vivante issue d'une conception prénuptiale est en augmentation dans les jeunes générations africaines (Diop, 1993; Ilinimugabo et al., 1996). La sexualité et la fécondité des adolescents ont des conséquences dramatiques sur leur santé. Par exemple, les risques élevés des mortalités maternelle et infantile résultent des avortements provoqués, souvent illégaux et pratiqués à partir des méthodes à haut risque, et d'exposition au SIDA. Il a été démontré que les avortements provoqués produisent l'infécondité chez les femmes (Evina, 1990).

D'autres conséquences néfastes de la sexualité des jeunes ont été observées à propos de leur scolarisation, leur vie maritale, la structure familiale et l'encadrement des jeunes mères par leur famille. En effet, l'engagement des jeunes élèves dans la sexualité a une influence négative sur leur rendement scolaire. D'ailleurs, dans la plupart des pays africains, les adolescentes qui tombent enceintes sont expulsées de l'école (Gyepi-Garbrah, 1985, 1988). Ilinimugabo et al. (1996) ont révélé que les grossesses prénuptiales peuvent aussi provoquer des mariages de raison ou des unions consensuelles, qui, on le sait, sont souvent instables. De plus, selon ces chercheurs, certaines sociétés africaines n'acceptent pas de légitimer les naissances prénuptiales. Il en résulte souvent la mise en quarantaine des filles-mères, et partant, la création des familles monoparentales qu'elles dirigent sans sources de revenu dites licites. La plupart d'entre elles recourent ainsi à la prostitution pour subvenir à leurs besoins quotidiens.

Malgré ces conséquences néfastes, peu de recherches ont été réalisées en Afrique au sud du Sahara pour cerner les variables favorisantes de la sexualité prénuptiale. En effet, comme le soulignent aussi Ilinimugabo et al. (1996), les politiques de population et de santé de la plupart des pays africains n'accordent pas d'importance aux programmes destinés aux jeunes sexuellement actifs, qui vont voir leur effectif connaître une hausse du fait de l'augmentation de l'âge au premier mariage et du relâchement des moeurs suite à l'urbanisation. Ce faisant, les problèmes aigus aui sont déjà posés vont se compliquer davantage. De plus, dans les pays choisis comme analyseurs dans ces recherches, les approches méthodologiques adoptées présentent des insuffisances graves. Ainsi, la plupart des relations établies, en particulier en ce qui concerne la sexualité des jeunes, restent encore théoriques. En outre, ces recherches empiriques sont descriptives. En d'autres termes, aucune d'entre elles n'est basée sur un cadre conceptuel d'analyse des relations causales, du niveau d'intervention de chaque facteur et de ses mécanismes d'action sur la sexualité.

Toutefois, en ce qui concerne le Cameroun, la sexualité des jeunes attire de plus en plus l'attention des décideurs et chercheurs. C'est pourquoi en 1988 une enquête sur la fécondité des adolescentes y a été réalisée (Cameroun, 1988). Elle a été complétée en 1991, par une enquête démographique et de santé. Ces travaux ont montré qu'à 15 ans 16 % d'adolescentes sont sexuellement actives et, parmi celles-ci, 9 % avaient déjà eu leurs premiers enfants tandis qu'à 19 ans, 52 % d'adolescentes avaient déjà eu leurs premiers enfants.

Vu ce niveau élevé de l'intensité de l'activité sexuelle des adolescents camerounais, quelques recherches ont été réalisées pour en cerner les causes. La plupart de ces enquêtes ont porté sur les jeunes fréquentant l'école. Si cette démarche se justifie dans les pays développés où plus de 90 % des jeunes font des études (Diop, 1995), en revanche au Cameroun, comme partout ailleurs en Afrique, où une bonne proportion des jeunes ne sont pas scolarisés, elle n'est pas pertinente car elle ne donne qu'une vision partielle du phénomène et exclut toute possibilité de généralisation. Oum Thérèse (1993) et Ilinimugabo et al. (1996) ont utilisé cette seconde démarche. Ces auteurs concluent, entre autres, que le manque de connaissances en matière de sexualité, la faiblesse du contrôle social, le manque de communication entre les parents et les jeunes enfants et la pauvreté des familles sont associés à la sexualité "à risque" chez les jeunes camerounais.

Mais, ces études n'échappent pas aux critiques faites ci-dessus. Descriptives et non basées sur un cadre conceptuel établi au préalable et ne mettant donc pas en lumière le niveau d'intervention de chacun de ces facteurs dans la chaîne des relations qui conduit aux risques associés à l'activité sexuelle des jeunes, elles n'examinent pas à fond l'activité sexuelle des jeunes en milieu urbain ainsi que leurs facteurs associés. Pourtant, ces derniers sont plus concernés que ceux du milieu rural par les problèmes associés à cette activité. Outre cette lacune qui s'explique par le fait que les auteurs ont voulu prendre en compte l'ensemble des jeunes, on peut noter que les enquêtes faites concernent uniquement les régions francophones camerounaises et ciblent les filles. Elles ne fournissent par conséquent pas d'informations sur le niveau et les causes de l'engagement des jeunes d'autres régions dans l'activité sexuelle, sur la manière dont celle-ci diffère selon le sexe et sur les facteurs de cette différence.

Ainsi, les recherches sur la sexualité en Afrique subsaharienne et, particulièrement, au Cameroun devraient repenser l'approche de ces phénomènes. Ceci permettrait d'élaborer des programmes d'interventions pertinentes et significatives propres à réduire sensiblement les différents risques associés à l'activité sexuelle des jeunes.

Notre étude ambitionne de pallier les insuffisances des études antérieures. Le présent rapport en est un résumé. Il s'articule autour de points tels que la présentation de l'approche théorique et de la méthodologie utilisées, une synthèse des principaux résultats obtenus et l'esquisse de ses implications pour la recherche et pour la formulation des politiques.

II - APPROCHE THEORIQUE ET METHODOLOGIE

2.1 - Synthèse de la littérature

2.1.1 - Contexte sociologique de la sexualité des jeunes en Afrique subsaharienne

A) Les jeunes dans la société traditionnelle

Dans la société traditionnelle, le respect de l'aîné est important. Les parents y ont aussi des obligations vis-à-vis des enfants, les aînés des cadets ou les adultes en général des jeunes. Ce sont ceux-là qui se chargent de leur éducation et de leur apprentissage. Les enfants évoluent d'abord dans la sphère maternelle. Viennent ensuite leur entrée dans le milieu le plus élargi de la grande famille, où les autres enfants de la classe précédente prennent une grande importance pour lui, et leur initiation aux rites, qui ont pour fonction de faire évoluer l'enfant, non dans son comportement, son intelligence ou son affectivité, mais dans son existence même, pour le faire passer de l'état de nature à celui de culture et de le mener à sa véritable destinée, à son plein épanouissement.

L'apprentissage de l'enfant se fait dans cette société à l'aide de maximes, sentences, chansons, contes, proverbes...utilisés pour justifier telle manière de procéder, ou telle intervention et au travers desquels on devine l'existence d'un projet pédagogique, d'une véritable philosophie de l'éducation (Mbarga, 1991). Les normes et valeurs de la société véhiculées à l'enfant portent souvent l'honneur (pour sa famille et lui), la pudeur, le respect de soi-même, etc. Dans le domaine de la sexualité, la chasteté, la virginité, la tolérance et la patience dans leurs futurs ménages sont davantage adressées aux jeunes filles qu'aux garçons. Pour ces derniers, on insiste sur le sens et l'importance de la responsabilité afin d'en faire des êtres capables de s'assumer et d'assumer et de contribuer à la reproduction du groupe.

B) Les jeunes dans la société moderne

La société actuelle, contrairement à la précédente, n'assignent pas de fonctions sociales précises à la jeunesse. La société traditionnelle était sécurisante pour elle. L'autorité qu'y avait la famille s'est réduite à l'heure actuelle (Caldwell et al., 1991 et Diop, 1995). L'influence de la famille sur l'enfant, en ne se limitant point à transformer son affectivité en vue de l'accommoder à la vie de la communauté, dépouille celui-ci de toute fonction sociale. Son éducation y est prise en charge par l'école et les médias : télévision, radio et presse écrite véhiculant de nouvelles idées qui créent des comportements différents.

L'éducation des jeunes à l'école ne les prépare pas seulement à des rôles d'acteurs à l'intérieur de la famille et dans un nouvel environnement où la réussite de l'individu n'est plus liée à sa communauté, mais résulte de sa capacité à assimiler un savoir "scientifique" et à innover (Diop, 1995).

L'école et les nouvelles activités récréatives éloignent souvent les jeunes des adultes et la séparation des sexes n'y est plus assurée. Ces activités récréatives qui se rapportent au cinéma, aux soirées dansantes, au football..., raccourcissent le temps que les jeunes sont sous le contrôle des parents ou passent dans le cercle familial. Il s'en suit le développement de l'activité sexuelle précoce des jeunes observé dans la plupart des villes africaines.

Dans les lignes qui suivent, nous nous accorderons avec les auteurs des études antérieures pour étudier les variables avec lesquelles la démocratisation des institutions africaines influerait sur l'activité sexuelle des jeunes.

2.1.2 - Principales approches explicatives de la sexualité des jeunes en milieu urbain

Trois approches explicatives ressortent des travaux sur les comportements sexuels des jeunes. Il s'agit notamment des approches socioculturelle, économique et institutionnelle. Les études réalisées en milieu urbain africain se sont davantage orientées vers les deux premières.

L'approche socioculturelle se fonde sur le fait qu'on ne peut pas "désocialiser" l'activité sexuelle. Elle accorde un rôle central à la construction sociale et culturelle, sans laquelle, selon elle, aucun désir ne peut apparaître et s'exprimer (Foucault, 1984 cité par Bozon, 1994b). Ainsi, selon les auteurs de cette approche, les comportements sexuels sont déterminés par les normes et valeurs socioculturelles en matière de sexualité. C'est l'ensemble de ces constructions idéologiques qui déterminent les circonstances du déroulement de l'activité sexuelle. Dans ce cas, les relations sexuelles seraient spontanées et ne répondraient pas à un objectif particulier (Diop, 1995 ; Calvès, 1996). Une des expressions de cette approche est la thèse selon laquelle l'activité sexuelle des jeunes en milieu urbain s'expliquerait par la "désorganisation sociale", la faiblesse du contrôle social ou le relâchement des moeurs. Cette thèse fait partie de la théorie générale de la modernisation, qui se fonde sur l'affaiblissement des structures traditionnelles et le relâchement du contrôle des aînés sur les cadets. Les comportements nouveaux qui en résultent, sont plus orientés vers la satisfaction personnelle et la gratification individuelle que vers la responsabilité familiale (Diop, 1995).

L'approche économique considère les jeunes comme des acteurs dits rationnels. Cette approche se fonde sur la thèse de "l'adaptation rationnelle" selon laquelle les jeunes s'engageraient dans la sexualité pour atteindre des objectifs bien précis, précisément d'ordre économique ou social. Dans le premier cas, on peut noter les études qui ont insisté sur le fait que les conditions économiques contribuent aussi à l'engagement des jeunes dans l'activité sexuelle. Ainsi, la satisfaction des pulsions sexuelles peut se faire chez les jeunes garçons en échange de cadeaux, d'habits, de sommes d'argent ou d'un travail rémunéré en faveur des jeunes filles. Dans le second cas, se retrouvent les études qui expliquent l'activité sexuelle des jeunes, surtout les filles, par le mariage et la fécondité, celle-ci étant en fait une stratégie de l'aboutissement du mariage.

La dernière approche, la moins représentée dans la littérature existante, suppose que l'activité sexuelle des jeunes en milieu urbain serait aussi fonction de l'importance que les décideurs accordent aux lois et programmes les concernant. D'où l'importance accordée aux législations relatives au mariage, à la vie maritale des parents, à la protection sociale des jeunes et aux services spécifiques aux jeunes dans certaines études antérieures ayant abordé ce sujet.

Comme on le voit, les approches explicatives des comportements sexuels des jeunes sont essentiellement d'ordre socio-culturel et économique. Un des objectifs importants de notre étude consiste justement à comprendre comment les contextes socio-culturel et économique affectent la sexualité des jeunes en milieu urbain. Pour cerner cette relation, nous nous sommes fixés comme objectifs intermédiaires de mettre en exergue les significations de l'activité sexuelle et de la sexualité (ou des sexualités) chez les jeunes, de montrer comment celles-là évoluent avec l'âge, d'identifier les jeunes possédant des comportements sexuels particuliers et de cerner les justifications et les interprétations qu'ils accordent à ce genre d'activité sexuelle.

2.2 - Cadre conceptuel

Les études antérieures consacrées à la sexualité des jeunes n'ont pas révélé les mécanismes d'action des différents facteurs contextuels (socioculturels ou socio-économiques) sur les comportements sexuels des jeunes en milieu urbain. La présente étude s'attèle à cette tâche. Pour ce faire, elle esquisse un schéma d'analyse des différents facteurs de ce phénomène et précise les contenus des concepts en relation et leurs indicateurs.

2.2.1 - Présentation et explicitation du schéma d'analyse

Quatre grands groupes de concepts ont été mis en relation : en amont de ce schéma se retrouvent les concepts relatifs au contexte familial des jeunes (milieu socio-culturel, situation économique des parents, encadrement familial et médias), en aval la connaissance du SIDA et celle des méthodes de prévention des risques associés à la sexualité et entre les deux groupes l'environnement extérieur au cadre familial et l'éducation sexuelle.

Les comportements sexuels des jeunes en milieu urbain dépendraient directement de leur connaissance du SIDA et/ou des méthodes de prévention des risques associés à l'activité sexuelle. Celle-ci dépendrait, à son tour, de l'éducation reçue en la matière par les jeunes, de leur environnement extra-familial et des médias. C'est dire que la communication entre parents et jeunes dans le domaine de la sexualité contribuerait à faire connaître à ces derniers le SIDA et les méthodes de prévention des risques associés à l'activité sexuelle. Cependant, cette communication serait défavorisée en milieu urbain par le caractère tabou encore reconnu à la sexualité, certaines activités économiques des parents et les facteurs de modernisation (médias, écoles...), qui peuvent en effet réduire le temps que les parents et les enfants passent ensemble. Il s'en suit qu'en ville, les médias et les personnes étrangères au cercle familial, notamment les enseignants (école) et les amis (école, centres pour jeunes, groupes des jeunes...) seraient les principales sources avec et par lesquelles les jeunes prennent connaissance du SIDA et de la sexualité. Ces connaissances seraient suffisantes. Cependant, cette bonne connaissance n'induit pas l'adoption de comportements sexuels sains ; c'est le schéma opposé qui se dessinerait. Les médias et l'environnement extra-familial contribueraient donc à la fois aux connaissances des jeunes dans le domaine de la sexualité et à leur engagement dans l'activité sexuelle "à risque". Ceci se comprend aisément car ils véhiculent les informations sur la santé, y compris celles relatives au sexe et aux dangers qui le guettent, les films et la musique qui ne transportent aucune valeur morale.

En effet, l'école, les centres pour jeunes ou les groupes de jeunes fournissent aussi à ceux-ci les informations sus-mentionnées. Mais, ces lieux sont favorables à l'activité sexuelle des jeunes, car leur contrôle par les aînés et la séparation des sexes n'y sont pas assurés. Mieux, les influences de jeunes sur d'autres peuvent influer sur le déclenchement et la poursuite de cette activité. Les facteurs de modernisation (médias, scolarisation...), la fréquentation des centres pour jeunes ou des groupes de jeunes et l'encadrement familial des jeunes seraient les principaux déterminants de leurs comportements sexuels en milieu urbain. C'est donc à travers ces variables que le milieu socio-culturel et la situation économique des parents influeraient sur la sexualité des jeunes ; ils déterminent l'entité sociale à laquelle appartiennent les parents et, partant, les modèles culturels auxquels ils se sont référés pour élever leurs enfants mais seul le second détermine les conditions économiques des familles dans lesquelles vivent les jeunes.

2.2.2 - Connotations données aux concepts et indicateurs

Une meilleure compréhension du schéma d'analyse passe par la connotation que nous avons donnée aux concepts en relation ainsi que par la définition des indicateurs pour les mesurer.

A) Adolescence et sexualité précoce

Nous définissons l'adolescence comme la période allant de 12 à 20 ans pour les filles et de 12 à 25 ans pour les garçons et la sexualité précoce comme l'occurrence des premiers rapports sexuels pendant l'adolescence physiologique, c'est-à-dire avant 16 ans.

B) Milieu socio-culturel, entité sociale et modèles culturels

Le milieu socio-culturel a été défini comme l'ensemble des caractéristiques et des conditions qui déterminent et modulent à des degrés divers les valeurs et les normes propres au groupe socio-culturel d'origine. Ces éléments se combinent avec la situation économique des parents, que nous définirons plus bas, pour lier ces derniers à une entité sociale ayant un modèle culturel particulier par rapport à l'encadrement des enfants et à la sexualité. Les modèles culturels sont "des normes, des habitudes, des idées, des nécessités, des pratiques quotidiennes, etc., à propos du risque, et procure à l'individu des cadres de pensée et de pratiques qui sont reconnus et valorisés socialement et tout au moins en adéquation avec la vie sociale et le système socio-culturel. En d'autres mots, les modèles culturels cristallisent et interprètent l'influence que les différents éléments du système socio-culturel peuvent avoir même de façon fortuite sur la sexualité ou la procréation, la mortalité ou la mobilité spatiale, ils constituent le type d'orientations mentales et de comportements que secrète, propose et valorise la société à l'égard de chacun des risques, et auquel les individus se réfèrent sans doute plus inconsciemment que consciemment" (Gérard, 1992).

Schéma 1.1 : Schéma d'analyse des facteurs contextuels affectant les comportementssexuels des jeunes en milieu urbain

Des diverses caractéristiques religieuses ou socio-culturelles (qui véhiculent les normes et valeurs traditionnelles) et socio-économiques (qui favorisent le contact avec les nouvelles idées) de ce modèle, relatives notamment au rôle et à la signification de l'activité sexuelle, relatives à l'enfant, à la famille, à son modèle, vont résulter la manière dont les parents encadrent leurs enfants et les valeurs qu'ils leur inculquent.

Nous avons utilisé dans cette étude l'ethnie et la religion comme indicateurs des caractéristiques du modèle culturel qui véhiculent les normes et valeurs traditionnelles en matière de sexualité.

C) Situation économique des parents

Nous avons présumé dans cette étude que la situation économique des parents détermine les conditions matérielles dans lesquelles vivent les jeunes et peut aussi donner une indication sur le contact des parents avec les nouvelles idées. Nous y avons aussi considéré la profession des parents comme étant l'indicateur principal de ce concept.

D) Encadrement familial, fréquentations scolaires et des centres ou groupes de jeunes

Le premier concept renvoie aux dispositions que prennent les parents pour un meilleur encadrement de leurs enfants. Puisqu'en milieu urbain les jeunes passent une bonne partie de leur temps en dehors du cercle familial, nous nous sommes aussi intéressés à la place de l'environnement extra-familial (celui des écoles, centres, groupes et associations que fréquentent les jeunes) dans leurs connaissances en matière de sexualité et leurs comportements sexuels.

Pour appréhender le concept d'encadrement familial, nous avons utilisé six indicateurs: type d'union des parents, le fait d'avoir vécu avec son père et sa mère avant l'âge de 12 ans, le fait de vivre au moment de l'enquête avec ses parents, l'extension familiale du ménage, le fait que le père et la mère cohabitent et la suffisance des moyens. L'environnement extra-familial a été appréhendé via la fréquentation scolaire et des centres pour jeunes ou des groupes de jeunes.

E) Médias

Ce concept renvoie aux facilités qu'ont les jeunes au sein de leurs familles d'être informés sur certains sujets relatifs à la santé. A noter qu'elles peuvent toutefois défavoriser en milieu urbain l'éducation sexuelle faite dans le cadre familial et y contribuer au relâchement des moeurs dans le domaine de la sexualité. Nous nous sommes intéressés à la fois à la disponibilité des médias dans les ménages et à leur accessibilité pour jeunes. La présence de la radio ou de la télévision dans ce type d'unité sociale nous a permis d'appréhender le premier aspect et nous avons considéré le fait que les jeunes écoutent d'habitude la radio ou regardent d'habitude la télévision comme étant l'indicateur de leur accès aux médias.

F) Education sexuelle et connaissances du SIDA et/oudes méthodes de prévention des risques associés à l'activité sexuelle

Nous entendons par éducation sexuelle des jeunes l'ensemble des leçons relatives à la sexualité et dispensées par les parents. Pour appréhender ce concept, nous avons utilisé le fait que les jeunes s'entretiennent régulièrement avec leurs parents sur des sujets concernant la sexualité. La connaissance du SIDA se mesure ici par le fait que le jeune ait entendu parler de cette maladie et connaisse ses modes de transmission ou de prévention. Le fait que ce dernier sache que l'abstinence, la fidélité ou le monopartenariat ou l'utilisation des condoms sont des méthodes de prévention des risques associés à leur engagement dans la sexualité s'appréhende comme l'indicateur de sa bonne connaissance de ce sujet d'éducation.

2.3 - Lecture des comportements sexuels des jeunes en milieu urbain

Les hypothèses en rapport avec la sexualité des jeunes et testées dans cette étude peuvent donc s'organiser dans le schéma suivant, plus détaillé et que nous appelons schéma explicatif des comportements sexuels des jeunes. Il donne, par ailleurs, une meilleure vision des relations pressenties entre les différents niveaux des variables.

Les relations entre les variables, au niveau individuel, ont été testées à l'aide des modèles statistiques. Comme ce schéma l'indique, celles-ci se répartissent en quatre catégories : les variables contextuelles, de socialisation ou d'encadrement, de mentalité et comportementales. Les deux premiers groupes se situent en fait au niveau familial et les deux autres au niveau individuel. Nous nous sommes intéressés à leurs liens. Cependant, une attention particulière y a été accordée aux liens entre les variables contextuelles et comportementales. Ainsi, notre analyse a été incomplète en regard de l'absence de l'évaluation des relations entre les variables comportementales et les risques de grossesse et d'infection des MST/SIDA. Compte tenu des résultats issus des recherches antérieures, nous posons l'hypothèse selon laquelle la preuve de l'existence de relations entre les variables comportementales et les variables contextuelles confirme les associations entre celles-là et ces risques. Toutefois, compte tenu de l'association entre le SIDA, une des maladies les plus graves de l'humanité, et les MST au Cameroun, comme partout ailleurs dans les pays en développement, nous avons accordé davantage d'intérêt aux risques inhérents à ces pathologies.

2.4 - Cadre de l'étude

Bamenda a été choisi comme cadre d'étude. C'est la plus grande ville de la province du Nord-Ouest, une des dix provinces du Cameroun, qui est un pays situé dans la Golfe de Guinée, précisément au-dessus de l'Equateur, entre les 2ème et 13ème degrés de latitude nord, et les 9ème et 16ème degrés de longitude est. Etiré sur plus de 120 Km de la baie de Bonny du lac Tchad et apparaît comme un vaste triangle d'environ 465.000 Km², la province du nord-ouest qui couvre une superficie de 17.409 Km², est limitée au nord par le Nigéria, au sud par la province de l'ouest, à l'est par l'Adamaoua et à l'ouest par la province du Sud-Ouest.

Schéma 1.2 : Schéma explicatif des comportements sexuels des jeunes en milieu urbain

En ce qui concerne le peuple, la province du Nord-Ouest, comme celles du Sud-Ouest et de l'Ouest du Cameroun, est peuplée par des "Bantoïdes non bantous" et des "bantous au sens large". Ces différents groupes sont tous représentés dans la ville de Bamenda.

Les "Bantoïdes non bantous" se retrouvent surtout le long de la frontière nigériane tandis que les "Bantous au sens large", appelés aussi "Tikars", sont restés tout près du plateau Bamoun. La population de Bamenda est donc répartie en deux grands groupes. Dans le premier groupe composé de bantoïdes, on rencontre trois principaux sous-groupes : les Metta, qui se retrouvent aussi au sud-ouest du Cameroun, les Bali-ngemba et les Makon-Banyague (Ngueyap, 1995)(). Ces derniers sont les autochtones de la province du nord-ouest et les autres des migrants. Ces groupes sont patrilinéaires. Les Makon-Banyague préfèrent les unions polygames et sont pour la plupart des agriculteurs. Les autres groupes pratiquent surtout le commerce et l'élevage. Les Tikars qui déclarent appartenir pour la plupart à la religion musulmane, aiment, conformément à leurs valeurs religieuses, les unions polygames. Ils pratiquent aussi, comme les Bali-ngemba et les Metta, le commerce et l'élevage.

Ces peuples, qui sont fortement organisés comme les Bamiléké(), perçoivent l'enfant comme un pilier de la famille et de la communauté, qui assurera donc la pérennité du lignage. Pour ce faire, il est nécessaire d'en faire un être complet, capable de s'assumer et d'assumer les responsabililtés que lui distribue la famille, voire la communauté. Les attitudes du milieu à son égard et les conduites éducatives qu'on adopte à son endroit sont orientées de manière décisive. Ainsi, ces groupes imposent tous des étapes à passer à l'enfant pour en faire un homme ou une femme digne. L'étape la plus importante est celle de l'initiation. Cette étape lui fait vivre intensément, à travers des situations symboliques et rituelles, tout ce que représente ce moment de l'accession à l'âge adulte, que la culture traditionnelle espère lui faire mesurer la signification. Chez les Makon-Banyague, par exemple, les filles qui ont déjà franchi cette étape, se distinguent des autres par une "grosse perle" placée à leurs oreilles droites. Cette initiation est rapidement suivie par une entrée en union chez les Tikars et les Makon-Banyague. L'adultère y est considérée, surtout celle des femmes, comme une affaire des plus graves, spécialement quand la faute a été suivie de la naissance d'un enfant. En bref, sous l'effet de la modernisation, des changements ont eu et ont lieu dans ces groupes. Les moins conservateurs d'entre eux seraient actuellement faiblement liés à leurs valeurs traditionnelles, y compris celles relatives à la sexualité.

Les peuples musulmans sont ceux qui ont le moins bénéficié, durant la colonisation, de l'éducation occidentale, suite à la mauvaise intégration de l'enseignement coranique dans le système où domine l'anglais. D'autres différences d'occidentalisation ont été observées dans le milieu étudié : les Makon-Banyague semblent être les plus attachés aux schémas traditionnels, contrairement aux Bali-ngemba et Metta, qui sont assez représentés dans les religions catholique ou protestante.

Les sociétés actuelles, à la différence des précédentes, se caractérisent par une absence de contrôle social strict des moeurs, y compris celles relatives à la sexualité, et des fonctions sociales de la jeunesse. Cette absence crée un vide, qui ne peut être comblé par la seule scolarisation. Ce qui est favorable à une forte intensité de l'activité sexuelle et, partant, à la transmission sexuelle des MST/SIDA.

2.5 - Source des données

Les données utilisées proviennent d'une enquête sur les comportements sexuels des jeunes (ECSJB) que nous avons effectuée à Bamenda en août 1995. Cette enquête était composée d'un volet qualitatif et quantitatif a porté sur 671 jeunes de cinq quartiers de Bamenda, dont 125 à Bayelle, 92 à Ghomghan, 131 à Ntamulung, 127 à Ntarikon et 196 à Old Town.

Le questionnaire de l'enquête quantitative se compose de trois sections. La première section s'intéresse aux caractéristiques socio-économiques et socio-démographiques des enquêtés (caractéristiques des parents, des ménages, disponibilité des médias dans les ménages). La seconde concerne les informations relatives à l'encadrement des jeunes (personnes avec qui vivaient les jeunes âgés de moins de 12 ans au moment de l'enquête, informations sur la survie des parents, type d'union des parents, cohabitation des parents, suffisance des moyens qu'ont les jeunes pour satisfaire leurs besoins et fréquentation des centres ou groupes des jeunes). La troisième section porte essentiellement sur l'entretien des jeunes avec leurs parents sur des sujets éducatifs concernant la sexualité, la connaissance des comportements sexuels sans danger, les sources d'informations chez les jeunes dans le domaine de la sexualité, leurs comportements sexuels, leurs connaissances du sida et de ses modes de transmission, les sources d'informations sur le sida et les attitudes vis-à-vis du SIDA.

L'enquête assise sur des questionnaires a été exécutée en même temps qu'une autre de nature qualitative. Il s'agissait des discussions des groupes avec des parents et des jeunes et des interviews approfondis avec des jeunes filles prostituées et leurs clients.

2.6 - Méthodologie statistique d'analyse

En nous référant aux objectifs spécifiques de cette recherche et aux hypothèses qui en ont résulté, les méthodes statistiques d'analyse que nous avons utilisées sont descriptives et explicatives.

En effet, pour caractériser les jeunes à comportements sexuels particuliers, nous avons analysé les tableaux croisant les différents antécédents familiaux des jeunes ou leurs caractéristiques individuelles et les différents indicateurs des comportements sexuels, notamment l'âge aux premiers rapports sexuels, le multipartenariat et l'occurrence des rapports sexuels occasionnels. Pour élucider les mécanismes selon lesquels les contextes socio-culturel et économique affectent les comportements sexuels chez les jeunes, nous avons recouru aux analyses de classification multiple et de régression logit. Ces analyses ont été faites aux différents niveaux de notre cadre conceptuel. Dans un premier temps, nous avons examiné les variations des facteurs plus ou moins proches du multipartenariat et de l'occurrence des rapports sexuels occasionnels chez les jeunes, à savoir la communication entre parents et jeunes dans le domaine de la sexualité et la discussion en famille des sujets en rapport avec le SIDA, la connaissance de la méthode de prévention sexuelle des MST/SIDA et la sexualité précoce. L'analyse de classification multiple a uniquement porté sur cette dernière variable parce qu'elle est dichotomique et faiblement dissymétrique (). Ces analyses ont été suivies par une analyse de régression logit sur le multipartenariat chez les jeunes et l'occurrence chez eux des rapports sexuels occasionnels. L'explication de certaines relations statistiques a été faite en recourant aux informations issues des discussions de groupes avec les jeunes ou les adultes parents et non parents et des interviews approfondis avec les jeunes filles prostituées. Ces informations ont été complétées par les motivations du multipartenariat dans l'activité sexuelle et des rapports sexuels occasionnels collectées lors de l'ECSJB.

III - SYNTHESE DES PRINCIPAUX RESULTATS

Les principaux résultats des analyses descriptives effectuées dans cette étude peuvent être résumés comme suit :

  • les jeunes s'entretiennent rarement avec leurs parents sur des sujets éducatifs concernant la sexualité. L'âge idéal du début de son éducation sexuelle différerait selon le sexe : 13,8 ans chez les jeunes filles et 15 ans chez les jeunes garçons. Les mères se consacreraient, selon les jeunes enquêtés, à l'éducation sexuelle des filles et les pères à celle des garçons.
  • Bien qu'une faible coopération existe entre parents et jeunes, ces derniers ont une bonne connaissance du SIDA et/ou des méthodes de prévention des risques associés à l'activité sexuelle. Ceci ne signifie pas toutefois qu'ils connaissent bien la physiologie de l'appareil génital et la santé reproductive. La radio, la télévision, les journaux, les amis et les centres de santé sont selon leur ordre d'importance, leurs principales sources d'informations sur les problèmes de santé et du SIDA. Mais, dans ce dernier cas, les amis et l'école occupent la troisième position, les journaux, les centres de santé ainsi que la famille viennent ensuite.
  • L'âge moyen aux premiers rapports sexuels se situe, chez les jeunes enquêtés, à 15,6 ans chez les filles et à 15,8 ans chez les garçons. L'âge idéal moyen aux premiers rapports sexuels a été évalué, par ces mêmes jeunes, à 18 ans quel que soit le sexe, environ donc 3 ans plus tard qu'ils débutent effectivement ces rapports. Les amis et les aînés sont les personnes à qui ils parlent de leurs premières expériences sexuelles. De plus, la plupart d'entre eux, surtout les garçons, pensent que c'est normal qu'ils commencent les rapports sexuels avant le mariage.
  • Un jeune sur dix enquêtés a déclaré ne pas avoir de partenaire sexuel au moment de l'enquête, 6 sur dix en ont un et trois sur dix ont au moins deux partenaires sexuels. Environ 40,5 % des jeunes qui ont déjà eu les premiers rapports sexuels ont déclaré avoir noué les rapports sexuels occasionnels au cours des douze derniers mois. Une bonne partie des jeunes enquêtés s'engage donc intensément dans l'activité sexuelle, qui les expose aux risques de contamination avec les pathologies que sont les MST/SIDA.

Les analyses multivariées effectuées nous ont permis d'observer que c'est l'activité économique des parents qui est la variable agissant davantage négativement sur la communication entre ces derniers et leurs enfants dans le domaine de la sexualité. Ce sont les agriculteurs, commerçants ou ouvriers qui n'ont pas une communication franche et bonne avec leurs enfants. Deux hypothèses ont été formulées pour expliquer ces résultats, en l'occurence l'hypothèse qui veut que la sexualité soit un sujet tabou (applicable dans le cas des agriculteurs) et celle de la contrainte du temps (applicable dans le cas des deux autres modalités).

Contrairement aux attentes, les activités récréatives des jeunes et leur fréquentation scolaire n'ont pas négativement influencé ce phénomène dans le milieu étudié. Les résultats des entretiens que nous avons eus avec les jeunes ont davantage renforcé ces hypothèses. En effet, les raisons qu'ils ont avancées pour expliquer le manque de communication entre eux et leurs parents sont surtout d'ordre culturel et économique. Il s'agit, une fois de plus, dans le premier cas, du caractère tabou de la sexualité. Les jeunes ont par conséquent déclaré que c'est par respect ou parce qu'ils ont peur d'être blâmés qu'ils n'osent pas aborder ce sujet avec leurs parents. Dans le second cas, c'est l'activité des parents qui a été la raison la plus évoquée, d'autant plus qu'elle entraîne la plupart des parents à passer une bonne partie de leur temps hors du cercle familial. C'est ce qui justifie pourquoi toutes les informations concernant les MST/SIDA et la sexualité que les jeunes reçoivent proviennent notamment des médias. C'est donc à travers ce moyen moderne de communication que les jeunes s'informent davantage sur ces sujets vient en appoint la communication inter-personnelle entre amis.

Le taux d'éducation sexuelle des jeunes dans le cadre familial s'étant avéré faible dans le milieu étudié, il est ressorti de nos données une relation non significative entre celle-ci et la connaissance des condoms chez les jeunes enquêtés. En revanche, ce sont les médias et les variables relatives à l'environnement extra-familial, notamment la scolarisation, le niveau d'instruction atteint et la fréquentation des centres pour jeunes ou des groupes des jeunes, qui font partie des déterminants de cette connaissance. La plupart des ces variables, auxquelles s'est ajoutée l'origine ethnique des parents, contribuent à l'entrée précoce des jeunes dans l'activité sexuelle.

Les premiers rapports sexuels sont très précoces chez les jeunes bamiléké ou tikari-nsoh, scolarisés, de faible niveau d'instruction et qui vivent dans les ménages disposant des médias. Outre ces facteurs socio-culturels et la curiosité, une des principales motivations des premiers rapports sexuels chez les jeunes enquêtés, nous nous sommes interrogés sur la pertinence de l'approche économique dans l'explication de la variation du comportement sexuel de ces derniers. Ce qui n'était pas en revanche le cas du multipartenariat ou de l'occurrence des rapports sexuels occasionnels dont les variations ont été à la fois expliquées par l'origine ethnique et la situation économique des parents. C'est ainsi que les variables comme la polygamie, l'extension familiale des ménages, l'encadrement des jeunes pendant l'enfance ainsi que les médias ou l'insuffisance des moyens dont disposent ces derniers pour satisfaire leurs besoins, font partie des déterminants des comportements sexuels des jeunes enquêtés.

  • L'appartenance aux groupes bamiléké ou "étrangers" influence positivement le multipartenariat chez les jeunes enquêtés. Il en est de même du groupe makon-banyague, mais son influence n'a pas été significative. En revanche, l'appartenance aux groupes tikari-nsoh, bali-ngemba ou "autres nord-ouest" l'a négativement influencé. Ce sont aussi les groupes qui ont positivement influencé le multipartenariat qui agissent dans le même sens sur la sexualité occasionnelle. C'est le cas notamment avec les Makon-Banyague, les Bamiléké et les "Etrangers". A ces groupes, s'est ajouté, dans une certaine mesure, celui des Tikari-nsoh. Les Bali-ngemba, Metta et "Autres nord-ouest" sont plutôt défavorables à la sexualité occasionnelle.
  • Le fait d'avoir un père commerçant, "cadre ou employé" ou ouvrier influence positivement le multipartenariat. Les enfants des agriculteurs s'engagent moins que les autres dans cette activité sexuelle.
  • C'est dans les ménages qui ne disposent pas de télévisions, donc les ménages de niveau de vie pauvre, que les jeunes s'engagent davantage dans la sexualité occasionnelle. De même, l'insuffisance des moyens disponibles pour satisfaire les besoins influence positivement le comportement sexuel des jeunes.
  • La fréquentation scolaire n'influence pas significativement le multipartenariat ou la sexualité occasionnelle. Le niveau d'instruction atteint semble être plutôt négativement associé à ces phénomènes.
  • Le fait d'être de sexe masculin influence positivement le multipartenariat.
  • Le fait que le jeune ait été encadré par ses deux parents pendant toute son enfance influence négativement son engagement dans la sexualité occasionnelle. En revanche, la polygamie influence positivement chez lui ce genre d'activité sexuelle.
  • L'occurrence précoce des rapports sexuels favorise chez les jeunes aussi bien le multipartenariat que leur engagement dans la sexualité occasionnelle. En revanche, l'éducation sexuelle influence très négativement la sexualité occasionnelle, qui est positivement associée par ceux-ci à la connaissance du condom.

Les jeunes filles s'engagent dans la sexualité occasionnelle ou dans le multipartenariat pour plusieurs raisons. La première est d'ordre économique, comme le témoigne ce propos d'une des jeunes femmes prostituées interviewées pendant l'enquête : "... Je me suis entraînée dans cette vie sexuelle parce que j'ai perdu mes parents, j'ai deux enfants et je n'ai pas de mari qui m'aiderait à résoudre mes problèmes et ceux de mes deux enfants (...) Si j'ai la chance d'en avoir j'abandonnerai cette activité qui m'expose souvent à des nombreux risques..." La seconde l'est aussi parce que la plupart des jeunes filles vivant encore chez leurs parents au moment de l'enquête déclarent avoir plusieurs partenaires sexuels parce qu'elles pensent qu'en procédant ainsi elles augmenteraient leur chance d'avoir un conjoint.

Les raisons avancées par les garçons étaient différentes de nos attentes. C'est davantage le fait qu'ils veulent avoir beaucoup de copines et le manque de confiance qui les motivent dans le multipartenariat. C'est pourquoi de ces résultats ainsi que des motivations du nouage par les jeunes de leurs premiers rapports sexuels peuvent être dégagées trois principales considérations sur la sexualité chez ce groupe socio-démographique : la curiosité, le sujet et l'objet qui interviennent à des âges différents. La curiosité intervient au moment de l'éveil sexuel. Après cette étape, la sexualité est considérée par certains jeunes comme un "sujet" et par d'autres comme un "objet"!

IV - IMPLICATIONS AU NIVEAU DE LA RECHERCHE ET DES POLITIQUES

Cette étude n'a pas du tout la prétention d'avoir totalement atteint les objectifs qu'elle s'est fixée. Certains d'entre eux mériteraient de faire dans l'avenir l'objet des recherches beaucoup plus approfondies. En effet, compte tenu de la faiblesse de la taille de l'échantillon des données utilisées et de l'importance du sexe dans la différenciation des comportements sexuels des jeunes, la bonne compréhension des résultats de cette recherche gagnerait à être soutenue par des études de grande portée quantitative et qualitative. Elles permettraient ainsi d'approfondir ces résultats et de mieux comprendre pourquoi les garçons bénéficient plus que les filles d'une liberté sexuelle avant le mariage, de mieux cerner selon le sexe les justifications et interprétations des comportements sexuels particuliers d'appréhender les mécanismes par lesquels les facteurs contextuels les affectent. De plus, une recherche explicative des variations chez les jeunes des risques de s'engager dans la sexualité "à risque" ne pourrait être menée de manière complète que par une équipe multidisciplinaire. C'est dans cette voie que doivent aussi aller les recherches à venir. Les recherches suivantes pourront ainsi être envisagées dans un avenir plus ou moins proche :

  • la réalisation d'une enquête d'envergure nationale ou régionale sur les facteurs contextuels affectant les comportements sexuels des jeunes en zone urbaine ;
  • la réalisation des enquêtes qualitatives avec les parents et les jeunes enfants afin de mieux cerner les facteurs contextuels de la liberté sexuelle des jeunes garçons ;
  • la réalisation d'une enquête d'évaluation des besoins, connaissances, attitudes et comportements des adolescents en matière de sexualité. Les résultats de cette enquête permettront de juger de l'importance du problème d'éducation sexuelle des jeunes et, partant, de réaliser une enquête qualitative sur les principaux facteurs qui influencent négativement ce phénomène;

-la conduite d'une étude approfondie et axée sur les facteurs de rupture entre la prise de conscience des risques associés à l'activité sexuelle et l'adoption des comportements sexuels sains. Dans cette perspective, s'inscrira, entre autres, une enquête en zone urbaine sur les attitudes et opinions des jeunes à l'égard de l'utilisation des condoms et portant sur leurs caractéristiques au moment de l'enquête.

Au regard de l'influence positive de la polygamie sur les comportements sexuels "à risque", il faudrait aussi chercher davantage à mieux comprendre dans l'avenir pourquoi certains hommes choisissent les unions polygames, d'en cerner les variables défavorisantes, de collecter les informations sur ces unions, de connaître les principales attitudes des femmes vis-à-vis de la polygamie, de connaître les avantages et les inconvénients que rencontrent les femmes dans ce régime matrimonial, de connaître les attitudes, les opinions et les pratiques de celles-ci à l'égard de l'amélioration de leur statut. A ces études, on pourrait ajouter une enquête sur les interactions entre SIDA et ménages polygames.

Au niveau des politiques, les différents résultats de cette recherche conduisent aux recommandations suivantes :

  • l'intérêt de l'approche démographique pour l'étude de la sexualité "à risque" chez les jeunes commande de faire appel à d'autres spécialistes (médecins, éducateurs ou formateurs sociaux, sociologues, etc.), de mieux cibler les jeunes susceptibles d'être contaminés par les MST/SIDA de mieux affiner l'élaboration des stratégies d'action et de lutte contre ces maladies ;
  • l'intensification des programmes visant à promouvoir l'utilisation du condom par les jeunes, sans oublier de tenir compte des différents écueils socio-culturels, socio-économiques ou institutionnels qui les influencent négativement ou encore d'impliquer ces derniers dans les dynamiques de conception et d'exécution de ces programmes ;
  • la promotion des services de santé spécialisés dans la santé reproductive des jeunes et accessibles à tous quel que soit le sexe. Ceci suppose que les personnels de ces rouages institutionnels, habilités à les offrir à ces derniers, aient au préalable suivi des cours d'éducation sociale, de santé reproductive et connaissent parfaitement les normes et valeurs sociales qui informent les contextes socio-culturels dans lesquels évolue ce segment socio-démographique.
  • La nécessité de la mise en oeuvre des programmes d'IEC sur les pratiques socio-culturelles nuisibles à l'éducation sexuelle des jeunes en famille, afin de promouvoir des rapports de communication francs et bons entre les parents et les jeunes dans le domaine de la sexualité. Pour ce faire, ces programmes devraient viser à améliorer les connaissances des parents dans le domaine de la santé reproductive.
  • L'insertion dans les programmes d'enseignement pour les jeunes de cours d'éducation sexuelle, d'éducation à la vie familiale et à la parenté responsable. Cet enseignement pourrait leur être dispensé par d'autres jeunes dans les centres ou groupes de jeunes.
  • L'urgence d'une révision intégrale des textes législatifs relatifs à la vie des jeunes, de l'adoption de lois relatives aux droits sociaux des jeunes et d'une bonne réglementation de l'accès aux médias, des salles de cinéma et autres infrastructures urbaines que fréquentent les jeunes.
  • L'amélioration des conditions de vie des familles et, en particulier, celles des mères célibataires en mettant en place, entre autres ressources économiques, des activités productrices de revenu.

BIBLIOGRAPHIE

  • Adenike Beatrice and Omoboye, 1993, "Sexual networking among some Lagos State adolescent Yoruba students", Health Transition Review, vol. 3 : 151-157.
  • Andrews et al., 1973. Multiple classification analysis, 2nd Edition, Ann Arbor, ISR/University of Michigan, 104 p.
  • Aucken K, "Time of mariage, Mate selection and task accomplishment in Newly Formed Copenhagen Families", Acta Sociologica, vol. 8, Fasc 1-2 : 128-141.
  • Baldo M., Aggleton P. and Slutkin G., 1993, "Does sex education lead to earlier or increased sexual activity in Youth", Berlin, IXème [Communication à la conférence internationale sur le SIDA, Berlin].
  • Bauni E. K., 1990, "The changing sexual patterns of the Meru people of the Chogoria Region, Kenya". [Paper presented at the IUSSP seminar on anthropological studies relevant to the Sexual Transmission of HIV, Sonderborg, Denmark, November 19-22].
  • Bledsoe Caroline, 1989, "The cultural meaning of AIDS and condoms for stable heterosexual relations in Africa : recent evidence from the local print media". [Paper presented at the Seminar on Population policy in Sub-saharan Africa : drawing on international experience, Hotel Okapi, Kinshasa, Zaire, 27 February-2 March 1989].
  • Bledsoe Caroline and H., Cohen Barney (ed.), 1993, Social Dynamics of Adolescent Fertility in Sub-Saharan Africa, Washington D.C., National Academic Press, 208 p.
  • Bowie C. and Ford N., 1989, "Sexual behaviour of young people and the risk of HIV infection", Journal of epidemiology and community health, 43 (1) : 61-66.
  • Bozon Michel, 1994a, "L'entrée dans la sexualité adulte", Population, 48ème année, 5 : 1317-1352.
  • Bozon Michel, 1994b, "Les constructions sociales de la sexualité", Population, op. cit. : 1173-1196.
  • Caldwell J. C., Orubuloye I. O. and Caldwell P., 1991, "The destabilization of the traditionnal Yoruba sexual system", Population and Development Review, 17 (2) : 229-262.
  • Caldwell J. C. et al., 1993, "African families and AIDS : context, reactions and potential interventions". Health Transition Review, op. cit. : 1-16.
  • Calves E. A., 1996. Youth and fertility in Cameroon: changing patterns of family formation, The Pensylvania State University, 254 p. [Thesis, Rural Sociology and Demography].
  • Cooksey E. C., 1988, Outcome of adolescent first premarital pregnancies: the influence of family background, Ann Arbor, Michigan, University Microfilms International, 155 p.
  • Cooksey E. C., 1990, "Factors in the resolution of adolescent premarital pregnancies", Demography, 27 (2) : 207-218.
  • Diop J. N., 1995. "La fécondité des adolescentes au Sénégal", Dakar, UEPA, 19p. [Rapport de synthèse n° 11, Programme de Petites Subventions pour la Recherche en Population en Développement].
  • Evina Akam, 1990, "Infécondité et sous-fécondité: évaluation et recherche des facteurs. Le cas du Cameroun", U.C.L, 274 p. [Thèse de Doctorat, Démographie].
  • Foucault M., 1984, Histoire de la sexualité, T. II : L'usage des plaisirs, Paris, Gallimard.
  • Gage-B Randon, Anastasia and Meekers, Dominique, 1992, Sexual activity before marriage in Sub-saharan Africa, Pennsylvannia, Population Issues Research Center, The Pennsylvania State University, 23 p.
  • Guisse Yaube et Almeida, 1989, "Sexualité et connaissance du SIDA chez les collégiens et jeunes femmes de Dakar Banlieue", Revue Africaine des Sciences Sociales et Médicales pour la Santé, vol. 1 : 74-82.
  • Herbert L., 1994, "Surmonter les obstacles à la santé des adolescents", Family Health International, vol. 9, 1, janvier : 4-6.
  • Ilinimugabo A. et al., 1996, Causes et conséquences des grossesses chez les adolescentes au Cameroun, Camnafaw & CEFA, avril 98 p. [Rapport de recherche, série n° 3].
  • Instituto Maxicano De Investigacion De Familia y Poblacion Planeando Tu Vida, 1990, Elaboration et essai d'un programme d'éducation sur la vie familiale à l'intention des jeunes enfants, (Rapport technique final).
  • Kirby D., Wasrak C., Ziegher J., 1991, "Sex School-based clinics: their reproductive health services and impact on sexual behaviour", Family prospect, 18 (3) : 119-126.
  • Kouton Etienne, 1992, "Evaluation et Recherche des facteurs de la fécondité précoce au Bénin", Cahier de l'IFORD, 3, décembre, 113 p.
  • Ku L., Sonenstein F. L. and Pleck, 1993, "Factors influencing first intercourse for teenage men", Public Health Reports, 108 (6).
  • Locoh T., 1991, "La fécondité des adolescents : synthèse des résultats des enquêtes nationales", Revue vie et santé, 8, juillet.
  • Lurie A., 1976, "Adults parents and their sexuality", Family Planning Council of New York city: Family interaction on sexuality, New York : 1-12.
  • Marsigho W., Mott F., 1986, "The impact of sex education on sexual activity, contraceptive use and premarital pregnancy among american teenagers", Family Planning Prospect, 18 (4) : 151-162.
  • Meekers Dominique, 1992, "Sexual Initiation and Premarital Childbearing in sub-Saharan Africa", Macro International Inc., 26 p. [DHS Working Papers].
  • Nations Unies, 1988, "Adolescent Reproductive behaviour", Population Studies, Vol. 1, 109.
  • Ngueyap F., 1995, "Ethnie, milieu d'habitat et propagation du HIV/SIDA. Evaluation, Facteurs associés et Implications", [Communication présentée au Séminaire sur "Les Aspects socio-économiques, sanitaires et démographiques du HIV/SIDA en Afrique", organisé par l'UEPA, Abidjan, 26-28 octobre 1995].
  • OMS, 1977, "Health Needs of Adolescents", Genève, OMS, [Report of a WHO expert Committee, Technical Report, Series n° 609].
  • Paxman J.M., Zuckerman R. J., 1980, Adolescent sexual and reproductive healthcare and education : a survey of legal and policy alternatives, 83 p. [Paper presented at the WHO meeting on adolescent sexuality and reproductive health: Educational and Service aspects, Mexico City, April 28-May 2, 1980].
  • Paxman J. M., Zuckerman R.J., 1987, Laws and policies affecting adolescent health, Geneva, Switzerland, WHO, 306 p.
  • Renne Elisha P., 1993, "Changes in adolescent sexuality and the perception of virginity in a southwestern Nigerian village", Health Transition Review, op. cit. : 121-133.
  • Roemer R., 1983, Legal aspects of health services related to adolescent, 96 p.[unpublished].
  • Sala Diakanda M., 1980, "Approche ethnique des phénomènes démographiques : le cas du Zaïre", UCL, 433 p. [Cahier n° 4, Recherches Démograpiques].
  • Schofield M., 1966, "Environmental influences on adolescent sexual behaviour",[Proceedings of the 5th conference of the Europe and Near East region of the IPPF, Copenhagen, Danmark, July 5-8. London, England, IPPF].
  • Schofield M., 1971, "The sexual behaviour of young people", J. Medawer and D., Pyke (Eds): Family Planning, Haromond Sworth, England, Penjuin : 173-178.
  • UEPA, 1994, Rapport de la Conférence sur Reproduction et Santé Familiale en Afrique, Dakar, Sénégal, 95 p.
Copyright 1999 - Union for African Population Studies.
Home Faq Resources Email Bioline
© Bioline International, 1989 - 2024, Site last up-dated on 01-Sep-2022.
Site created and maintained by the Reference Center on Environmental Information, CRIA, Brazil
System hosted by the Google Cloud Platform, GCP, Brazil