Reports from
Union of African Population Studies / L'Union pour l'Etude de la Population Africaine
Num. 40, 1999
Union for African Population Studies, Rapport de Synthese / Summary Report,
Numéro 40 - Oct.1999 /
Number 40 - Oct. 1999
Programme de petites subventions pour la recherche en population et developpement
FACTEURS CONTEXTUELS DES COMPORTEMENTS SEXUELS : LE CAS DES
JEUNES DE LA VILLE DE BAMENDA (CAMEROUN)
RWENGE Mburano
Institut de Formation et de Recherche Démographiques,
(IFORD), Yaoundé/Cameroun
Les opinions exprimées dans cette étude n'engagent strictement
que l'auteur et en aucune manière l'Union pour l'Etude de la Population
(UEPA)
ETUDE REALISEE DANS LE CADRE DU PROGRAMME DE PETITES SUBVENTIONS POUR LA RECHERCHE
EN POPULATION ET DEVELOPPEMENT FINANCÉ PAR LA FONDATION ROCKFELLER,
LA FONDATION MAC ARTHUR ET LA SAREC
Code Number: uaps99040
TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENTS
I - INTRODUCTION
II - APPROCHE THEORIQUE ET METHODOLOGIE
2.1 - Synthèse de la littérature
2.1.1 - Contexte sociologique de la sexualité des jeunes en Afrique
subsaharienne
A) - Les jeunes dans la société traditionnelle
B) - Les jeunes dans la société moderne
2.1.2 - Principales approches explicatives de la sexualité des jeunes
en milieu urbain
2.2 - Cadre conceptuel
2.2.1 - Présentation et explicitation du schéma d'analyse
2.2.2 - Connotations données aux concepts et indicateurs
A) - Adolescence et sexualité précoce
B) - Milieu socio-culturel, entité sociale et modèles culturels
C) - Situation économique des parents
D) - Encadrement familial, fréquentations scolaires et des centres ou
groupes de jeunes
E) - Médias
F) - Education sexuelle et connaissances du SIDA et/ou des méthodes
de prévention des risques associés à
'activité sexuelle
2.3 - Lecture des comportements sexuels des jeunes en milieu urbain
2.4 - Cadre de l'étude
2.5 - Source des données
2.6 - Méthodologie statistique d'analyse
III - SYNTHESE DES PRINCIPAUX RESULTATS
IV - IMPLICATIONS AU NIVEAU DE LA RECHERCHE ET DES POLITIQUES
BIBLIOGRAPHIE
REMERCIEMENTS
La présente recherche n'aurait certainement pas été menée
sans le concours financier du Programme des Petites Subventions pour la recherche
en Population et Développement de l'Union pour l'Etude de la Population
Africaine, coordonné par le Dr. Ibrahim Lamine Diop. Qu'il trouve ici
l'expression de notre profonde gratitude et de nos très sincères
remerciements.
Nous tenons aussi à remercier tous ceux qui nous ont
soutenu d'une manière ou d'une autre tout le long de ce travail. Nous
pensons notamment :
au Professeur Ngondo A Pitshadenge Séraphin et au
Dr Evina Akam, dont les observations critiques et suggestions nous ont permis
d'améliorer la qualité du rapport provisoire de cette étude
;
aux autorités administratives et traditionnelles de
la ville de Bamenda, qui nous ont autorisé à collecter les données
nécessaires à l'aboutissement de cette étude ;
à nos agents enquêteurs Gazire Patrice, Kiven,
Mbapeh, Akemecha Joshua et Limen Emmanuel Njike, qui ont pris une part active
aux travaux de terrain ;
à Mr. Nkoa Sylvestre, qui s'est attelé à la
codification des informations relatives aux questions ouvertes et à la
saisie des données.
Je ne saurais terminer sans remercier de tout fond de coeur
l'Eternel Dieu Tout Puissant, qui m'a aidé à me comporter dignement
devant toutes les situations que j'ai rencontrées le long de ce travail.
I - INTRODUCTION
La sexualité est un domaine qui a longtemps attiré l'attention
aussi bien des sociologues et anthropologues que des démographes. Cette
attention résulte, entre autres, des relations identifiées entre
les comportements sexuels et certains phénomènes ayant des conséquences
sociales, sanitaires, économiques et démographiques néfastes.
En Afrique au sud du Sahara, les premières études sur les comportements
sexuels remontent à la période coloniale. Elles avaient pour
objectif de cerner les causes de l'infécondité et de la stérilité observées
surtout en Afrique Centrale. La plupart d'entre elles aboutirent à la
conclusion que ces phénomènes résultèrent, entre
autres, du relâchement des moeurs en matière de sexualité (Van
Balen, 1958; Romaniuk, 1967; Retel, 1974; Sala-Diakanda, 1980; Evina 1990,
...). C'est ce facteur qui a été favorable à la propagation
des maladies sexuellement transmissibles (MST) stérilisantes (blennorragie,
gonococcie, chlamydia et mycoplasma) ou abortives (syphilis). En plus de ces
maladies, la valorisation de la fécondité en Afrique entraîne
nombre de couples sans enfant à ne pas se réaliser pleinement
dans la société. Une autre conséquence, non des moindres,
résultant en partie de la dénatalité qu'induisent l'infécondité et
la stérilité, est la carence importante de main d'oeuvre pouvant
freiner la croissance économique (Sala-Diakanda, 1980; Evina, 1990).
D'autres relations ont été observées
entre les comportements sexuels et la fécondité. En effet, dans
les pays en voie de développement et en particulier en Afrique, où les
individus utilisent très peu les méthodes contraceptives modernes,
l'intensité de l'activité sexuelle augmente les risques de grossesse
et, partant, la fécondité des adolescentes. Les récentes
enquêtes démographiques et de santé (EDS) ont même
révélé que le risque d'avoir les premiers rapports sexuels
(Calvès,1996) ou une première naissance vivante issue d'une conception
prénuptiale est en augmentation dans les jeunes générations
africaines (Diop, 1993; Ilinimugabo et al., 1996). La sexualité et la
fécondité des adolescents ont des conséquences dramatiques
sur leur santé. Par exemple, les risques élevés des mortalités
maternelle et infantile résultent des avortements provoqués,
souvent illégaux et pratiqués à partir des méthodes à haut
risque, et d'exposition au SIDA. Il a été démontré que
les avortements provoqués produisent l'infécondité chez
les femmes (Evina, 1990).
D'autres conséquences néfastes de la sexualité des
jeunes ont été observées à propos de leur scolarisation,
leur vie maritale, la structure familiale et l'encadrement des jeunes mères
par leur famille. En effet, l'engagement des jeunes élèves dans
la sexualité a une influence négative sur leur rendement scolaire.
D'ailleurs, dans la plupart des pays africains, les adolescentes qui tombent
enceintes sont expulsées de l'école (Gyepi-Garbrah, 1985, 1988).
Ilinimugabo et al. (1996) ont révélé que les grossesses
prénuptiales peuvent aussi provoquer des mariages de raison ou des unions
consensuelles, qui, on le sait, sont souvent instables. De plus, selon ces
chercheurs, certaines sociétés africaines n'acceptent pas de
légitimer les naissances prénuptiales. Il en résulte souvent
la mise en quarantaine des filles-mères, et partant, la création
des familles monoparentales qu'elles dirigent sans sources de revenu dites
licites. La plupart d'entre elles recourent ainsi à la prostitution
pour subvenir à leurs besoins quotidiens.
Malgré ces conséquences néfastes, peu
de recherches ont été réalisées en Afrique au sud
du Sahara pour cerner les variables favorisantes de la sexualité prénuptiale.
En effet, comme le soulignent aussi Ilinimugabo et al. (1996), les politiques
de population et de santé de la plupart des pays africains n'accordent
pas d'importance aux programmes destinés aux jeunes sexuellement actifs,
qui vont voir leur effectif connaître une hausse du fait de l'augmentation
de l'âge au premier mariage et du relâchement des moeurs suite à l'urbanisation.
Ce faisant, les problèmes aigus aui sont déjà posés
vont se compliquer davantage. De plus, dans les pays choisis comme analyseurs
dans ces recherches, les approches méthodologiques adoptées présentent
des insuffisances graves. Ainsi, la plupart des relations établies,
en particulier en ce qui concerne la sexualité des jeunes, restent encore
théoriques. En outre, ces recherches empiriques sont descriptives. En
d'autres termes, aucune d'entre elles n'est basée sur un cadre conceptuel
d'analyse des relations causales, du niveau d'intervention de chaque facteur
et de ses mécanismes d'action sur la sexualité.
Toutefois, en ce qui concerne le Cameroun, la sexualité des
jeunes attire de plus en plus l'attention des décideurs et chercheurs.
C'est pourquoi en 1988 une enquête sur la fécondité des
adolescentes y a été réalisée (Cameroun, 1988).
Elle a été complétée en 1991, par une enquête
démographique et de santé. Ces travaux ont montré qu'à 15
ans 16 % d'adolescentes sont sexuellement actives et, parmi celles-ci, 9 %
avaient déjà eu leurs premiers enfants tandis qu'à 19
ans, 52 % d'adolescentes avaient déjà eu leurs premiers enfants.
Vu ce niveau élevé de l'intensité de
l'activité sexuelle des adolescents camerounais, quelques recherches
ont été réalisées pour en cerner les causes. La
plupart de ces enquêtes ont porté sur les jeunes fréquentant
l'école. Si cette démarche se justifie dans les pays développés
où plus de 90 % des jeunes font des études (Diop, 1995), en revanche
au Cameroun, comme partout ailleurs en Afrique, où une bonne proportion
des jeunes ne sont pas scolarisés, elle n'est pas pertinente car elle
ne donne qu'une vision partielle du phénomène et exclut toute
possibilité de généralisation. Oum Thérèse
(1993) et Ilinimugabo et al. (1996) ont utilisé cette seconde démarche.
Ces auteurs concluent, entre autres, que le manque de connaissances en matière
de sexualité, la faiblesse du contrôle social, le manque de communication
entre les parents et les jeunes enfants et la pauvreté des familles
sont associés à la sexualité "à risque" chez les
jeunes camerounais.
Mais, ces études n'échappent pas aux critiques
faites ci-dessus. Descriptives et non basées sur un cadre conceptuel établi
au préalable et ne mettant donc pas en lumière le niveau d'intervention
de chacun de ces facteurs dans la chaîne des relations qui conduit aux
risques associés à l'activité sexuelle des jeunes, elles
n'examinent pas à fond l'activité sexuelle des jeunes en milieu
urbain ainsi que leurs facteurs associés. Pourtant, ces derniers sont
plus concernés que ceux du milieu rural par les problèmes associés à cette
activité. Outre cette lacune qui s'explique par le fait que les auteurs
ont voulu prendre en compte l'ensemble des jeunes, on peut noter que les enquêtes
faites concernent uniquement les régions francophones camerounaises
et ciblent les filles. Elles ne fournissent par conséquent pas d'informations
sur le niveau et les causes de l'engagement des jeunes d'autres régions
dans l'activité sexuelle, sur la manière dont celle-ci diffère
selon le sexe et sur les facteurs de cette différence.
Ainsi, les recherches sur la sexualité en Afrique subsaharienne
et, particulièrement, au Cameroun devraient repenser l'approche de ces
phénomènes. Ceci permettrait d'élaborer des programmes
d'interventions pertinentes et significatives propres à réduire
sensiblement les différents risques associés à l'activité sexuelle
des jeunes.
Notre étude ambitionne de pallier les insuffisances
des études antérieures. Le présent rapport en est un résumé.
Il s'articule autour de points tels que la présentation de l'approche
théorique et de la méthodologie utilisées, une synthèse
des principaux résultats obtenus et l'esquisse de ses implications pour
la recherche et pour la formulation des politiques.
II - APPROCHE THEORIQUE ET METHODOLOGIE
2.1 - Synthèse de la littérature
2.1.1 -Contexte sociologique de la sexualité des
jeunes en Afrique subsaharienne
A)Les jeunes dans la société traditionnelle
Dans la société traditionnelle, le respect de
l'aîné est important. Les parents y ont aussi des obligations
vis-à-vis des enfants, les aînés des cadets ou les adultes
en général des jeunes. Ce sont ceux-là qui se chargent
de leur éducation et de leur apprentissage. Les enfants évoluent
d'abord dans la sphère maternelle. Viennent ensuite leur entrée
dans le milieu le plus élargi de la grande famille, où les autres
enfants de la classe précédente prennent une grande importance
pour lui, et leur initiation aux rites, qui ont pour fonction de faire évoluer
l'enfant, non dans son comportement, son intelligence ou son affectivité,
mais dans son existence même, pour le faire passer de l'état de
nature à celui de culture et de le mener à sa véritable
destinée, à son plein épanouissement.
L'apprentissage de l'enfant se fait dans cette société à l'aide
de maximes, sentences, chansons, contes, proverbes...utilisés pour justifier
telle manière de procéder, ou telle intervention et au travers
desquels on devine l'existence d'un projet pédagogique, d'une véritable
philosophie de l'éducation (Mbarga, 1991). Les normes et valeurs de
la société véhiculées à l'enfant portent
souvent l'honneur (pour sa famille et lui), la pudeur, le respect de soi-même,
etc. Dans le domaine de la sexualité, la chasteté, la virginité,
la tolérance et la patience dans leurs futurs ménages sont davantage
adressées aux jeunes filles qu'aux garçons. Pour ces derniers,
on insiste sur le sens et l'importance de la responsabilité afin d'en
faire des êtres capables de s'assumer et d'assumer et de contribuer à la
reproduction du groupe.
B)Les jeunes dans la société moderne
La société actuelle, contrairement à la
précédente, n'assignent pas de fonctions sociales précises à la
jeunesse. La société traditionnelle était sécurisante
pour elle. L'autorité qu'y avait la famille s'est réduite à l'heure
actuelle (Caldwell et al., 1991 et Diop, 1995). L'influence de la famille sur
l'enfant, en ne se limitant point à transformer son affectivité en
vue de l'accommoder à la vie de la communauté, dépouille
celui-ci de toute fonction sociale. Son éducation y est prise en charge
par l'école et les médias : télévision, radio et
presse écrite véhiculant de nouvelles idées qui créent
des comportements différents.
L'éducation des jeunes à l'école ne les
prépare pas seulement à des rôles d'acteurs à l'intérieur
de la famille et dans un nouvel environnement où la réussite
de l'individu n'est plus liée à sa communauté, mais résulte
de sa capacité à assimiler un savoir "scientifique" et à innover
(Diop, 1995).
L'école et les nouvelles activités récréatives éloignent
souvent les jeunes des adultes et la séparation des sexes n'y est plus
assurée. Ces activités récréatives qui se rapportent
au cinéma, aux soirées dansantes, au football..., raccourcissent
le temps que les jeunes sont sous le contrôle des parents ou passent
dans le cercle familial. Il s'en suit le développement de l'activité sexuelle
précoce des jeunes observé dans la plupart des villes africaines.
Dans les lignes qui suivent, nous nous accorderons avec les
auteurs des études antérieures pour étudier les variables
avec lesquelles la démocratisation des institutions africaines influerait
sur l'activité sexuelle des jeunes.
2.1.2 -Principales approches explicatives de la
sexualité des jeunes en milieu urbain
Trois approches explicatives ressortent des travaux sur les
comportements sexuels des jeunes. Il s'agit notamment des approches socioculturelle, économique
et institutionnelle. Les études réalisées en milieu urbain
africain se sont davantage orientées vers les deux premières.
L'approche socioculturelle se fonde sur le fait qu'on ne peut
pas "désocialiser" l'activité sexuelle. Elle accorde un rôle
central à la construction sociale et culturelle, sans laquelle, selon
elle, aucun désir ne peut apparaître et s'exprimer (Foucault,
1984 cité par Bozon, 1994b). Ainsi, selon les auteurs de cette approche,
les comportements sexuels sont déterminés par les normes et valeurs
socioculturelles en matière de sexualité. C'est l'ensemble de
ces constructions idéologiques qui déterminent les circonstances
du déroulement de l'activité sexuelle. Dans ce cas, les relations
sexuelles seraient spontanées et ne répondraient pas à un
objectif particulier (Diop, 1995 ; Calvès, 1996). Une des expressions
de cette approche est la thèse selon laquelle l'activité sexuelle
des jeunes en milieu urbain s'expliquerait par la "désorganisation sociale",
la faiblesse du contrôle social ou le relâchement des moeurs. Cette
thèse fait partie de la théorie générale de la
modernisation, qui se fonde sur l'affaiblissement des structures traditionnelles
et le relâchement du contrôle des aînés sur les cadets.
Les comportements nouveaux qui en résultent, sont plus orientés
vers la satisfaction personnelle et la gratification individuelle que vers
la responsabilité familiale (Diop, 1995).
L'approche économique considère les jeunes comme
des acteurs dits rationnels. Cette approche se fonde sur la thèse de "l'adaptation
rationnelle" selon laquelle les jeunes s'engageraient dans la sexualité pour
atteindre des objectifs bien précis, précisément d'ordre économique
ou social. Dans le premier cas, on peut noter les études qui ont insisté sur
le fait que les conditions économiques contribuent aussi à l'engagement
des jeunes dans l'activité sexuelle. Ainsi, la satisfaction des pulsions
sexuelles peut se faire chez les jeunes garçons en échange de
cadeaux, d'habits, de sommes d'argent ou d'un travail rémunéré en
faveur des jeunes filles. Dans le second cas, se retrouvent les études
qui expliquent l'activité sexuelle des jeunes, surtout les filles, par
le mariage et la fécondité, celle-ci étant en fait une
stratégie de l'aboutissement du mariage.
La dernière approche, la moins représentée
dans la littérature existante, suppose que l'activité sexuelle
des jeunes en milieu urbain serait aussi fonction de l'importance que les décideurs
accordent aux lois et programmes les concernant. D'où l'importance accordée
aux législations relatives au mariage, à la vie maritale des
parents, à la protection sociale des jeunes et aux services spécifiques
aux jeunes dans certaines études antérieures ayant abordé ce
sujet.
Comme on le voit, les approches explicatives des comportements
sexuels des jeunes sont essentiellement d'ordre socio-culturel et économique.
Un des objectifs importants de notre étude consiste justement à comprendre
comment les contextes socio-culturel et économique affectent la sexualité des
jeunes en milieu urbain. Pour cerner cette relation, nous nous sommes fixés
comme objectifs intermédiaires de mettre en exergue les significations
de l'activité sexuelle et de la sexualité (ou des sexualités)
chez les jeunes, de montrer comment celles-là évoluent avec l'âge,
d'identifier les jeunes possédant des comportements sexuels particuliers
et de cerner les justifications et les interprétations qu'ils accordent à ce
genre d'activité sexuelle.
2.2 - Cadre conceptuel
Les études antérieures consacrées à la
sexualité des jeunes n'ont pas révélé les mécanismes
d'action des différents facteurs contextuels (socioculturels ou socio-économiques)
sur les comportements sexuels des jeunes en milieu urbain. La présente étude
s'attèle à cette tâche. Pour ce faire, elle esquisse un
schéma d'analyse des différents facteurs de ce phénomène
et précise les contenus des concepts en relation et leurs indicateurs.
2.2.1 - Présentation et explicitation du
schéma d'analyse
Quatre grands groupes de concepts ont été mis
en relation : en amont de ce schéma se retrouvent les concepts relatifs
au contexte familial des jeunes (milieu socio-culturel, situation économique
des parents, encadrement familial et médias), en aval la connaissance
du SIDA et celle des méthodes de prévention des risques associés à la
sexualité et entre les deux groupes l'environnement extérieur
au cadre familial et l'éducation sexuelle.
Les comportements sexuels des jeunes en milieu urbain dépendraient
directement de leur connaissance du SIDA et/ou des méthodes de prévention
des risques associés à l'activité sexuelle. Celle-ci dépendrait, à son
tour, de l'éducation reçue en la matière par les jeunes,
de leur environnement extra-familial et des médias. C'est dire que la
communication entre parents et jeunes dans le domaine de la sexualité contribuerait à faire
connaître à ces derniers le SIDA et les méthodes de prévention
des risques associés à l'activité sexuelle. Cependant,
cette communication serait défavorisée en milieu urbain par le
caractère tabou encore reconnu à la sexualité, certaines
activités économiques des parents et les facteurs de modernisation
(médias, écoles...), qui peuvent en effet réduire le temps
que les parents et les enfants passent ensemble. Il s'en suit qu'en ville,
les médias et les personnes étrangères au cercle familial,
notamment les enseignants (école) et les amis (école, centres
pour jeunes, groupes des jeunes...) seraient les principales sources avec et
par lesquelles les jeunes prennent connaissance du SIDA et de la sexualité.
Ces connaissances seraient suffisantes. Cependant, cette bonne connaissance
n'induit pas l'adoption de comportements sexuels sains ; c'est le schéma
opposé qui se dessinerait. Les médias et l'environnement extra-familial
contribueraient donc à la fois aux connaissances des jeunes dans le
domaine de la sexualité et à leur engagement dans l'activité sexuelle "à risque".
Ceci se comprend aisément car ils véhiculent les informations
sur la santé, y compris celles relatives au sexe et aux dangers qui
le guettent, les films et la musique qui ne transportent aucune valeur morale.
En effet, l'école, les centres pour jeunes ou les groupes
de jeunes fournissent aussi à ceux-ci les informations sus-mentionnées.
Mais, ces lieux sont favorables à l'activité sexuelle des jeunes,
car leur contrôle par les aînés et la séparation
des sexes n'y sont pas assurés. Mieux, les influences de jeunes sur
d'autres peuvent influer sur le déclenchement et la poursuite de cette
activité. Les facteurs de modernisation (médias, scolarisation...),
la fréquentation des centres pour jeunes ou des groupes de jeunes et
l'encadrement familial des jeunes seraient les principaux déterminants
de leurs comportements sexuels en milieu urbain. C'est donc à travers
ces variables que le milieu socio-culturel et la situation économique
des parents influeraient sur la sexualité des jeunes ; ils déterminent
l'entité sociale à laquelle appartiennent les parents et, partant,
les modèles culturels auxquels ils se sont référés
pour élever leurs enfants mais seul le second détermine les conditionséconomiques
des familles dans lesquelles vivent les jeunes.
2.2.2 - Connotations données aux concepts
et indicateurs
Une meilleure compréhension du schéma d'analyse
passe par la connotation que nous avons donnée aux concepts en relation
ainsi que par la définition des indicateurs pour les mesurer.
A)Adolescence et sexualité précoce
Nous définissons l'adolescence comme la période
allant de 12 à 20 ans pour les filles et de 12 à 25 ans pour
les garçons et la sexualité précoce comme l'occurrence
des premiers rapports sexuels pendant l'adolescence physiologique, c'est-à-dire
avant 16 ans.
B)Milieu socio-culturel, entité sociale
et modèles culturels
Le milieu socio-culturel a été défini
comme l'ensemble des caractéristiques et des conditions qui déterminent
et modulent à des degrés divers les valeurs et les normes propres
au groupe socio-culturel d'origine. Ces éléments se combinent
avec la situation économique des parents, que nous définirons
plus bas, pour lier ces derniers à une entité sociale ayant un
modèle culturel particulier par rapport à l'encadrement des enfants
et à la sexualité. Les modèles culturels sont "des normes,
des habitudes, des idées, des nécessités, des pratiques
quotidiennes, etc., à propos du risque, et procure à l'individu
des cadres de pensée et de pratiques qui sont reconnus et valorisés
socialement et tout au moins en adéquation avec la vie sociale et le
système socio-culturel. En d'autres mots, les modèles culturels
cristallisent et interprètent l'influence que les différents éléments
du système socio-culturel peuvent avoir même de façon fortuite
sur la sexualité ou la procréation, la mortalité ou la
mobilité spatiale,
ils constituent le type d'orientations mentales et de comportements que secrète,
propose et valorise la société à l'égard de chacun
des risques, et auquel les individus se réfèrent sans doute
plus inconsciemment que consciemment" (Gérard, 1992).
Schéma 1.1 : Schéma d'analyse des facteurs
contextuels affectant les comportementssexuels des jeunes en milieu urbain
Des diverses caractéristiques religieuses ou socio-culturelles
(qui véhiculent les normes et valeurs traditionnelles) et socio-économiques
(qui favorisent le contact avec les nouvelles idées) de ce modèle,
relatives notamment au rôle et à la signification de l'activité sexuelle,
relatives à l'enfant, à la famille, à son modèle,
vont résulter la manière dont les parents encadrent leurs enfants
et les valeurs qu'ils leur inculquent.
Nous avons utilisé dans cette étude l'ethnie
et la religion comme indicateurs des caractéristiques du modèle
culturel qui véhiculent les normes et valeurs traditionnelles en matière
de sexualité.
C)Situation économique des parents
Nous avons présumé dans cette étude que
la situation économique des parents détermine les conditions
matérielles dans lesquelles vivent les jeunes et peut aussi donner une
indication sur le contact des parents avec les nouvelles idées. Nous
y avons aussi considéré la profession des parents comme étant
l'indicateur principal de ce concept.
D)Encadrement familial, fréquentations scolaires
et des centres ou groupes de jeunes
Le premier concept renvoie aux dispositions que prennent les
parents pour un meilleur encadrement de leurs enfants. Puisqu'en milieu urbain
les jeunes passent une bonne partie de leur temps en dehors du cercle familial,
nous nous sommes aussi intéressés à la place de l'environnement
extra-familial (celui des écoles, centres, groupes et associations que
fréquentent les jeunes) dans leurs connaissances en matière de
sexualité et leurs comportements sexuels.
Pour appréhender le concept d'encadrement familial,
nous avons utilisé six indicateurs: type d'union des parents, le
fait d'avoir vécu avec son père et sa mère avant l'âge
de 12 ans, le fait de vivre au moment de l'enquête avec ses parents,
l'extension familiale du ménage, le fait que le père et la mère
cohabitent et la suffisance des moyens. L'environnement extra-familial
a été appréhendé via la fréquentation scolaire
et des centres pour jeunes ou des groupes de jeunes.
E)Médias
Ce concept renvoie aux facilités qu'ont les jeunes
au sein de leurs familles d'être informés sur certains sujets
relatifs à la santé. A noter qu'elles peuvent toutefois défavoriser
en milieu urbain l'éducation sexuelle faite dans le cadre familial et
y contribuer au relâchement des moeurs dans le domaine de la sexualité.
Nous nous sommes intéressés à la fois à la disponibilité des
médias dans les ménages et à leur accessibilité pour
jeunes. La présence de la radio ou de la télévision
dans ce type d'unité sociale nous a permis d'appréhender
le premier aspect et nous avons considéré le fait que les
jeunes écoutent d'habitude la radio ou regardent d'habitude la télévision
comme étant l'indicateur de leur accès aux médias.
F)Education sexuelle et connaissances du SIDA et/oudes
méthodes de prévention des risques associés à l'activité sexuelle
Nous entendons par éducation sexuelle des jeunes l'ensemble
des leçons relatives à la sexualité et dispensées
par les parents. Pour appréhender ce concept, nous avons utilisé le
fait que les jeunes s'entretiennent régulièrement avec leurs
parents sur des sujets concernant la sexualité. La connaissance du SIDA
se mesure ici par le fait que le jeune ait entendu parler de cette maladie
et connaisse ses modes de transmission ou de prévention. Le fait que
ce dernier sache que l'abstinence, la fidélité ou le monopartenariat
ou l'utilisation des condoms sont des méthodes de prévention
des risques associés à leur engagement dans la sexualité s'appréhende
comme l'indicateur de sa bonne connaissance de ce sujet d'éducation.
2.3 - Lecture des comportements sexuels des jeunes en
milieu urbain
Les hypothèses en rapport avec la sexualité des
jeunes et testées dans cette étude peuvent donc s'organiser dans
le schéma suivant, plus détaillé et que nous appelons
schéma explicatif des comportements sexuels des jeunes. Il donne, par
ailleurs, une meilleure vision des relations pressenties entre les différents
niveaux des variables.
Les relations entre les variables, au niveau individuel, ont été testées à l'aide
des modèles statistiques. Comme ce schéma l'indique, celles-ci
se répartissent en quatre catégories : les variables contextuelles,
de socialisation ou d'encadrement, de mentalité et comportementales.
Les deux premiers groupes se situent en fait au niveau familial et les deux
autres au niveau individuel. Nous nous sommes intéressés à leurs
liens. Cependant, une attention particulière y a été accordée
aux liens entre les variables contextuelles et comportementales. Ainsi, notre
analyse a été incomplète en regard de l'absence de l'évaluation
des relations entre les variables comportementales et les risques de grossesse
et d'infection des MST/SIDA. Compte tenu des résultats issus des recherches
antérieures, nous posons l'hypothèse selon laquelle la preuve
de l'existence de relations entre les variables comportementales et les variables
contextuelles confirme les associations entre celles-là et ces risques.
Toutefois, compte tenu de l'association entre le SIDA, une des maladies les
plus graves de l'humanité, et les MST au Cameroun, comme partout ailleurs
dans les pays en développement, nous avons accordé davantage
d'intérêt aux risques inhérents à ces pathologies.
2.4 - Cadre de l'étude
Bamenda a été choisi comme cadre d'étude.
C'est la plus grande ville de la province du Nord-Ouest, une des dix provinces
du Cameroun, qui est un pays situé dans la Golfe de Guinée, précisément
au-dessus de l'Equateur, entre les 2ème et 13ème degrés
de latitude nord, et les 9ème et 16ème degrés
de longitude est. Etiré sur plus de 120 Km de la baie de Bonny du lac
Tchad et apparaît comme un vaste triangle d'environ 465.000 Km², la province
du nord-ouest qui couvre une superficie de 17.409 Km², est limitée au
nord par le Nigéria, au sud par la province de l'ouest, à l'est
par l'Adamaoua et à l'ouest par la province du Sud-Ouest.
Schéma 1.2 : Schéma explicatif des comportements
sexuels des jeunes en milieu urbain
En ce qui concerne le peuple, la province du Nord-Ouest, comme
celles du Sud-Ouest et de l'Ouest du Cameroun, est peuplée par des "Bantoïdes
non bantous" et des "bantous au sens large". Ces différents groupes
sont tous représentés dans la ville de Bamenda.
Les "Bantoïdes non bantous" se retrouvent surtout le
long de la frontière nigériane tandis que les "Bantous au sens
large", appelés aussi "Tikars", sont restés tout près
du plateau Bamoun. La population de Bamenda est donc répartie en deux
grands groupes. Dans le premier groupe composé de bantoïdes, on
rencontre trois principaux sous-groupes : les Metta, qui se retrouvent aussi
au sud-ouest du Cameroun, les Bali-ngemba et les Makon-Banyague (Ngueyap, 1995)().
Ces derniers sont les autochtones de la province du nord-ouest et les autres
des migrants. Ces groupes sont patrilinéaires. Les Makon-Banyague préfèrent
les unions polygames et sont pour la plupart des agriculteurs. Les autres groupes
pratiquent surtout le commerce et l'élevage. Les Tikars qui déclarent
appartenir pour la plupart à la religion musulmane, aiment, conformément à leurs
valeurs religieuses, les unions polygames. Ils pratiquent aussi, comme les
Bali-ngemba et les Metta, le commerce et l'élevage.
Ces peuples, qui sont fortement organisés comme les
Bamiléké(), perçoivent l'enfant comme un pilier de la
famille et de la communauté, qui assurera donc la pérennité du
lignage. Pour ce faire, il est nécessaire d'en faire un être complet,
capable de s'assumer et d'assumer les responsabililtés que lui distribue
la famille, voire la communauté. Les attitudes du milieu à son égard
et les conduites éducatives qu'on adopte à son endroit sont orientées
de manière décisive. Ainsi, ces groupes imposent tous des étapes à passer à l'enfant
pour en faire un homme ou une femme digne. L'étape la plus importante
est celle de l'initiation. Cette étape lui fait vivre intensément, à travers
des situations symboliques et rituelles, tout ce que représente ce moment
de l'accession à l'âge adulte, que la culture traditionnelle espère
lui faire mesurer la signification. Chez les Makon-Banyague, par exemple, les
filles qui ont déjà franchi cette étape, se distinguent
des autres par une "grosse perle" placée à leurs oreilles droites.
Cette initiation est rapidement suivie par une entrée en union chez
les Tikars et les Makon-Banyague. L'adultère y est considérée,
surtout celle des femmes, comme une affaire des plus graves, spécialement
quand la faute a été suivie de la naissance d'un enfant. En bref,
sous l'effet de la modernisation, des changements ont eu et ont lieu dans ces
groupes. Les moins conservateurs d'entre eux seraient actuellement faiblement
liés à leurs valeurs traditionnelles, y compris celles relatives à la
sexualité.
Les peuples musulmans sont ceux qui ont le moins bénéficié,
durant la colonisation, de l'éducation occidentale, suite à la
mauvaise intégration de l'enseignement coranique dans le système
où domine l'anglais. D'autres différences d'occidentalisation
ont été observées dans le milieu étudié :
les Makon-Banyague semblent être les plus attachés aux schémas
traditionnels, contrairement aux Bali-ngemba et Metta, qui sont assez représentés
dans les religions catholique ou protestante.
Les sociétés actuelles, à la différence
des précédentes, se caractérisent par une absence de contrôle
social strict des moeurs, y compris celles relatives à la sexualité,
et des fonctions sociales de la jeunesse. Cette absence crée un vide,
qui ne peut être comblé par la seule scolarisation. Ce qui est
favorable à une forte intensité de l'activité sexuelle
et, partant, à la transmission sexuelle des MST/SIDA.
2.5 - Source des données
Les données utilisées proviennent d'une enquête
sur les comportements sexuels des jeunes (ECSJB) que nous avons effectuée à Bamenda
en août 1995. Cette enquête était composée d'un volet
qualitatif et quantitatif a porté sur 671 jeunes de cinq quartiers de
Bamenda, dont 125 à Bayelle, 92 à Ghomghan, 131 à Ntamulung,
127 à Ntarikon et 196 à Old Town.
Le questionnaire de l'enquête quantitative se compose
de trois sections. La première section s'intéresse aux caractéristiques
socio-économiques et socio-démographiques des enquêtés
(caractéristiques des parents, des ménages, disponibilité des
médias dans les ménages). La seconde concerne les informations
relatives à l'encadrement des jeunes (personnes avec qui vivaient les
jeunes âgés de moins de 12 ans au moment de l'enquête, informations
sur la survie des parents, type d'union des parents, cohabitation des parents,
suffisance des moyens qu'ont les jeunes pour satisfaire leurs besoins et fréquentation
des centres ou groupes des jeunes). La troisième section porte essentiellement
sur l'entretien des jeunes avec leurs parents sur des sujets éducatifs
concernant la sexualité, la connaissance des comportements sexuels sans
danger, les sources d'informations chez les jeunes dans le domaine de la sexualité,
leurs comportements sexuels, leurs connaissances du sida et de ses modes de
transmission, les sources d'informations sur le sida et les attitudes vis-à-vis
du SIDA.
L'enquête assise sur des questionnaires a été exécutée
en même temps qu'une autre de nature qualitative. Il s'agissait des discussions
des groupes avec des parents et des jeunes et des interviews approfondis avec
des jeunes filles prostituées et leurs clients.
2.6 - Méthodologie statistique d'analyse
En nous référant aux objectifs spécifiques
de cette recherche et aux hypothèses qui en ont résulté,
les méthodes statistiques d'analyse que nous avons utilisées
sont descriptives et explicatives.
En effet, pour caractériser les jeunes à comportements
sexuels particuliers, nous avons analysé les tableaux croisant les différents
antécédents familiaux des jeunes ou leurs caractéristiques
individuelles et les différents indicateurs des comportements sexuels,
notamment l'âge aux premiers rapports sexuels, le multipartenariat et
l'occurrence des rapports sexuels occasionnels. Pour élucider les mécanismes
selon lesquels les contextes socio-culturel et économique affectent
les comportements sexuels chez les jeunes, nous avons recouru aux analyses
de classification multiple et de régression logit. Ces analyses ont été faites
aux différents niveaux de notre cadre conceptuel. Dans un premier temps,
nous avons examiné les variations des facteurs plus ou moins proches
du multipartenariat et de l'occurrence des rapports sexuels occasionnels chez
les jeunes, à savoir la communication entre parents et jeunes dans le
domaine de la sexualité et la discussion en famille des sujets en rapport
avec le SIDA, la connaissance de la méthode de prévention sexuelle
des MST/SIDA et la sexualité précoce. L'analyse de classification
multiple a uniquement porté sur cette dernière variable parce
qu'elle est dichotomique et faiblement dissymétrique (). Ces analyses
ont été suivies par une analyse de régression logit sur
le multipartenariat chez les jeunes et l'occurrence chez eux des rapports sexuels
occasionnels. L'explication de certaines relations statistiques a été faite
en recourant aux informations issues des discussions de groupes avec les jeunes
ou les adultes parents et non parents et des interviews approfondis avec les
jeunes filles prostituées. Ces informations ont été complétées
par les motivations du multipartenariat dans l'activité sexuelle et
des rapports sexuels occasionnels collectées lors de l'ECSJB.
III - SYNTHESE DES PRINCIPAUX RESULTATS
Les principaux résultats des analyses descriptives
effectuées dans cette étude peuvent être résumés
comme suit :
les jeunes s'entretiennent rarement avec leurs parents sur
des sujets éducatifs concernant la sexualité. L'âge idéal
du début de son éducation sexuelle différerait selon le
sexe : 13,8 ans chez les jeunes filles et 15 ans chez les jeunes garçons.
Les mères se consacreraient, selon les jeunes enquêtés, à l'éducation
sexuelle des filles et les pères à celle des garçons.
Bien qu'une faible coopération existe entre parents
et jeunes, ces derniers ont une bonne connaissance du SIDA et/ou des méthodes
de prévention des risques associés à l'activité sexuelle.
Ceci ne signifie pas toutefois qu'ils connaissent bien la physiologie de l'appareil
génital et la santé reproductive. La radio, la télévision,
les journaux, les amis et les centres de santé sont selon leur ordre
d'importance, leurs principales sources d'informations sur les problèmes
de santé et du SIDA. Mais, dans ce dernier cas, les amis et l'école
occupent la troisième position, les journaux, les centres de santé ainsi
que la famille viennent ensuite.
L'âge moyen aux premiers rapports sexuels se situe,
chez les jeunes enquêtés, à 15,6 ans chez les filles et à 15,8
ans chez les garçons. L'âge idéal moyen aux premiers rapports
sexuels a été évalué, par ces mêmes jeunes, à 18
ans quel que soit le sexe, environ donc 3 ans plus tard qu'ils débutent
effectivement ces rapports. Les amis et les aînés sont les personnes à qui
ils parlent de leurs premières expériences sexuelles. De plus,
la plupart d'entre eux, surtout les garçons, pensent que c'est normal
qu'ils commencent les rapports sexuels avant le mariage.
Un jeune sur dix enquêtés a déclaré ne
pas avoir de partenaire sexuel au moment de l'enquête, 6 sur dix en ont
un et trois sur dix ont au moins deux partenaires sexuels. Environ 40,5 % des
jeunes qui ont déjà eu les premiers rapports sexuels ont déclaré avoir
noué les rapports sexuels occasionnels au cours des douze derniers mois.
Une bonne partie des jeunes enquêtés s'engage donc intensément
dans l'activité sexuelle, qui les expose aux risques de contamination
avec les pathologies que sont les MST/SIDA.
Les analyses multivariées effectuées nous ont
permis d'observer que c'est l'activité économique des parents
qui est la variable agissant davantage négativement sur la communication
entre ces derniers et leurs enfants dans le domaine de la sexualité.
Ce sont les agriculteurs, commerçants ou ouvriers qui n'ont pas une
communication franche et bonne avec leurs enfants. Deux hypothèses ont été formulées
pour expliquer ces résultats, en l'occurence l'hypothèse qui
veut que la sexualité soit un sujet tabou (applicable dans le cas des
agriculteurs) et celle de la contrainte du temps (applicable dans le cas des
deux autres modalités).
Contrairement aux attentes, les activités récréatives
des jeunes et leur fréquentation scolaire n'ont pas négativement
influencé ce phénomène dans le milieu étudié.
Les résultats des entretiens que nous avons eus avec les jeunes ont
davantage renforcé ces hypothèses. En effet, les raisons qu'ils
ont avancées pour expliquer le manque de communication entre eux et
leurs parents sont surtout d'ordre culturel et économique. Il s'agit,
une fois de plus, dans le premier cas, du caractère tabou de la sexualité.
Les jeunes ont par conséquent déclaré que c'est par respect
ou parce qu'ils ont peur d'être blâmés qu'ils n'osent pas
aborder ce sujet avec leurs parents. Dans le second cas, c'est l'activité des
parents qui a été la raison la plus évoquée, d'autant
plus qu'elle entraîne la plupart des parents à passer une bonne
partie de leur temps hors du cercle familial. C'est ce qui justifie pourquoi
toutes les informations concernant les MST/SIDA et la sexualité que
les jeunes reçoivent proviennent notamment des médias. C'est
donc à travers ce moyen moderne de communication que les jeunes s'informent
davantage sur ces sujets vient en appoint la communication inter-personnelle
entre amis.
Le taux d'éducation sexuelle des jeunes dans le cadre
familial s'étant avéré faible dans le milieu étudié,
il est ressorti de nos données une relation non significative entre
celle-ci et la connaissance des condoms chez les jeunes enquêtés.
En revanche, ce sont les médias et les variables relatives à l'environnement
extra-familial, notamment la scolarisation, le niveau d'instruction atteint
et la fréquentation des centres pour jeunes ou des groupes des jeunes,
qui font partie des déterminants de cette connaissance. La plupart des
ces variables, auxquelles s'est ajoutée l'origine ethnique des parents,
contribuent à l'entrée précoce des jeunes dans l'activité sexuelle.
Les premiers rapports sexuels sont très précoces
chez les jeunes bamiléké ou tikari-nsoh, scolarisés, de
faible niveau d'instruction et qui vivent dans les ménages disposant
des médias. Outre ces facteurs socio-culturels et la curiosité,
une des principales motivations des premiers rapports sexuels chez les jeunes
enquêtés, nous nous sommes interrogés sur la pertinence
de l'approche économique dans l'explication de la variation du comportement
sexuel de ces derniers. Ce qui n'était pas en revanche le cas du multipartenariat
ou de l'occurrence des rapports sexuels occasionnels dont les variations ont été à la
fois expliquées par l'origine ethnique et la situation économique
des parents. C'est ainsi que les variables comme la polygamie, l'extension
familiale des ménages, l'encadrement des jeunes pendant l'enfance ainsi
que les médias ou l'insuffisance des moyens dont disposent ces derniers
pour satisfaire leurs besoins, font partie des déterminants des comportements
sexuels des jeunes enquêtés.
L'appartenance aux groupes bamiléké ou "étrangers" influence
positivement le multipartenariat chez les jeunes enquêtés. Il
en est de même du groupe makon-banyague, mais son influence n'a pas été significative.
En revanche, l'appartenance aux groupes tikari-nsoh, bali-ngemba ou "autres
nord-ouest" l'a négativement influencé. Ce sont aussi les groupes
qui ont positivement influencé le multipartenariat qui agissent dans
le même sens sur la sexualité occasionnelle. C'est le cas notamment
avec les Makon-Banyague, les Bamiléké et les "Etrangers". A ces
groupes, s'est ajouté, dans une certaine mesure, celui des Tikari-nsoh.
Les Bali-ngemba, Metta et "Autres nord-ouest" sont plutôt défavorables à la
sexualité occasionnelle.
Le fait d'avoir un père commerçant, "cadre
ou employé" ou ouvrier influence positivement le multipartenariat. Les
enfants des agriculteurs s'engagent moins que les autres dans cette activité sexuelle.
C'est dans les ménages qui ne disposent pas de télévisions,
donc les ménages de niveau de vie pauvre, que les jeunes s'engagent
davantage dans la sexualité occasionnelle. De même, l'insuffisance
des moyens disponibles pour satisfaire les besoins influence positivement
le comportement sexuel des jeunes.
La fréquentation scolaire n'influence pas significativement
le multipartenariat ou la sexualité occasionnelle. Le niveau d'instruction
atteint semble être plutôt négativement associé à ces
phénomènes.
Le fait d'être de sexe masculin influence positivement
le multipartenariat.
Le fait que le jeune ait été encadré par
ses deux parents pendant toute son enfance influence négativement son
engagement dans la sexualité occasionnelle. En revanche, la polygamie
influence positivement chez lui ce genre d'activité sexuelle.
L'occurrence précoce des rapports sexuels favorise
chez les jeunes aussi bien le multipartenariat que leur engagement dans la
sexualité occasionnelle. En revanche, l'éducation sexuelle influence
très négativement la sexualité occasionnelle, qui est
positivement associée par ceux-ci à la connaissance du condom.
Les jeunes filles s'engagent dans la sexualité occasionnelle
ou dans le multipartenariat pour plusieurs raisons. La première est
d'ordre économique, comme le témoigne ce propos d'une des jeunes
femmes prostituées interviewées pendant l'enquête : "...
Je me suis entraînée dans cette vie sexuelle parce que j'ai perdu
mes parents, j'ai deux enfants et je n'ai pas de mari qui m'aiderait à résoudre
mes problèmes et ceux de mes deux enfants (...) Si j'ai la chance d'en
avoir j'abandonnerai cette activité qui m'expose souvent à des
nombreux risques..." La seconde l'est aussi parce que la plupart des jeunes
filles vivant encore chez leurs parents au moment de l'enquête déclarent
avoir plusieurs partenaires sexuels parce qu'elles pensent qu'en procédant
ainsi elles augmenteraient leur chance d'avoir un conjoint.
Les raisons avancées par les garçons étaient
différentes de nos attentes. C'est davantage le fait qu'ils veulent
avoir beaucoup de copines et le manque de confiance qui les motivent dans le
multipartenariat. C'est pourquoi de ces résultats ainsi que des motivations
du nouage par les jeunes de leurs premiers rapports sexuels peuvent être
dégagées trois principales considérations sur la sexualité chez
ce groupe socio-démographique : la curiosité, le sujet et l'objet
qui interviennent à des âges différents. La curiosité intervient
au moment de l'éveil sexuel. Après cette étape, la sexualité est
considérée par certains jeunes comme un "sujet" et par d'autres
comme un "objet"!
IV - IMPLICATIONS AU NIVEAU DE LA RECHERCHE ET DES POLITIQUES
Cette étude n'a pas du tout la prétention d'avoir
totalement atteint les objectifs qu'elle s'est fixée. Certains d'entre
eux mériteraient de faire dans l'avenir l'objet des recherches beaucoup
plus approfondies. En effet, compte tenu de la faiblesse de la taille de l'échantillon
des données utilisées et de l'importance du sexe dans la différenciation
des comportements sexuels des jeunes, la bonne compréhension des résultats
de cette recherche gagnerait à être soutenue par des études
de grande portée quantitative et qualitative. Elles permettraient ainsi
d'approfondir ces résultats et de mieux comprendre pourquoi les garçons
bénéficient plus que les filles d'une liberté sexuelle
avant le mariage, de mieux cerner selon le sexe les justifications et interprétations
des comportements sexuels particuliers d'appréhender les mécanismes
par lesquels les facteurs contextuels les affectent. De plus, une recherche
explicative des variations chez les jeunes des risques de s'engager dans la
sexualité "à risque" ne pourrait être menée de manière
complète que par une équipe multidisciplinaire. C'est dans cette
voie que doivent aussi aller les recherches à venir. Les recherches
suivantes pourront ainsi être envisagées dans un avenir plus ou
moins proche :
la réalisation d'une enquête d'envergure nationale
ou régionale sur les facteurs contextuels affectant les comportements
sexuels des jeunes en zone urbaine ;
la réalisation des enquêtes qualitatives avec
les parents et les jeunes enfants afin de mieux cerner les facteurs contextuels
de la liberté sexuelle des jeunes garçons ;
la réalisation d'une enquête d'évaluation
des besoins, connaissances, attitudes et comportements des adolescents en matière
de sexualité. Les résultats de cette enquête permettront
de juger de l'importance du problème d'éducation sexuelle des
jeunes et, partant, de réaliser une enquête qualitative sur les
principaux facteurs qui influencent négativement ce phénomène;
-la conduite d'une étude approfondie et axée
sur les facteurs de rupture entre la prise de conscience des risques associés à l'activité sexuelle
et l'adoption des comportements sexuels sains. Dans cette perspective, s'inscrira,
entre autres, une enquête en zone urbaine sur les attitudes et opinions
des jeunes à l'égard de l'utilisation des condoms et portant
sur leurs caractéristiques au moment de l'enquête.
Au regard de l'influence positive de la polygamie sur les
comportements sexuels "à risque", il faudrait aussi chercher davantage à mieux
comprendre dans l'avenir pourquoi certains hommes choisissent les unions polygames,
d'en cerner les variables défavorisantes, de collecter les informations
sur ces unions, de connaître les principales attitudes des femmes vis-à-vis
de la polygamie, de connaître les avantages et les inconvénients
que rencontrent les femmes dans ce régime matrimonial, de connaître
les attitudes, les opinions et les pratiques de celles-ci à l'égard
de l'amélioration de leur statut. A ces études, on pourrait ajouter
une enquête sur les interactions entre SIDA et ménages polygames.
Au niveau des politiques, les différents résultats
de cette recherche conduisent aux recommandations suivantes :
l'intérêt de l'approche démographique
pour l'étude de la sexualité "à risque" chez les jeunes
commande de faire appel à d'autres spécialistes (médecins, éducateurs
ou formateurs sociaux, sociologues, etc.), de mieux cibler les jeunes susceptibles
d'être contaminés par les MST/SIDA de mieux affiner l'élaboration
des stratégies d'action et de lutte contre ces maladies ;
l'intensification des programmes visant à promouvoir
l'utilisation du condom par les jeunes, sans oublier de tenir compte des différents écueils
socio-culturels, socio-économiques ou institutionnels qui les influencent
négativement ou encore d'impliquer ces derniers dans les dynamiques
de conception et d'exécution de ces programmes ;
la promotion des services de santé spécialisés
dans la santé reproductive des jeunes et accessibles à tous quel
que soit le sexe. Ceci suppose que les personnels de ces rouages institutionnels,
habilités à les offrir à ces derniers, aient au préalable
suivi des cours d'éducation sociale, de santé reproductive et
connaissent parfaitement les normes et valeurs sociales qui informent les contextes
socio-culturels dans lesquels évolue ce segment socio-démographique.
La nécessité de la mise en oeuvre des programmes
d'IEC sur les pratiques socio-culturelles nuisibles à l'éducation
sexuelle des jeunes en famille, afin de promouvoir des rapports de communication
francs et bons entre les parents et les jeunes dans le domaine de la sexualité.
Pour ce faire, ces programmes devraient viser à améliorer les
connaissances des parents dans le domaine de la santé reproductive.
L'insertion dans les programmes d'enseignement pour les jeunes
de cours d'éducation sexuelle, d'éducation à la vie familiale
et à la parenté responsable. Cet enseignement pourrait leur être
dispensé par d'autres jeunes dans les centres ou groupes de jeunes.
L'urgence d'une révision intégrale des textes
législatifs relatifs à la vie des jeunes, de l'adoption de lois
relatives aux droits sociaux des jeunes et d'une bonne réglementation
de l'accès aux médias, des salles de cinéma et autres
infrastructures urbaines que fréquentent les jeunes.
L'amélioration des conditions de vie des familles
et, en particulier, celles des mères célibataires en mettant
en place, entre autres ressources économiques, des activités
productrices de revenu.
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