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African Population Studies
Union for African Population Studies
ISSN: 0850-5780
Vol. 19, No. 1, 2004, pp. 59-80
Bioline Code: ep04004
Full paper language: French
Document type: Research Article
Document available free of charge

African Population Studies, Vol. 19, No. 1, 2004, pp. 59-80

 fr Genre et Paupérisation à Lomé, L'exemple du Logement
Locoh, Thérèse & Ametepe, Fofo

Résumé

Diverses publications internationales s'accordent à penser que l'on assiste à une paupérisation des femmes, et notamment des femmes chefs de ménage dans les pays en développement. Dans les villes africaines néanmoins, quand on voit la capacité d'initiative des femmes, on peut se demander si ce ne sont pas elles qui résistent mieux aux conditions adverses. Cet article analyse les situations de pauvreté et de paupérisation à partir des changements de logement dans la ville de Lomé. Après avoir examiné les caractéristiques des logements occupés selon le statut (pour les hommes et pour les femmes) dans le ménage on pose la question suivante : Quand un changement de logement se produit, les femmes qui deviennent, à cette occasion, chefs de ménage sont-elles plus sujettes à une paupérisation (mesurée en termes de confort du logement) que les hommes ? Des données d'une enquête biographique auprès d'un échantillon représentatif de 2536 personnes vivant à Lomé sont analysées. Pour chaque personne interrogée, tous les changements de logement ont été enregistrés avec leur date et les caractéristiques de confort du logement, ce qui permet de mesurer les changements d'équipements lors d'un déménagement, selon le sexe et le statut des personnes dans le ménage. Les résultats montrent que les femmes sont globalement défavorisées par rapport aux hommes, lorsqu'elles sont ou deviennent chefs de ménage. Tout d'abord, elles ont un moindre accès à la propriété et, lorsqu'on compare les hommes et les femmes chefs de ménage on constate que celles-ci occupent des logements moins bien équipés que ceux-là. Quand elles changent de logement, à âge égal et génération identique, elles déclarent moins souvent que les hommes une amélioration du logement. Celles qui sont chefs de ménage ou le deviennent lors du dernier déménagement, ont une probabilité significativement plus faible que les hommes d'accéder aux logements les mieux équipés. Lors de la Conférence du Caire (1994) et de la Conférence mondiale sur les femmes à Beijing (1995), un très fort accent a été mis sur le renforcement des actions pour promouvoir l'égalité entre hommes et femmes. Il a été en particulier rappelé que ce sont les femmes qui, plus encore que les hommes, sont directement confrontées à la pauvreté et à des conditions de vie inacceptables. La lutte contre la pauvreté a été désignée comme la première des priorités par la délégation africaine à Beijing. En effet, les femmes sont bien souvent plus durement touchées par la précarité économique et la vulnérabilité sociale, en raison des rapports très inégalitaires qui sont maintenus par les normes en vigueur dans la plupart des sociétés. Par ailleurs, les responsabilités des femmes dans les ménages se sont accrues. En effet, les études socio-démographiques menées récemment dans les pays en développement, et particulièrement en Afrique, ont montré une hausse de la proportion des femmes chefs de ménage ou des femmes qui, sans être déclarées comme chefs de ménage, prennent en charge les ménages (URD-DGSCN, 2002a ; Folbre, 1991 ; Bruce et Dwyer, 1988). L'effondrement de secteurs entiers de l'emploi, à la suite des programmes d'ajustement structurel, a entraîné une fragilisation des structures familiales. Les hommes, traditionnellement considérés comme les responsables économiques d'une famille, sont de plus en plus nombreux à être exclus de leur sphère de production. Certains recourent à la migration, d'autres deviennent des "assistés" dans leur propre ménage. Ces situations accroissent la probabilité des ruptures d'union et, pour les femmes, celle d'avoir à assumer la charge de leur famille et de leurs enfants (Brandon et Llyod, 1991 ; Tichit, 2002). Les rapports internationaux s'accordent à penser que l'on assiste à une paupérisation des femmes, et notamment des femmes chefs de ménage dans les pays en développement. Plusieurs études (Bock, 1992, UNICEF, 1987) ont montré que les femmes étaient les premières à subir les effets néfastes de la crise en raison de leur responsabilité essentielle dans la survie de la famille. Dans les villes africaines néanmoins, quand on voit la capacité d'initiative des femmes, on peut se demander si ce ne sont pas elles qui résistent mieux aux conditions adverses, d'autant plus qu'elles se sentent fortement investies dans la survie de leurs enfants et déploient d'énormes efforts pour les satisfaire. Il est donc important d'analyser les situations respectives des hommes et des femmes avec des indicateurs de pauvreté ou de paupérisation fiables. C'est ce que se propose de faire cet article en ce qui concerne le logement dans une ville d'Afrique de l'Ouest, Lomé au Togo.

 
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